Ne déprimez plus, voici une bonne raison de vous réjouir. Et une fois n’est pas coutume, le salut ne vient ni d’Allemagne, ni d’Amérique, ni des pays de l’est, mais bien de Belgique avec le (presque) retour des héros nationaux d’AGATHOCLES, ceux qui font pendre une épée de Damoclès Grind au-dessus de vos têtes. Je parlais de presque retour, puisque ce nouvel album n’en est pas un, mais une nouvelle compilation à rajouter à la discographie pléthorique du combo de Geel. Les Zappa du Grind s’en reviennent donc par la petite porte du résumé, après avoir sorti la bagatelle de vingt-deux produits en 2020, ce qui en fait les dignes adversaires de BUCKETHEAD. Un rapide coup d’œil à leur œuvre sur The Metal Archives laisse pantois, et si on sait que les producteurs régionaux de Grind ne sont pas les moins productifs, le débit des belges laisse quand même tympan bée. Mais nous ne sommes pas ici pour livrer une analyse exhaustive de leur parcours, ni pour disséquer les splits, live, et samplers qu’ils ont eu la générosité de nous offrir cette année, mais bien de braquer les projecteurs sur Mutilated Regurgitator, concentré de Mincecore offert par le label d’esthètes Nuclear War Now. Et cette énième compilation, loin d’être un recensement anonyme nous propose de replonger dans les années de jeunesse de la formation, lorsqu’elle incarnait l’avant-garde de la violence extrême de Belgique. C’est donc aux années 1987/1990 que cet album fait référence, avec une sortie vinyle du plus bel effet, décomposé en deux faces et cinq mouvements plus ou moins amples. Nous retrouvons donc le son sec des racines d’AGATHOCLES, celui encore très proche des exactions anglaises, et nier que ces enregistrements sont une source de bonheur pur serait d’une mauvaise foi impardonnable.
Je parlais de cinq mouvements, à reculons ou presque, puisque si Mutilated Regurgitator commence son compte à rebours en 1990 pour l’achever en 1987 (un seul titre toutefois de cette année-là, où je blastais pour la première fois), les cases 1988 et 1989 sont parfois inversées. Le tracklisting généreux de vingt-six morceaux en propose donc quatre enregistrés aux Nightingale Studios de Berchem le 10/02/90, huit enregistrés aux Nightingale Studios de Berchem itou le 14/08/89, douze enregistrés aux Fnaff Studios de Dessel le 21/05/88, un enregistré à Mol en décembre 1989 et un dernier au même endroit, mais durant l’été 1987. Soit une vue assez complète des quatre premières années d’existence de ce groupe unique et emblématique, et une méchante dose de Grind complètement pas édulcorée, à donner les joues rouges à Mick Harris et Bill Steer. Le son, assez fluctuant est évidemment plus rond et grave sur les pistes de 1990, mais la perte de dynamique progressive n’est pas gênante pour ce genre de produit, et donne la sensation de redécouvrir des inédits en tape comme si on les avait reçus par la poste à l’époque. Pour le reste, et le plus important, la musique, pas de surprise, AGATHOCLES n’a pas débuté sa carrière comme PANTERA en jouant du Hard à tendance Glam, et le Grind est roi de bout en bout, avec des pics d’intensité rappelant le Scum de NAPALM DEATH ou des moments plus Mince nous ramenant à la gloire des pionniers de REPULSION. C’est carré, méchant, poilu, ça bave de tous les côtés, mais loin d’être une entrée de plus dans la galerie conséquente des belges, Mutilated Regurgitator est un trip nostalgique de premier choix, et surtout, la preuve que les belges sont les rois incontestés du genre en Europe, à la même hauteur que toute la vague anglaise d’Anarcho-Punk ayant dégénéré sous l’œil amusé de Dig d’Earache.
Le trio rigolo se fend même de titres que le CEO anglais aurait trouvés imparables, à l’image furieuse de « The Fog », qui sonne comme un leftover de ND époque Justin/Mick/Nick. De là, inutile de gloser pendant des heures, de toutes façons vous savez bien à quoi ressemble le bordel du groupe depuis ses débuts, et sinon, je ne peux plus rien faire pour vous. Acceptez juste le fait que « Busted » est littéralement inaudible, que « Vrouwen Beslist » et ses quatre secondes pourrait éventuellement servir d’arme de destruction massive pendant quatre secondes, que le hit « Mutilated Regurgitator » est une boucherie digne de Lee Dorian, et que le tout s’avale comme un ragoût préparé par maman dans lequel le chien aura laissé traîner quelques poils. Une compilation qui tombe à pic pour nous sortir de notre léthargie, en attendant le vingt-cinquième split de 2020 des belges. On n’est pas prêt de les calmer, et c’est tant mieux, puisqu’ils sont plus qu’un simple groupe. Une institution bruitiste, une légende assourdissante, et surtout, les garants du politiquement correct Grind, et des défenseurs de la cause animale depuis leurs débuts. Et cette pochette est aussi là pour nous rappeler que le massacre continue, spécialement cette année et le passage d’une loi vous autorisant à vendre votre animal de compagnie à un laboratoire. Fuck them all !!!
Titres de l’album :
01.Well of Happiness
02.Judged by Appearance
03.Lay Off Me
04.Solitary Minded
05.Threshold to Senility
06.Consuming Endoderme Pus
07.Splattered Brains
08.Forced Pollutions
09.The Accident
10.Mutilated Regurgitator
11.Playing with Lives
12.Trust? Not Me!
13.Lay Off Me
14.Playing with Lives
15.Majesty of Fools
16.Purified by Death
17.Forced Pollutions
18.The Fog
19.Squeeze Anton
20.Christianity Means Tyranny
21.The Accident
22.Introtyl
23.Teachers
24.Mutilated Regurgitator
25.Busted
26.Vrouwen Beslist
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