Célébrons le retour d’un des trios finlandais les plus allumés de l’histoire, et acclamons les pantoufles au pied la venue au monde du premier LP des NAPALM TED, trois faux-frères mais vrais bruitistes aussi barges qu’ils ne sont bruyants. J’avais déjà en son temps souligné l’importance de leur second EP Into a Black Ooze, publié en 2016, mais j’aurais aussi pu accentuer le fait que leurs deux productions de 2017 étaient brillantes et performantes (Fleshbox, Coffin Liquor). C’est donc avec une joie teintée de folie douce que j’aborde le cas de leur premier longue-durée, qui en ces termes, n’exagère pas les choses non plus. Vingt-deux minutes pour un LP, c’est quand même pas le tonneau à boire, même si la musique des olibrius est si extrême qu’elle ne tolère que très rarement les dépassements. Mais autant dire qu’ils sont restés raisonnables sans l’être, puisque neuf morceaux seulement jonchent le sol crado de cette tape distribuée par tous les revendeurs assez inconscients pour la mettre en avant sur leur page officielle. Une belle cassette tirée à soixante-dix exemplaires, au noir et blanc qui peine à cacher la schizophrénie dont sont atteints ses membres, et qui continuent d’ailleurs leur chemin de campagne, en slalomant entre les meules de foin Grind, pour mieux se planquer dans l’étable Death. Du Death Grind, pas très original vous dites-vous ? Détrompez-vous, parce qu’avec ces marsouins-là, rien n’est vraiment banal ni linéaire dans la vie, et surtout la leur.
Alors, est-ce que les trois de la portée (musicale et humaine) ont changé ? Nommément, non, puisqu’on retrouve toujours aux postes-clé Gravy Ted (guitare/growls), Han Ted (batterie/hurlements) et Ted Nugget (basse), qui n’ont pas changé leur carabine à plomb d’épaule. Toujours ce même joyeux crossover entre Death paillard et Grind foutoir, pour plus de vingt minutes de plaisir auditif en forme de lavement des tympans à la gnole. Si les pérégrinations de MACABRE vous ont toujours amusé au plus haut point, et si un mélange entre CARCASS (celui des débuts, un peu Gore), NAPALM DEATH (celui des débuts, un peu beaucoup Grind), ACID BATH (celui des deux seuls albums, frappé) et CARNIVAL IN COAL (celui…enfin bref) vous enchante à rendre votre petit déjeuner sur la queue du chien, alors Mouthful est vraiment fait pour vous. Du Death/Grind d’enfants mal élevés, qu’on laisse jouer sur le parquet avec des os de poulet, et qui voient très tôt la vie comme un gigantesque terrain de jeu où tout est permis. Alors, on commence à apprendre à manier les instruments entre deux coups de pelle au facteur, et on apprend les rudiments, pour tirer de ces satanés engins des sons qui restent encore à portée des humains. Mais l’humour restant la carte maîtresse de ce genre de réalisation, autant comprendre la langue pour mieux en saisir les tenants et aboutissants, même si musicalement les pièces individuelles tiennent debout…comme elles peuvent.
La plupart du temps d’ailleurs, elles tiennent debout parce qu’elles sont petites et girondes, ce qui leur permet d’adopter le mouvement du culbuto. On penche en avant, on penche en arrière, on se secoue très vite et on fait sa prière. C’est ainsi qu’il faut aborder la bonne moitié de l’album, qui de la track 1 à la track 8 ne décolle que très rarement des deux minutes, pour à peine friser les trois. Mais c’est ludique, jouissif, et surtout, bien joué puisqu’on ne tombe jamais dans la gaudriole d’un fun Metal un peu trop porté sur la picole. Mais de toute façon, vous comprendrez l’essentiel dès « Need For Spread », qui de son jeu de mot et de son riff de taureau constitue la meilleure entrée en matière que les NAPALM TED pouvaient nous offrir. Le tout dégénère très vite en jogging de l’enfer à essayer d’échapper au maître de maison et sa chevrotine, et qui tire aussi vite qu’il ne dégaine les riffs Death sur fond de vocalises graves comme l’huile des frites. Les échanges vocaux entre Gravy Ted et Han Ted sont d’une efficacité incroyable et la rythmique reste très performante, entre concassages de double et embardées simples, pour garantir une variété d’écoute brutale, mais viscérale.
De là, on connaît le principe, et il est appliqué avec toujours plus de professionnalisme amateur. C’est souvent décoiffant, parfois bien Crust dans les dents (« A Shitty Dealer », avec une voix pareille, le coq n’a plus qu’à rester couché le matin), parfois agrémenté de samples et d’intro décadentes (« Permanent Horror », feeling Punk pour riffs qui sentent bon l’école anglaise de Birmingham), de temps à autres chaotique et en équilibre (« Lethal Laughter », le genre de truc qui secoue le tracteur, avec soubresauts de rires complètement incongrus en passant les gros pneus sur une poule), mais ça sait aussi se faire plus introspectif, et un poil plus long, histoire de bien terminer la blague. Ainsi, la conclusion « Decoration Of Doom » et ses plus de cinq minutes surprend de son ambiance poisseuse et de son final à la OLD bien space, assez ambitieux dans les faits, mais pas encore assez sérieux nous faire oublier une galéjade de la trempe de « March of The Ducks », qui s’époumone dans le poulailler pour faire valser les canards à la volée. Tout ceci est donc éminemment festif, décoratif (le format tape est assez génial), mais surtout, explosif, et en tant que premier longue-durée, Mouthful tient largement la route, assez en tout cas pour regagner la ferme sans finir dans le fossé. Une sorte de parallèle entre la beauté de l’instant et la laideur du moment, et une façon aussi de contourner les codes de bienséance qui affirment qu’on ne peut pas parler la bouche pleine. Ici, non seulement on parle, mais on hurle aussi. Et on en met partout, évidemment.
Titres de l'album :
1.Need for Spread
2.A Shitty Dealer
3.Permanent Horror
4.A Saviour
5.Lethal Laughter
6.March of the Ducks
7.The Way
8.Eaten by Pigs
9.Decoration of Doom
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