C’est sûr que lorsqu’on s’appelle NEKKROFUKK avec quatre « k », on ne vise pas forcément la même note dans Kerrang. Et il est encore plus certain que le magnifique Lord K ne s’attend pas un jour à voir la presse spécialisée à ses pieds pour honorer son travail. Mais l’homme, malgré son attachement certain à l’underground, fait des efforts qui méritent d’être soulignés. D’une, parce qu’il a raccourci ses titres d’albums, laissant le fameux Antikkrist Venomous Uteroplacental Injekktor of Goat Semen & Mephistophallus Thermonukklear Messiah Violation sorti il y a deux ans trôner sur la première place du podium des albums aux intitulés les plus longs et ridicules. Ensuite, parce qu’il a consenti non à adoucir sa musique, mais à la rendre plus acceptable aux masses grouillantes des enfers bruitistes. Certes, le musicien prône toujours des valeurs de stupre dans le sadisme, et d’oppression manifeste, mais sa musique en 2021 à ce petit côté catchy qui la rend plus supportable, voire même…entraînante. Quatrième album donc pour cette créature, qui n’est que l’un des nombreux enfants légitimes de son auteur, qui s’épanche année après année dans des projets toujours plus cryptiques, mais aussi extrêmes les uns que les autres. Si vous connaissez le polonais, alors vous connaissez aussi ses projets DEATHEPOCH, DEATHVASSTATOR, DISMEMBERED FLESH MUTILATION, GOATHRONE, et SACRIFICULUS. Piotr Jeziorski a donc de la ressource, et à l’image d’un Rogga Johansson, ne peut se contenter d’un seul vecteur artistique pour s’exprimer. Mais admettons que NEKKROFUKK et ses quatre « k » fasse partie des plus tolérables.
D’un Death Doom vraiment poisseux et sombre, NEKKROFUKK est passé à un Death Doom Ambient vraiment poisseux et sombre, mais moins. Tout du moins, c’est ce que laisse entendre son label polonais lui aussi, qui met en valeur ce désir de se montrer moins rebutant pour la moyenne des amateurs de sonorités noires. Et loin d’un argument promotionnel, cette assertion s’avère en partie vraie lorsqu’on tend l’oreille sur « Summoning of Azrael », le premier vrai morceau de cette quatrième livraison. Les riffs sont certes toujours aussi pesants, la voix de Lord K toujours aussi grave et rauque, l’ambiance processionnelle, mais quelque chose de plus positif se dégage de ce maelstrom de sons plombés qui permet au cerveau de ne pas considérer l’œuvre comme une attaque personnelle.
Bien évidemment - et que les fans se rassurent - la musique présentée sur Mysterious Rituals in the Abyss of Sabbath & Eternal Celebration of the Blakk Goat (et ses deux « k » seulement) n’est pas du tout-venant pour les fans de MORTICIAN ou GNAW THEIR TONGUES. Les pistes sont longues, mais l’album a raison gardée en s’abstenant de jouer les prolongations au-delà des quarante minutes. Et si l’insistance dans le glauque est toujours l’argument massue du musicien, il parvient cette fois-ci à nous tirer vers le haut et non le bas, en agrémentant sa lancinance de mélodies presque mémorisables. Loin du pilonnage macabre et ininterrompu d’un ENCOFFINATION, NEKKROFUKK fuck certes, mais fuck avec de la vaseline pour ne pas laisser le trou de balle des oreilles ensanglantés. Et on apprécie cette délicatesse.
L’Ambient se tire donc la part du lion sur cette réalisation, comme le prouve « Kkursed Gathering on Sabbath » et ses deux « k ». Lent, hypnotique, ce morceau met en exergue la nouvelle philosophie de l’artiste, qui sans réelle concession abandonne ses vieux tics repoussants pour coiffer sa mèche et réajuster son corpsepaint. Le tout est donc largement supportable, et bien loin des pires exactions/exagérations du genre. Presque Heavy Metal poisseux par moments, ce quatrième album se laisse donc écouter sans déplaisir, et confortera les amateurs de Death/Doom que leur style de prédilection peut encore être joué avec intelligence et passion, et non excès et déraison. Les sons de tocsin, les litanies vocales, la basse faisant doublon, la batterie monolithique, tout est là pour étancher cette soif de torpeur, mais une fois n’est pas coutume, la production, la construction, la composition et les arrangements sont soignés.
Ce qui pour certains passera pour de la compromission, voire de la trahison, sera interprété par d’autres comme une volonté de faire mieux et plus simple. Lord K n’a pas trempé son vin de fesse dans l’eau de messe, mais a simplement décidé de rendre son art moins improbable, et plus musical dans l’horreur. Du coup, ses lignes de chant se détachent plus et sonnent encore plus sentencieuses, et sa guitare ne sert plus de prétexte à des thèmes éculés et faussement horrifiques.
Nous n’échappons évidemment pas aux cris de femme ou de bébé d’ailleurs, aux percussions en jugement dernier, aux cassures soudainement flippantes, mais le tout est relativement bien construit, et peut servir de bande son à vos cauchemars les moins traumatiques. Entre found footage futé, gothique sombre et dépareillé, messe noire du week-end avec sodomie de porcins qui n’ont rien demandé sur fond d’orgue à la Anton LaVey (« Spiewajac Psalmy Smierci »), Mysterious Rituals in the Abyss of Sabbath & Eternal Celebration of the Blakk Goat reste un travail intéressant, et la preuve que ce cher Piotr n’est pas qu’une brute avide d’acouphènes et autres afflictions auditives sévères. Prévoir quand même du gel hydro-alcoolique, au cas où ce truc transmette le COVID de l’âme.
Titres de l’album:
01. The Great Beast Speaks
02. Summoning of Azrael
03. Kkursed Gathering on Sabbath
04. Devil's Blood Injekktion
05. Spiewajac Psalmy Smierci
06. Vlci Zena
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30