L’histoire des DARK PHANTOM trouve son origine en l’année 2007, celle de leur formation. Et au mois de décembre dernier, nous pouvions juger de leur potentiel sur leur premier LP Nation of Dogs, distribué par Symbol Of Domination Productions via Satanath Records.
Entre temps ?
Parce qu’après un rapide calcul, 2007/2016, tout ça nous donne neuf longues années pendant lesquelles il a bien dû se passer un peu plus qu’une simple mise en jambes, quelques concerts et un processus de composition et d’enregistrement…
Tout ça paraît très long, mais le parcours de ce quintette (Mir – chant, Murad & Rebeen – guitares, Mahmood – batterie et Sermet – basse) est pour le moins atypique, et ce, pour une raison bien particulière…
Ces cinq amis/musiciens viennent en effet d’Iraq, de Kirkuk plus exactement, et vous n’êtes pas sans savoir que faire de la musique dans cette région du monde relève plus d’un acte de rébellion que d’un simple passe-temps ou d’une passion. Dans une zone géographique dominée par les exactions d’Al Quaeda, le simple fait de prendre une guitare ou de chanter s’apparente à une défiance ultime, et surtout l’engagement d’une vie que l’on remet entre les mains d’un destin qui peut souvent s’avérer funeste.
Alors, dès lors, pas étonnant que presque dix ans aient séparé la création de DARK PHANTOM de la publication de son premier album, et il est déjà extrêmement satisfaisant de pouvoir l’apprécier, tranquille au chaud dans nos salons…
Alors certes, conditions précaires, danger permanent, mais nous ne sommes pas là pour parler géopolitique ou religion, mais juste pour juger de la valeur intrinsèque de ce Nation Of Dogs, qui nous présente donc une nation de chiens, qui pourrait s’apparenter à la vision qu’ont ces intégristes de nos démocraties décadentes…
Si la carrière des Iraquiens est atypique, leur musique est plus fondamentale. En bons fans de METALLICA, LAMB OF GOD et SLAYER, les cinq compagnons de l’extrême ont donc choisi la voie assez fréquentée du Thrash à tendance Death, agrémentant le tout de tonalités assez Black, sans pour autant verser dans le chaos ou l’ultraviolence.
Non, leur musique est agencée, intelligente, brutale évidemment, grave dans ses inflexions, mais gardant prise avec une lucidité mélodique qui rend leurs morceaux assez séduisants, à défauts d’être originaux.
Pourtant, certains font montre d’une indéniable créativité, comme ce « O! Holocaust », qui juxtapose des fondations de Death très profondes et putrides à des chœurs orientaux fascinants, sans jamais se départir d’une lourdeur de ton oppressante. Mais ne nous leurrons pas, le principal but de des DARK PHANTOM reste une efficacité et une puissance de tous les instants, ce qui n’est déjà pas si mal, puisqu’ils s’acquittent très bien de leur tâche.
En fouillant dans les influences possibles du quintette, et en occultant celles qu’ils avouent d’eux-mêmes, il est possible de trouver d’évidentes traces du SEPULTURA post Max, de MERCYLESS lorsque les débats s’enveniment et se débrident, et pour rester dans un cadre national, de dénicher quelques réminiscences d’un GOJIRA moins mystique qu’à l’habitude, dans quelques progressions un peu plus complexes et appuyées. En gros, la crème de la quintessence d’un crossover entre Thrash, Néo-Death, Death primal et Heavy barbare, pour un rendu qui provoque un headbanging instantané, et qui prouve que les Iraquiens ont bien fait de s’accrocher sans jamais baisser les bras.
Outre leur sens de la concision, le niveau notable de chaque individualité est à souligner, avec une paire de guitaristes très capables qui font le show et multiplient les soli pertinents et harmonieux.
De son coté, Mir assure des lignes vocales rauques et graves, et développe un sens du phrasé précis et percutant, tout en aménageant des respirations bienvenues qui lui permettent de tenir le rythme sans montrer des signes d’essoufflement.
Difficile de faire son choix dans ce panier bien rempli d’hymnes à la violence, mais chaque entrée apporte sa pierre à l’édifice, et les lyrics rendent bien compte de la situation d’un pays en proie aux affres d’une situation inextricable.
Les thèmes abordés sont évidemment logiques, le conservatisme et l’obscurantisme religieux, les tabous sociaux, la répression gouvernementale…Et bien que n’ayant jamais joué hors de leurs frontières, les DARK PHANTOM prouvent qu’ils sont restés au fait de l’actualité de l’extrême mondial en s’adaptant sans aucun problème aux standards contemporains.
« State Of War », la clôture, se hisse même au niveau des meilleures productions de SLAYER, GRIP INC et autres SOILWORK/AT THE GATES/LAMB OF GOD, avec une fois de plus la superposition d’un thème agressif et sombre et des chœurs mélodiques, accumulant les plans percutants, comme ce mid tempo saccadé en break central qui relance la machine.
Vous avez bien sûr déjà entendu tout ça, mais c’est tellement bien fait qu’on en oublie que certains emprunts sont plus qu’évidents, chose que l’on peut pardonner à un groupe dont chaque jour d’existence est déjà une victoire en soi.
Niveau réussites flagrantes, impossible de passer sous silence l’ouverture tonitruante de « New Gospel » qui ne fait pas dans le détail et s’agite d’un Thrash au parfum Death très prononcé, et qui oppose un tempo épileptique à des grognements dignes de l’école suédoise. Un peu PESTILENCE, un peu SLAYER, mais totalement foudroyant, c’est une entame qui prend à la gorge et qui met les choses au point dès le départ.
Les exercices de ruptures rythmiques du court « On Brink Of Terror » sont aussi à mettre en avant, pour un morceau qui ose un groove instable, et n’oublions pas les tonalités Heavy de « Nation of Dogs », qui se veut Heavy/Thrash et presque JUDAS PRIEST dans l’esprit, tout du moins dans une version mordante et féroce.
Quelques baisses de régime sont inévitables, mais ne handicapent en rien ce projet, et en définitive, malgré un classicisme de surface assez flagrant, Nation Of Dogs reste une belle démonstration de savoir-faire dans un créneau Thrash/Death ne rechignant pas à lorgner du côté d’un Heavy harmonique appuyé.
Je souhaite bien sûr le meilleur à ces courageux musiciens pour qui le simple fait de répéter et de jouer dans leur pays devient un acte de bravoure, et j’espère qu’ils pourront un jour s’expatrier pour arpenter les scènes européennes et propager la bonne parole d’un extrême qui peut compter sur eux pour défendre sa cause.
Titres de l'album:
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