Je veux jouer à un jeu. Non, pas question ici de torture-porn et de séances de sadisme cautionnées par une poupée glauque sur un tricycle, mais plutôt un jeu faisant appel à votre spontanéité. Je vous donne quelques éléments, et vous me répondez sans réfléchir et sans tricher. (Pas d’appel à un ami, pas besoin). Ai-je votre attention ? Alors allons-y. Si je vous dis un quintet suédois, formé dans les années 80 sous divers noms, jouant du Death Metal, empestant la HM-2, et un album enregistré aux studios Sunlight sous la direction de Tomas Skogsberg, vous me répondez ?
(Réponse collégiale venue de loin)
ENTOMBED !!!!
Et vous aurez quelque part raison, et ce pour plusieurs raisons. La première, est que ces assertions peuvent en effet concerner le groupe en question. La seconde, et même s’il ne s’agit pas d’ENTOMBED, est que le groupe mentionné dans cette chronique a vu le jour à peu près en même temps que le légendaire NIHILIST (qui plus tard, allait se scinder en qui-vous-savez + UNLEASHED), et que sa crédibilité n’est donc pas à mettre en cause. Ceci étant dit, les néophytes n’ayant jamais entendu parler de SORCERY pourraient croire à une malhabile resucée des efforts ténébreux de Left Hand Path, tant les points communs entre cet album historique et ce Necessary Excess of Violence sont nombreux. De par cette production, elle aussi mythique, de par ce son, froid et inoubliablement hivernal, mais aussi de par ces compositions qui semblent s’ingénier à synthétiser les deux premiers albums de la créature nationale, avec ce rigorisme typique du premier jet de Lars Goran & co, et cette soudaine montée en violence notée sur Clandestine. Mais ne nous leurrons pas, et malgré l’aspect inédit de ce quatrième album, les influences de SORCERY remontent bien à l’orée de leur carrière, lorsque le Death suédois allait s’affirmer comme la tête de file d’une mouvance dont seuls les américains pouvaient revendiquer la paternité. Le parcours même des cinq musiciens (Ola Malmström - chant, Paul Johansson - guitare, Tommy Holmer - batterie, John Falk - basse et Johan Vikholm - guitare) est assez erratique, puisque ponctué de hiatus et de changements de cap. Fondé aux alentours des mid eighties par Magnus Karlsson-Mård et Paul Johansson, SORCERY avant de s’appeler ainsi scella l’amitié des deux hommes sous des baptêmes divers (CURSE, ACID QUEEN…), se consacrant d’abord à un Metal plus formel, avant de s’intéresser de près à la cause Thrash, puis dégénérer en furia Death lorsque la bise fut venue. Après trois démos, dont la dernière scella leur sort avec le Metal de la mort (Unholy Crusade), le groupe publia un premier LP en 1991, soit pile au bon moment (Bloodchilling Tales, 1991, bon timing), avant de se faire beaucoup trop discret dans les nineties et disparaître chair et os en 1997.
Il fallut donc attendre 2013 pour voir surgir le sophomore Arrival at Six des abysses de l’enfer, mais heureusement, depuis le parcours s’est stabilisé et les originaires de Sandviken ont pu avancer. Parrainés depuis Garden of Bones (2016) par les ibères d’Xtreem Music, SORCERY est donc entre de bonnes mains, celles qui portent à vos oreilles ce quatrième album, de facture très classique, et fondamentalement concerné par les obsessions scandinaves pour un Death basique qui ne cherche pas à sortir de ses propres sentiers rebattus. Très, très proches d’ENTOMBED donc, ces instrumentistes fort talentueux en ont la même philosophie, rigide, entre fureur de blasts, mid tempo gelé et riffs toujours plus glacés, et il n’est pas malhonnête de dire que leurs conceptions n’ont pas vraiment changé depuis leur conversion de la fin des années 80. Tous les gimmicks que l’on a tant aimé dans le Death suédois sont ici reproduits à l’identique, passant pour des figures imposées inévitables, de la soudaine accélération brise-reins au chant rauque et grave, en passant par cette distorsion excessive si caractéristique de l’école de Göteborg. C’est évidemment appréciable, puisqu’on a toujours adoré ça, pas très enrichissant au niveau du mieux-disant culturel, clairement rétro sans l’être puisque le groupe est d’époque, mais terriblement bien fait. Le genre de disque qu’on ne peut louer pour ses qualités novatrices, mais qu’on ne peut blâmer eu égard à sa puissance phénoménale et son investissement total. Les fans du combo seront heureux de le retrouver plutôt en forme et sûr de lui, les accros aux productions des débuts des années 90 seront plus que satisfaits de se replonger dans cet hiver du désaccord, mais les plus exigeants, ceux qui attendent un peu plus qu’un superbe exercice de style académique dégaineront leurs reproches les plus objectifs, à savoir qu’on a déjà entendu ça mille fois auparavant.
En tant que chroniqueur, je l’avoue, Necessary Excess of Violence, c’est le choix raisonnable, celui qui ne demandera aucun effort de syntaxe ni de recherche. En tant qu’auditeur, c’est le plaisir facile, la réaction instantanée, la jouissance immédiate. Car dès « The Stellar Circle », tout est dit, tout est joué, tout est hurlé, et les réflexes morbides seront les mêmes jusqu’à l’agonie de « Language of the Conqueror », et c’est pourquoi il est inutile de se concentrer sur un titre en particulier, tous reproduisant la même recette brutale. Pour en savoir plus, écoutez-le, ou replongez-vous dans les affres de la déferlante suédoise, puisqu’on en retrouve ici tous les dégâts, de ces guitares sorties d’une caverne en passant par un vocaliste y étant lui aussi resté un certain temps, soit l’âge de pierre du Death nordique dans toute sa glorieuse abomination. SORCERY n’apporte donc rien de spécial à la cause, continue sereinement mais bruyamment sa carrière, et profite de chaque instant pour faire ce qu’il sait faire de mieux, du Death de pionniers, dont il a fait partie. Ce qui est logique, et j’adore la logique.
Titres de l’album :
01. The Stellar Circle
02. Where We Were Born We Will Demise
03. The Darkest Part of You
04. Of Blood and Ash
05. I'll Be Gone in the Dark
06. Death is Near
07. Illuminate
08. King of Nothing
09. Year of the Plague
10. Language of the Conqueror
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