Quand on m’offre un plat de spaghetti tomate/basilic, je m’attends à ce qu’il ait le goût d’un plat de spaghetti tomate/basilic. De même, lorsqu’un groupe de Power Metal suédois me présente son dernier album, je m’attends à ce qu’il sonne comme un album de Power Metal suédois. Et je ne suis pas le seul dans ce cas-là, ce que les PERSUADER ont très bien compris depuis leur naissance en 1997. On ne change pas une recette qui gagne à chaque fois le ruban du premier prix, et six ans après leur dernier effort en date The Fiction Maze, le groupe d’Umeå revient en grande forme sous la bannière de Frontiers Records, qui n’a pas vraiment l’habitude de défendre un tel style. Mais on ne peut en vouloir au label italien de diversifier son catalogue, spécialement lorsqu’il s’enrichit d’une telle entrée. Necromancy est donc clair comme de l’eau de roche et tranchant comme une hache de Viking dès son entame, et ne propose rien de plus que ce que les fans de Power attendent d’un album héroïque et pugnace. Tout est là, la rythmique puissante et bombastic les riffs classiques mais fendant les océans, et évidemment, ce chant flamboyant et lyrique qui raconte les légendes du grand nord avec des trémolos dans la voix.
Le retour de PERSUADER est donc placé derechef sous des auspices classiques, mais il est aussi le premier longue-durée du groupe dans sa nouvelle configuration, avec Fredrik Mannberg à la guitare rythmique. D’ailleurs, le groupe est ravi de pouvoir enfin en découdre, et Emil Norberg présente ce cinquième album en ces termes :
« Cette sortie marquera le début d'un nouveau chapitre pour nous et nous sommes impatients de travailler ensemble pour de nombreux autres albums à l'avenir. Le nouvel album est probablement notre album le plus agressif à ce jour, sans sacrifier la mélodie. C'est aussi notre premier album avec le guitariste Fredrik Mannberg (NOCTURNAL RITES) et nous sommes ravis d'avoir ses talents de compositeur et sa présence sur scène dans nos rangs. »
Le reste du groupe est toujours constitué de Jens Carlsson (chant), Efraim Juntunen (batterie), les deux membres originels, toujours accompagnés depuis le second LP par Emil Norberg (guitare), et si PERSUADER l’a joué à l’économie ces quinze dernières années, avec seulement trois full-lenght depuis 2006 (l’aîné de The Fiction Maze, When Eden Burns l’avait précédé de huit ans), sa santé musicale est toujours aussi solide, et son formalisme rassurant. Accentuant toujours les aspects les plus puissants du Power Metal, au point de lui faire friser le Thrash en bien des occasions, Necromancy plonge du côté obscur, sans oublier la lumière des actes les plus braves en forme de mélodies très prenantes. Ce cinquième chapitre de la saga belliqueuse est donc délibérément placé sous des auspices de brutalité et de puissance, évitant toutes les niaiseries du Power Metal le plus débilitant, pollué de refrains cartoon, et de chœurs en carillon. Ici, on blaste, on riffe limite Néo Death des années 90, et un morceau aux muscles bandés comme « Reign Of Darkness » n’usurpe pas la réputation de mercenaire du groupe qui depuis longtemps a choisi sa voie de guerrier. Mais autant admettre que dans la riche discographie du groupe, ce petit dernier fait office de sale bestiole aux crocs acérés, ce qui ne l’empêche pas de montrer des signes d’intelligence au niveau de son ADN. Corsé certes, mais diaboliquement agencé, avec de longues compositions sombres et viriles, et « The Curse Unbound » de ses six minutes épiques confirme que les suédois n’ont pas l’intention de revenir par la petite porte pour faire de la figuration. Intro grandiloquente, ambiance solennelle, rythmique galopant dès les premières mesures, guitares en avant, et chant qui s’envole vers le Walhalla, tout est en place, méchamment carré, et violemment rentre-dedans. Ce premier morceau est aussi le plus traditionnel du lot, avec toutes les figures imposées, mais cache aussi un petit jeu que les suédois proposent à leurs fans. En effet, le texte de ce morceau est basé sur un film dont le nom est volontairement dissimulé et le groupe invite ses fans à envoyer un message sur sa page Facebook pour proposer ses suggestions afin de résoudre cette petite devinette. Une entrée en matière imposante mais ludique donc, pour un album ne prenant pas de gants.
Certains reprocheront d’ailleurs aux PERSUADER de sonner trop compact, et de ne pas plus avoir diversifié leur approche. Les sept titres sont assez similaires dans les structures, et dans le gonflement des biceps, et si le parti-pris est impressionnant, on en vient parfois à regretter que les musiciens n’aient pas aménagé de plages plus calmes et évolutives. « Scars » ne fait donc en rien retomber la pression avec ses couches de voix superposées comme des soldats se reposant sur les paillasses d’un campement, alors que « Raise The Dead » ose enfin une intro Folk plus délicate sur fond de percussions militaires. On comprend donc très bien que l’accent a été mis sur la puissance au détriment de la nuance, et que les intentions des suédois étaient de rentrer dans le tas et se poser des questions ensuite en se retournant sur le champ de ruines.
Mais l’album progresse, et finit par grandir en nous, comme une odyssée racontée avec beaucoup de conviction, et si parfois, certains chapitres versent dans la redite un peu redondante (« Hells Command »), le double final de plus d’un quart d’heure rétablit le cap, et nous entraîne dans un monde de violence et de sang. L’épilogue commence dramatiquement avec la lourdeur suffocante de « Gateways », l’un des rares titres à adopter un tempo lourd, et se termine dans la grandeur de « The Infernal Fires », qui déclenche plus de huit minutes de feux dans les enfers enfin atteints. Guitare classique en entame, mise en place directe avec toujours cette double grosse caisse intenable, faux rythme, pour un bouquet final de toute beauté, permettant à ce cinquième album de terminer sa campagne avec panache.
Bilan plutôt positif donc pour les PERSUADER, qui avec Necromancy signent un comeback très démonstratif et pugnace. Un répertoire qui devrait faire un malheur en tournée lorsque le quatuor pourra reprendre la route, et qui risque de ne pas faire de prisonniers.
Titres de l’album:
01. The Curse Unbound
02. Scars
03. Raise The Dead
04. Reign Of Darkness
05. Hells Command
06. Gateways
07. The Infernal Fires
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