Originaire de Bilbao, ville la plus importante de la communauté autonome du Pays basque et du Nord de la péninsule Ibérique, SINMAS est un groupe dont les origines remontent à l’orée des années 2000 alors que son nom n’était pas encore clairement défini. En effet, le quatuor a d’abord officié sous le patronyme d’EL PERRO VERDE, avant d’opter pour un baptême moins étrange, mais en gardant toutefois cette idée pour sa première démo officielle. Né sur les cendres de plusieurs ensembles locaux (T.F.P., H.K.M., NORAEZEAN et BIOK), SINMAS fait partie de ces groupes qui ont pas mal ramé pour rester en vie, et a dû affronter de nombreux changements de line-up durant sa carrière. Mais fort de quelques longue-durée témoignant de son acharnement, Sinmas (2004), Fieles (2005) et 4 Clavos (2008), le combo s’est accroché aux branches, avant de connaître une nouvelle période transitoire le confinant au silence pendant quelques années. De retour en 2014 avec un nouveau casting et un album surprenant de franchise (Desesperación), la formation pensait sa trajectoire remise sur les rails, avant de devoir ronger son frein jusqu’à pouvoir présenter à son public le nouveau tome de ses aventures. Et c’est donc en 2020 que les musiciens s’en reviennent plus remontés que jamais, renouant avec leur style d’origine, ce Metal aux contours purement Thrash qui respecte la tradition tout en acceptant le métissage qui a fait la renommée du groupe. Muerto por Dentro est donc un nouveau comeback pour les espagnols, qui je l’espère galèreront moins à l’avenir, et se montre très persuasif dans sa démarche, certes classique, mais forte en gueule et en décibels.
Enregistré, produit, mixé et masterisé au Chromaticity Studio, ce cinquième album de SINMAS est donc une affaire solide et très professionnelle. Chanté en espagnol natal, ce nouvel LP est du genre musclé, en convergence de plusieurs optiques, Thrash évidemment, mais ne refusant pas la fluidité du groove de PANTERA (« Corazón Podrido »), la rudesse du Hardcore ibère, et la folie des chœurs du Punk national. Très capables, les musiciens font preuve d’une osmose palpable, et d’un sens de l’à-propos très viril. On s’en rend compte dès le très SEPULTURA post-split « Tierra Quemada » qui cavale d’un bon rythme Hardcore pour mieux imposer un énorme riff Crossover du plus bel effet. Avec un chant rauque, le groupe peut se targuer d’une crédibilité Punk, et l’énergie dispensée par l’ensemble est assez ébouriffante. On note de ci de là quelques répétitions assez symptomatiques du Metal Industriel, mais le tout fait bloc, dispose d’un son énorme qui fait rugir les graves, et il est assez difficile de résister à cette débauche de puissance qui prend immédiatement à la gorge. Bien sûr, pas grand-chose d’original à attendre, mais une conviction sans failles, et un sens de la persuasion très affuté. Très convaincant en terrain lourd, SINMAS lâche de petites bombes faisant pas mal de dégâts, et trouve toujours des ambiances confinées devenant rapidement explosives, à l’image de ce terriblement moite « Juicio Final », aux contretemps accrocheurs et au refrain fédérateur. Semblant unis comme jamais, les musiciens font front pour défendre leur steak, et nous délivrent un message véhément, utilisant la puissance du Thrash pour mettre en relief l’accessibilité d’un Heavy très mélodique. Plus en retrait que leur précédent album en terme de folie, Muerto por Dentro est un concentré de puissance qui semble revenir aux plus jeunes années, et qui ose une fusion en convergence probante.
Ajoutant quelques effets épars à leurs intros, pour mieux nous écraser d’un tempo démoniaque juste après, le groupe utilise toutes les armes à sa disposition, jouant la séduction tribale harmonique pour mieux imposer un mid tempo rageur, toujours appuyé par des couches vocales superposées avec flair (« Bullet Day », illustré d’une lyric vidéo assez sympathique). Morceaux courts, mais truffés d’idées, Muerto por Dentro pourrait bien incarner le sommet d’une approche très personnelle, qui réconcilie la nuance scandinave et la méchanceté sud-américaine des années 90, avec toujours au premier plan ces changements de rythme qui dopent un instrumental clairement solide (« Juego De Tronos »). Ne refusant pas de temps à autres à se réfugier dans le giron d’un Metal plus classique et abordable, SINMAS joue donc la variété, sans perdre de son originalité rythmique, avec un « Entre Las Calles » à l’ambiance Punk mais à la fluidité purement Metal. Le chant en espagnol a ce coulé qui rend les transitions encore plus efficaces, et les harangues plus venimeuses. Toujours prompt à la Fusion la plus globale, le groupe n’est pas contre un assombrissement soudain pour alourdir l’avancée, et « Last Frontier » d’appuyer sur la pression pour claquer un beat pesant encore plus aplati par des multitudes de voix se réunissant dans la protestation. Beaucoup de pertinence donc dans ce nouvel effort qui se plaît à rester honnête tout en adoptant les tics de son époque, et l’empreinte de SEPULTURA est toujours aussi valide en fin de parcours, avec un claquant « Gato Negro ». Basse brillante, guitares qui s’activent sans relâche, recherche de bifurcations pour provoquer la variété, ce nouvel LP est un exemple de stabilité dans le louvoiement, et un mid tempo aussi teigneux que « Turno Nocturno » est une petite pépite simple et directe. En quarante-cinq minutes, les espagnols prennent leur revanche sur le destin, et il est certain que ce nouvel effort mérite plus qu’un simple succès d’estime. Certes, tout n’est pas réussi, et certaines approches sonnent encore un peu trop populistes (« Oyes Voces »), mais avec un final comme « Muerto Por Dentro », Muerto por Dentro nous laisse sur une excellente impression.
Un album et un groupe à découvrir, qui sans bousculer l’ordre établi se font une petite place dans l’actualité, sans jouer la nostalgie ou l’avant-gardisme.
Titres de l’album :
01. Tierra Quemada
02. Juicio Final
03. Un Día Más
04. Corazón Podrido
05. Bullet Day
06. Juego De Tronos
07. Entre Las Calles
08. Last Frontier
09. Gato Negro
10. Turno Nocturno
11. Oyes Voces
12. Muerto Por Dentro
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15