Dans une bande de potes soudés, il y a toujours une répartition des rôles. Il y a le leader, beau gars, avec un bon job, qui généralement rince les autres avec le sourire de ceux qui ont réussi. Il y a le quadra moyen, à la vie de famille moyenne, avec quelques gosses et des tonnes de regrets. Il y a aussi l’éternel adolescent, celui qui refuse de vieillir et d’affronter les échecs, qui végète de petit boulot en petit boulot et qui vous serine toujours avec le passé. Il y a celui qu’on revoit de temps en temps, mais qui ne fait pas vraiment partie du cercle intime. Et puis, il y a évidemment l’outcast, celui qu’on a jamais pu faire rentrer dans une catégorie, d’un caractère bizarre mais qui a toujours une bonne blague, avant de s’isoler pour aller parler aux fleurs ou regarder son téléphone. Le mec un peu strange mais qu’on aime bien justement parce qu’il n’est pas comme les autres. Il occupe un emploi stable qu’il n’aime pas forcément, a des hobbies un peu décalés (collectionner les cerfs-volants, faire les vide-greniers pour y dégoter des photos d’animaux empaillés), est fidèle, mais sort toujours une réplique complètement hors-contexte à table ou au contraire, assomme un connard d’une punchline qui laisse ses potes admiratifs. GRAVEHUFFER fait partie de cette dernière catégorie, et tient à son singularisme sur la scène extrême américaine, et ce, depuis sa naissance Thrash sous le nom de KROM en 2008.
GRAVEHUFFER c’est le proverbial sac à puces dans le jeu de quilles en plastique. Le groupe totalement improbable, sorte d’entreprise familiale avec des employés/associés se connaissant par cœur depuis la fin des années 90, et s’aimant d’un amour fraternel sincère. Rien de tape à l’œil chez eux, pas de chef d’œuvre à signaler en trois albums, mais une propension à ne jamais faire les choses comme les autres. Leur musique ? Un Crossover salé et bordélique qui recoupe leur passé et leur présent, une fascination pour le Thrash, le Death vintage, le Crust fourré, la Fusion improbable, et les surprises imbuvables. Et encore une fois, les originaires de Joplin dans le Missouri nous ont réservé un traitement spécial, à deux doigts des plus gros tarés mixeurs de l’impossible de l’underground (Patton, TNTLLY, IWABO, et puis tous les autres frappés du bulbe), mais encore assez logique pour ne pas donner le tournis.
Les mecs sont sympa, ressemblent à des quadras moyens de la classe moyenne, pourraient être ce mec que vous croisez à la sortie du supermarché avec sa bière et ses couches, un peu comme les DESCENDENTS qui sont aussi punks dans l’image que les clients du barbecue du dimanche. Des mecs qui ne souhaitent pas attirer l’attention, et qui pourtant en deviennent le centre lorsqu’ils s’emparent de leurs instruments. Et avec ce troisième album dans la musette, le quatuor (Travis McKenzie - chant, Ritchie Randal – guitare/chant, Jay Willis – batterie/chœurs, et Mike Jilge – basse) s’est pris pour l’héritier musical spirituel du professeur Frankenstein, et a créé la chose, la créature la plus improbable qui soit, une créature qui aime l’underground et dont la culture est suffisamment étendue pour nous zapper « You Should Be Dancing » des BEE GEES en plein déluge Thrash de derrière les fagots (« Death Before Disco »). Une créature à qui on a appris les vertus du travail artisanal, élaboré at home, prenant en compte tous les détails dans la globalité. Pas le truc qui cherche la perfection, au contraire, mais qui aime les choses personnelles et bien faites.
Produit par GRAVEHUFFER, enregistré au Skunkwax Audio Unit par M.Jilge, mixé par le même M. Jilge
et masterisé par Garry Moore (avec deux « r » s’il vous plaît), NecroEclosion est encore une fois une piñata surprise sur laquelle on frappe de bon cœur pour en voir sortir les cadeaux les plus disparates. Dans cette piñata, il y a du Thrash évidemment, beaucoup, du Crust, pas mal, du gros Death qui tue, mais aussi un peu de Sludge, du Grind, enfin tout ce qui fait plaisir à nos amis, puisque c’est finalement comme ça qu’on les aime le plus. Pas question d’écouter GRAVEHUFFER si on aime les choses claires ou trop bien balisées : ici, c’est la liberté de ton qui prédomine, et dès « Custom Of The Sea », l’affaire sent le fourre-tout et l’exutoire à cette vie de province qui parfois gangrène de sa routine. Alors les guitares sonnent rêches, le ton général est plutôt festif MAIS hystérique, et le propos erratique, parfois, comme sur cette entame Death n’Roll, mais comme chaque piste possède sa propre identité, pas la peine de vous attendre à un album bien propre sur lui.
Le quatuor s’amuse, cherche le bon angle et le bon mot, s’épanouit dans un Rock n’Roll un peu sauvage, retrouve l’impulsion de DANZIG pour mieux la tremper dans un marigot ACID BATH ou WHITE ZOMBIE, et lâche de petites bombes groovy de la trempe de « Stingray ». Ce qui ne les empêche guère de s’amuser méchamment Crust, leur passion majeure avec la saillie « Hellhound », qui évoque ce que les MACABRE pourraient produire de meilleur s’ils prenaient le temps de composer.
Mais il y a aussi de plus gros morceaux sur ce nouvel album, des mélanges corsés de qualité, des titres qui prennent le temps d’imposer des riffs plus épais, qui rappellent les années 90, date de rencontre des trublions. Ainsi, « Sights To The Sky » nous ramène à cette époque un peu trouble, durant laquelle l’extrême se travestissait de tous les côtés pour ne plus ressembler qu’à un mélange hétéroclite. Même sentiment quand on pose ses oreilles sur le long « Smaller Than Death », bien gras et bizarre qui mixe un peu tout et n’importe quoi, qui aborde Sludge pour mieux saborder Grind. D’aucuns diront, avec raison sans doute, que cet album est un peu trop bordélique pour être honnête, et qu’il laisse un sentiment décousu et d’inachevé. Ces critiques sont en partie fondées, mais remettent aussi en cause le fondement même de la philosophie du groupe. Jouer ce qu’on ressent, et tant pis si les associations ne paraissent pas toujours logiques : le plus important étant le plaisir de jouer ensemble pour se décharger des problèmes du quotidien. Et puis, la logique intervient parfois, sur le thrashy « Ghost Dance » et ses cœurs fantomatiques. D’ailleurs, cette impression de famille amicale qui se retrouve à intervalles réguliers est renforcée par la présence de quelques invités de marque à la fête. Ainsi, on retrouve Dan « Chewy » Mongrain (VOIVOD) venu taper le solo sur « Sights To The Sky », Curran Murphy (ANNIHILATOR, NEVERMORE) venu en lâcher un lui aussi sur « Death Before Disco », et puis d’autres potes aussi, qui ont bien compris que l’amitié et le partage étaient les moteurs essentiels de cette carrière unique.
Alors, oui, les GRAVEHUFFER incarnent à merveille ce pote un peu bizarre, dont on ne comprend pas tout le temps les gestes ou l’attitude. Mais on l’aime comme les autres ce pote justement, peut-être plus, parce qu’il est imprévisible, mais terriblement attachant.
Titres de l’album:
01. Custom Of The Sea
02. Hellhound
03. Sights To The Sky
04. Death Before Disco
05. Stingray
06. Smaller Than Death
07. Ghost Dance
08. Quarantine Death Machine
09. Causes
10. Backpack
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Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
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On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
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Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
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26/03/2025, 11:24
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