« C’est marrant ton truc…Mais pourquoi t’écoutes NAPALM et THE BERZERKER en même temps ? Ah non laisse tomber, c’est le dernier MORBID ANGEL ?? »
(Silence de mort. Face à la cuistrerie et le sarcasme, l’indifférence est la meilleure arme.)
Bon, après tout, en partant du principe que personne n’est omniscient, je ne peux guère en vouloir à ce quidam de jouer l’amalgame et l’ironie facile. Pourtant, je pourrais lui reprocher de n’être guère plus érudit musicalement qu’un fan lambda de Katy Perry perdu dans les limbes de l’underground. Mais honnêtement, existe-t-il encore des fans d’extrême qui ne connaissent pas MUTATION ?
Nous sommes d’accord. Mais jouons quand même les pédagogues au cas où.
Pour les néophytes, le projet est né du cerveau fécond mais un peu dérangé de Ginger, des WILDHEARTS, qui depuis quelques années multiplie les projets annexes, à la grande satisfaction des flingués Noisy en tous genres. Avec à ses côtés des figures de légende (et de sales hyperactifs par la même occasion) de la trempe de Shane « everywhere i can » Embury, Ginger a eu de quoi s’occuper niveau bruit et Indus ambiant, mais admettons quand même que le troisième volet des aventures de sa créature ignoblement bruitiste a des allures de symphonie de l’outrance, et de compétition de débauche orgiaque gagnée d’avance.
Pour l’occasion, Ginger s’est encore entouré de beau monde, à commencer par Scott Lee Andrews (EXIT INTERNATIONAL et JAW OF DEATH) qui a co-écrit l’album avec lui. Les deux se sont probablement entendus comme larrons en foire, et concédons que la leur attire les curieux à dix bornes à la ronde.
Mais accrochez votre ceinture sur la grande roue, car les deux associés ont convié de grosses légumes à la fête.
On retrouve au casting de ce Mutation III – Dark Black une pléiade de molosses, genre générique hollywoodien pour vous en mettre plein les oreilles. S’y disputent les tickets boisson Phil Campbell (MOTORHEAD), Jon Poole (CARDIACS), Givvi Flynn (THE DOWNING POOLE, THE WILDHEARTS) et cerise sur la tarte à la crème, l’intra-terrestre Devin Townsend (lui-même et plein d’autres trucs) qui passez-moi l’expression, ne sont pas venus jouer pour jouer au ballon.
Tous leurs featuring sont d’importance, mais soyons réaliste et admettons après écoute que la présence du père de Ziltoïd n’est pas due au hasard. Si l’expérience extrême n’est pas réservée à Devin et son jouet stratosphérique urbain STRAPPING YOUNG LAD, force est de reconnaître que les points communs reliant Mutation III – Dark Black au pavé d’intensité City forment une belle constellation en forme de barrage ininterrompu de supers nova en train d’agoniser.
Du bruit donc, pas mal de fureur, pour un LP qui se veut trait d’union entre le passé et l’avenir, et qui culmine à des hauteurs de violence qui donnent le vertige. Mais visiblement, c’est encore la tête pensante Ginger qui résume le mieux l’affaire.
« Je voulais combattre les problème mentaux de façon sonore ». C’est réussi.
Mais comme le concept global tourne autour de la dépression, la constatation suivante est aussi pertinente.
« C’est un gros nuage gris qui plane au-dessus de toi et qui obscurcit toutes tes pensées positives ».
Comme vous le constatez, l’heure n’est ni à la joie de vivre, ni au repli sur soi. Elle est plutôt focalisée sur une forme très pure de colère, celle qui mène éventuellement à une catharsis, à compter que l’on triomphe de sa Némésis. Et celle(s) de Mutation III – Dark Black, ce sont les ténèbres, intérieures, externes, mais surtout sensorielles. Et dans le genre thérapie par la douleur, ce troisième pamphlet se pose là.
Une grosse demi-heure pour une douzaine de tronçons stridents et assourdissants, c’est rapide, très, mais surtout, très intense. Si les deux premiers volumes du projet MUTATION valaient leur pesant de démons bruitistes s’extirpant de cerveaux malades, le troisième ressemble à un exorcisme version longue durée qui commence par un jet de bile verdâtre et qui se termine dans une apothéose de lévitation et de blasphèmes. En offrant une combinaison fatale entre ATARI TEENAGE RIOT, STRAPPING YOUNG LAD, MEATHOOK SEED et MORBID ANGEL (version mi Technoïde/Mi Death Metal), Ginger et Scott nous font tourner en bourrique autour des murs et du plafond d’une pièce sombre qui pourrait bien incarner leur propre psyché déviante et schizoïde.
Résultat, leurs hurlements et dissonances s’apparentent à un Reign In Blood Electro-Death-Indus-Noise pour accros à la méthamphétamine musicale qui rend malade et fait très mal.
Et si en plus, vous vous accordez autour d’une touche finale de MINISTRY vraiment mal dans sa peau blanchâtre (« Toxins (Caravan Tapes) », plus vrai que nature), alors vous admettrez comme moi que l’agonie des sens à vraiment du bon, même si on y laisse une grosse partie de son équilibre psychologique et nerveux.
En mettant de côté l’intro/avertissement « «… » », d’« Authenticity » à « Victim (Caravan Tapes) », le carnage est intégral, et nous donne des palpitations, comme lors d’une rave suburbaine qui tourne mal pour cause de came pas testée en laboratoire. L’attaque est frontale, ne connaît aucune faiblesse ni baisse de régime, et vous endommage de façon irréversible les tympans, histoire de vous rendre sourd en plus d’aveugle à toute forme d’espoir.
L’association entre Ginger et Scott Le Andrews tourne comme une usine de cauchemar, et relègue la concurrence Noisy à des années lumières Pop, un peu comme si un Devin en pleine crise de colère régressive se frittait avec le fantôme des SKINNY PUPPY venu frapper ses chaînes un peu trop près des haut-parleurs de son enfance.
Et comme les morceaux ont été pensés en toute logique de continuité, l’opéra suit ses actes comme le patient sa thérapie, sans pour autant refuser toute forme de variation (« Devolution », qui ne doit rien à DEVO, mais qui pilonne bien lourd dans un créneau Death Indus à la MEATHOOK SEED vraiment distordu et malsain).
Certains portent carrément bien leur nom (« Hate », ou l’anti hymne à l’amour revu et corrigé perfide Albion), et d’autres flirtent avec les barrières de la non musicalité la plus assumée (« Dogs », chien teigneux et enragé, qui alterne les aboiements technoïdes et les riffs en coups de pattes Rock sur fond de vaccin antirabique Noise Indus, blasts/jappements offerts par le vétérinaire).
(Silence de mort. Face à l’effronterie et le sadisme, la peur est la seule arme de défense)
MUTATION reste donc la créature hideuse que l’on a toujours connue, mais mute, comme affectée par un virus T dans un Raccoon City de l’absurde, ravagé par des guerres intestines. Et Mutation III – Dark Black est la bande son de ses dérives nocturnes à la recherche de victimes potentielles, encore assez inconscientes pour se plonger dans le noir le plus total.
Un disque/humanoïde passé dans le programme Némésis, et jeté hors d’un asile de fous surpeuplé. Engendré par la peur et qui par extension, la suscite. Merci Ginger et Scott de nous ramener à votre réalité. Bruyante, assommante, mais tellement proche de la nôtre.
Titres de l'album:
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