Un one-man-band de plus à ajouter à la longue liste des musiciens misanthropiques qui travaillent dans leur antre sans aucune aide extérieure. Un musicien français qui plus est, qui avec son premier album nous offre un point de vue très personnel sur la jonction temporelle entre les sacro-saintes 90’s et notre époque plus contemporaine.
Premier LP, et signature sur I, Voidhanger, qui n’ont pas pour coutume de faire confiance à n’importe qui, tout ça sentait très bon avant même d’avoir entendu une seule note. Et au vu de la durée du LP en question, on se doutait que les notes allaient être nombreuses…ESOCTRILIHUM est donc un nouvel exemple d’ambition musicale avouée et assumée, et nous offre avec Mystic Echo From A Funeral Dimension un écho musical provenant d’une faille temporelle dans laquelle il se promène à loisir. Mélangeant les influences d’un Black presque symphonique et d’un raw Black mélodique puisant son inspiration dans les dogmes des grands anciens, l’homme venant de nulle part tricote des thèmes longs et parfois complexes pour nous envouter et nous emprisonner dans son monde parallèle, monde de nuit éternelle, sous une lune morbide et romantique.
« Chaque chanson est une clé mystique qui ouvre les portes d’autres mondes de ténèbres, habités par des esprits élémentaires et d’anciens dieux cruels. ESOCTRILIHUM explore les terres obscures délimitant le rêve et la mort, pour dévoiler les secrets éternels qui lient la nature et l’homme ».
C’est ainsi que le célèbre label italien propulse sur le devant de la scène ce nouveau-venu, qui selon ses photos promo a renoncé à tout le barnum habituel du BM pour apparaître comme l’homme qu’il est. Difficile d’aller plus loin que son pseudo (Asthâghul), puisqu’aucune information ne filtre sur la toile, ajoutant un épais voile de mystère à une musique déjà relativement opaque.
Mais sous une pochette au logo inextricable flanquée d’une peinture de Luciana Nedelea, se cache un album fascinant, qui se noie dans l’écho et la réverb’, et qui s’articule autour d’une poignée de très longues compositions, toutes tournant autour de neuf minutes de digressions.
Digressions parfois presque inamovibles, mais la plupart du temps axées sur un nombre conséquent d’idées, qui mélangent la brutalité crue et blafarde de la scène nordique des mid 90’s, à l’expérimental mélodique de la décennie suivante. On peut penser à de nombreuses références à l’écoute, de DISSECTION à EMPEROR, en passant par EVILFEAST, VINTERRIKET, LUNAR AURORA, MIDNIGHT ODYSSEY ou MARE COGNITUM (pour lesquels Luciana Nedelea a déjà travaillé d’ailleurs…), mais il faut reconnaître qu’Asthâghul a réussi à développer un style très personnel, qui dessine musicalement les contours d’un univers parallèle, entre onirisme et nihilisme, réalité et fantasme.
Concrètement, que propose donc ce LP introductif qui semble mélanger les genres pour aboutir à l’émergence d’un courant plus personnel ?
Des guitares qui naviguent entre l’abrasif des attaques initiales du style, mais aussi l’évanescence du Post Metal le plus épuré, qui toutefois ne prend jamais le pas sur l’agressivité, et ne sert que de contrepoint harmonique à la violence globale. On en trouve d’ailleurs trace dès les premières secondes de « Ancient Ceremony From Astral Land », qui entame son périple comme le ferait un ALCEST plus brut, avant qu’un déluge de violence ne nous assaille de son riff tournoyant, de ses blasts aplatissants, et de son chant rappelant les incantations de Quorthon les soirs de pleine lune. Les thèmes sont obscurs, mais illuminés d’une ouverture nocturne baignant dans un halo de mystère, et la construction évolutive rapprocherait même ESOCTRILIHUM d’une forme très abstraite de BM progressif, qui ne tomberait jamais dans les excès.
Et entre les parties les plus tempétueuses et les breaks presque désincarnés, le voyage dans les méandres de la solitude et des origines de l’homme et de la nature prend des airs d’introspection initiatique, impression que le musicien renforce par l’adjonction de claviers étranges qui se battent contre des percussions incantatoires et des vocaux qui ne le sont pas moins.
D’une antinomie gravité/onirisme fascinant, ce premier album à toutes les armes pour séduire les fans d’un BM qui se refuse à tomber dans le piège de la facilité, ou de la luxuriance à outrance. Et bien que chacune des pistes, à une exception près, passe la barre impressionnante des neuf minutes, chaque seconde est justifiée et apporte sa modeste pierre à l’édifice. Cet édifice pourrait se concevoir comme mausolée des espoirs perdus, un mausolée isolé dans une plaine perdue, que seuls ceux qui osent faire face aux Dieux anciens peuvent pénétrer.
« Following The Mystical Light Of The Shadow Forest (Final Path To Death) » pourrait d’ailleurs incarner ce voyage aux confins des mondes, avec ses longues litanies de guitares acides, et ses arrangements vocaux grondants en arrière-plan.
ESOCTRILIHUM/ Asthâghul ose l’interlude harmonique, avant de plonger de plus belle dans le dédale de son univers multiple, dédale dissimulant des menaces plurielles, dont chaque personnalité incarne une des facettes du Metal le plus extrême. On retrouve cette galerie de caractères dans l’effrayant « Infernus Spiritas » qui semble exagérer tous les aspects les plus sombres d’un BM presque Noisy, qui n’oublie toutefois pas les habituelles cassures en arpèges censées nous rassurer. On peut alors penser à une version encore plus hideuse du MAYHEM le plus laid, qui aura perdu sa foi dans les couloirs de l’âme d’EVILFEAST…Et le tableau est assez difficile à écouter.
Mais détailler chaque piste de ce premier album en gâcherait la teneur originale, et je ne saurais vous priver de la surprise qu’il représente. Tous les titres jouissant d’une inspiration indéniable, que les longues minutes ne semblent pouvoir tarir, et de son introduction à sa conclusion, se montre captivant de bout en bout. La production, parfaitement adapté au propos « hors du temps », se veut volontairement décalée, et loin des standards canoniques du BM symphonique emphatique, ou du lo-fi acide. Elle se situerait même entre les deux, dans une norme unique que l’on n’a pas pu entendre depuis très longtemps, et épouse les contours d’une musique mystérieuse, qui ne dévoile son propos que par petites touches.
Oubliez donc la crudité de la réalité pour vous plonger dans une nuit noire, qui vous perdra entre le rêve et votre propre vie, que vous avez peut-être imaginée jusqu’à lors.
Titres de l'album:
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