Deux périodes d’activité bien distinctes pour ce groupe d’Hayange, avec un début de carrière assez tonitruant. Fondé en 1997 et actif durant quatre ans, R.I.P. aura imposé sa griffe sur l’underground français en publiant pas moins de cinq démos successives entre 1998 et 2001, avant de rendre les armes et de se mettre en hibernation pendant 20 ans. Les proches et connaisseurs se souviendront donc de Who Pays, Rest in Pain, ou encore de l’éponyme R.I.P, et se poseront donc la question inévitable de ce premier album qui n’a jamais vu le jour en temps et en heure.
Ce premier album est là, certes un peu à la bourre niveau timing, mais il a le mérite d’exister. Aux commandes, deux membres originaux, Rolf (guitare/chant, programmation) et Toni (basse), qui nous proposent donc un répertoire mis à jour, et une certaine vision d’un Thrash diffus, à la limite des émanations suisses en la matière, mais sans les ambitions techniques. Quelque chose d’un peu bizarre, original pour le moins, de bancal sur les côtés, mais qui permet quand même d’apprécier une optique personnelle.
Nostalgique sans être vraiment old-school, Music For The Unholy est effectivement une sorte de blasphème envers les constructions Thrash habituelles, une sorte de cri viscéral étouffé par les années, et assez loin de cette description sommaire de Death/Thrash que le web accole au groupe. S’il est évidemment question de Thrash ici, il est joué de façon plutôt Heavy, avec quelques pointes de Hardcore pas désagréables du tout. Le Death n’est pas à chercher du côté de la violence, mais bien de ces riffs caractéristiques qui tergiversent entre Heavy vraiment corsé et tourbillons mélodiques typiques.
Le tout laisse une impression étrange, spécialement lors de l’écoute des premiers titres drivés par un mid tempo assez inhabituel. Si le son de la programmation peut gêner, si le chant geignard peut troubler, l’instrumental se charge de réparer les quelques fuites qui risquent d’immerger le navire. On se laisse alors emporter par cette singularité qui fait sonner la musique comme un brouillon assez fertile, en mode démo professionnelle.
Pas vraiment aguicheur, assez hermétique, ce premier album est une sorte de version alternative du Thrash/Death des années 90, un peu gauche, encore un peu amateur, mais doté de qualités indéniables. On prendra note de l’efficience plus immédiate de « Bag Of Spider », et du côté un peu MASSACRA/MINISTRY à l’économie de « Satan Generation ». Loin des canons obligatoires des genres abordés, R.I.P. brouille les pistes, mélange les genres pour donner naissance au sien, encore un peu handicapé par un manque de moyens. Ce qui n’empêchent pas les soli d’être souvent pertinents, et les gimmicks accrocheurs dans leur parcimonie de son. Quelques ambiances plus classiques viennent parfois rapprocher l’album d’une œuvre plus formelle (« Son Of The Lie »), mais il est évident que nous sommes très loin d’un produit vintage manufacturé à la va-vite pour s‘imposer sur un marché déjà saturé.
N’espérez donc pas tomber sur un ersatz de KREATOR ou SLAYER, puisque le duo en rappelle d’autres, mais aussi une époque révolue dans les nineties durant laquelle le Metal se travestissait en Indus ou en groove pour rester à flots. On peut rester de marbre face à cet amateurisme flagrant, mais on peut aussi craquer pour « Rape In Heaven », ultraviolent à souhait, ou pour cette basse troublante et ces mélodies amères sur « Read Between The Lies ».
R.I.P. ne fera certes pas l’unanimité, beaucoup seront rebutés par ce chant bizarre et étouffé par le mix, mais entre un jeu de guitare habile et une volonté de se démarquer du reste de la production, Music For The Unholy reste un blasphème raisonnable qui permet enfin à des musiciens de proposer autre chose que des démos distribuées sous le manteau.
Titres de l’album :
01. Rest In Pain
02. Domination Of An Evil And Fatal Force
03. Malice Possession
04. Jesus Bastard
05. Bag Of Spider
06. Satan Generation
07. Son Of The Lie
08. Rape In Heaven
09. Read Between The Lies
10. Plague For Mediocrity
Merci pour la chro
C'est un beau geste pour ces deux artistes que de proposer leur album en téléchargement gratuit sur Bandcamp
Ca me rappelle le bon vieux Thrash/Death français des années 90 et les riffs sont super bons, même si bien marqués par leur époque.
La batterie programmée n'est pas gênante et la prod' savoureusement old school.
Belle surprise !
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30