Troisième album déjà pour les chiliens d’ABERRACION, et confirmation d’un potentiel que l’on sentait déjà patent sur leurs deux premières réalisations. Pour ceux ignorant encore ce nom, sachez que ce groupe de pur Heavy Speed nous en vient de Macul, et qu’il existe depuis six ans maintenant, se permettant le luxe de rester indépendant tout en multipliant les sorties et les concerts depuis sa création. Déjà donc deux longue-durée à se mettre sous la dent, Sangre Por Sangre en 2015 et Sentencia en 2017, et c’est donc sur un rythme métronomique d’un LP tous les deux ans que ces musiciens continuent de nous abreuver, puisque ce Nadie Esta Libre est disponible sur de nombreuses plateformes légales depuis le mois de janvier. Toujours axé en formation quatuor (Ignacio Norambuena - guitare/chant, Andrés Espinosa - guitare, Ronnie Rebolledo - batterie et Marco Bravo - basse), ABERRACION ne joue pas la surprise avec ces neuf nouveaux titres qui restent ancrés dans une nostalgie très prononcée, et qui restent fixés sur des obsessions de puissance mélodique. Des riffs jusqu’à plus soif, une section rythmique performante, mais surtout, un respect des aînés et une fougue damnée, pour un bal qui a de vrais airs de balade sur les quais de la mémoire, nationale évidemment, mais aussi internationale, avec des petits arrêts fréquemment marqués dans les capitales européennes, notamment en Allemagne et en Espagne, mais aussi en France, comme le démontrent quelques titres fortement connotés de notre propre vague de Speed mélodique. On trouve donc toujours un peu de tout dans cette auberge chilienne, qui non contente d’accueillir les metalleux voyageurs avec le sourire leur dresse une table riche, sans trop rien demander en retour. Un plaisir qu’il ne faut surtout pas bouder, même si l’on en connaît déjà les effets depuis une trentaine d’années et l’émergence de cette NWOBHM qui nous avait secoués sur nos bases.
Et de fait, ABERRACION est l’archétype même du groupe dont il est inutile de parler, sinon pour signaler une sortie et leur faire un peu de pub. Leur musique est toujours la même, se professionnalise avec le temps, mais en respectant les mêmes principes de rattrapage de temps, se fondant sur l’opposition entre une rythmique rapide et des riffs hautement mélodiques, le même genre de décalage qu’on retrouvait chez les HELLOWEEN, CROSSFIRE, mais aussi chez nos ADX nationaux, ce que le premier véritable morceau révèle de sa fougue. Car passée l’intro de rigueur, on plonge direct dans le bain de fureur, via « Lamentos » qui ne fait pas de quartier, mais qui ne laisse pas non plus les trottoirs ensanglantés. Rien de particulièrement neuf à souligner, si ce ne sont des compétences qui s’affirment, et un tempo toujours aussi partagé entre envolées Speed et martèlement Heavy, pour un troisième chapitre qui nous la joue courte et qui s’arrête une fois la demi-heure passée. Pas de quoi craindre une redite ou du bavardage inutile, même si les plans se répercutent chez les chiliens d’album en album et de morceau en morceau. Mais avouons quand même que le quatuor se place dans une très bonne moyenne de groupes old-school, genre qui décidément ne connaît aucune baisse de régime niveau production, et qui de mois en année truste la pole position des créneaux les plus occupés. Nous l’avons déjà dit, aucun mal à ça, puisque les amateurs de sensations passées sont toujours aussi nombreux, et qu’ils seront certainement ravis du menu proposé par Nadie Esta Libre. Personne n’est libre, et tout le monde est enchaîné à son propre passé, tel est le message que ce troisième LP souhaite faire passer, et il le fait bien, même si on aurait encore une fois aimé plus de distanciation, et des citations moins évidentes dans la forme et le fond.
Mais doté d’un très bon son, sec mais pas trop passéiste, ce concentré de rage harmonique est très plaisant à écouter, même si on a souvent le sentiment d’avoir les oreilles posées sur un groupe lambda, de ceux dont je vous rebats les mirettes à longueur de chroniques. Ceci étant dit, difficile de résister à des charges aussi intenses que le title-track, qui joue la saccade à outrance, et qui nous ramène aux meilleures heures de SCANNER et de la vague teutonne de Speed qui détonne. C’est d’ailleurs ce côté-là qu’on apprécie le plus chez les chiliens, qui ne se montrent pas forcément inspirés en terrain lourd, et qui proposent des choses un peu trop figées comme le lourd et emphatique « No se si es Verdad » qui singe plus volontiers les tics les plus irritants de RUNNING WILD et GRAVE DIGGER. Mais heureusement pour nous et pour eux, ces instants-là sont rares, et c’est l’énergie qui emporte les suffrages, même lorsqu’elle prend la forme de syncopes à la MAIDEN le temps d’une intro, avant de dégénérer en carnage Speed lorsqu’augmente le tempo (« Devoción »). Pas grand-chose à leur reprocher donc, si ce n’est une indéniable stagnation stylistique, qui à terme risque de les enfermer dans un créneau bien particulier. Mais comme ils en maîtrisent les codes à la perfection, inutile de s’en plaindre puisqu’on sait très bien ce qu’on vient chercher chez eux, et de riffs qui virevoltent en tierces qui connotent, le résultat est à la hauteur des exigences (« Sobrepasar »). Ils ont en outre le mérite de ne pas s’éterniser, et de nous laisser en route quelques intermèdes plus posés, comme cet instrumental qui vient aérer la moiteur ambiante de sa délicatesse de cordes. Le tout est très classique, presque trop par moments, mais permet de retrouver l’impulsion du Speed des origines, le tout agrémenté de mélodies typiquement sud-américaines et latines, pour un ballet étourdissant qui s’il ne laisse pas sur le séant, nous permet de headbanguer céans. Rendez-vous donc dans deux ans pour le quatrième tome de la saga, très appréciée du public national, et qui donne toujours lieu à des concerts impeccables et furieux.
Titres de l’album :
1.Intro
2.Lamentos
3.Decepción
4.No se si es verdad
5.Cegado
6.La intriga (Instrumental acústico)
7.Nadie está libre
8.Devoción
9.Sobrepasar
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