Il existe des noms, que l'on prononce dans le secret des initiés et qui ramènent à la mémoire des temps anciens, et des histoires que l'on se transmet de génération en génération, évoquant des instants magiques du passé, que seuls une poignée d'initiés savent encore raconter. Et visiblement, 2018 est l'année de la résurrection pour ces légendes d'autrefois, puisque après le retour à la vie inopiné de HEIR APPARENT et de leurs voisins/amis de FIFTH ANGEL, c'est au tour d'une autre référence de remettre le couvert après un hiatus de plus de vingt-cinq ans. Une référence partagée par le plus petit dénominateur commun, celui-là même qui à la fin des années 80, alors que le genre vivait ses derniers souffles, s’intéressait encore au Thrash sous toutes ses formes, alors que les fans d'extrême avaient déjà reporté leur affection sur la déferlante Death naissante. Mais les purs, les vrais de vrais n'ont pas pu oublier ce premier album, publié dans une indifférence quasi générale, qui aux côtés du séminal Two Sides of a Coin des PYRACANDA constituait un trésor de créativité dans un marasme de mode à suivre, et une certaine vision d'un Techno-Thrash jusqu'à lors uniquement représenté par les majestés de WATCHTOWER, MEKONG DELTA, TARGET, CORONER et dans une moindre mesure, du METALLICA d'And Justice For All... Et les fans à la mémoire moins courte que leur chevelure grisonnante et éparse de se replonger dans une tranche de passé, celle gardant au chaud un rôle majeur pour un groupe décidément à part, ayant connu une carrière météorique mais constellée d’œuvres essentielles, qui aujourd'hui revient pour transformer son triptyque en tétralogie. C'est ainsi que nous retrouvons avec un plaisir non feint les hollandais de SACROSANCT, qui avec Necropolis s'échappent de la cité des morts pour revenir à la vie, plus volontaires que jamais, et certains de leur fait. Et même si le groupe de 2018 n'a plus grand chose à voir avec celui de 1990, son ADN est toujours présent dans le code génétique de son leader, le pugnace Randy Meinhard, prêt à repartir sur les routes pour reconquérir un public totalement dévoué à sa cause.
Pour les néophytes, SACROSANCT, c'est une aventure unique, mise sur pied après que Randy ait quitté les rangs des bataves de PESTILENCE pour former son propre groupe, plus recentré sur une musique élaborée et moins sauvage. A l'époque, le désormais classique de l'underground Truth Is - What Is, publié par No Remorse ne connut qu'une gloriole très anecdotique, les masses métalliques étant déjà passé à autre chose sous la férule de Tampa et de ses hordes grognantes, et seule une frange d'iconoclastes avait pris acte de ce premier LP d'une haute teneur technique et mélodique. La suite des événements n'allait pas se montrer plus clémente, puisque les deux albums suivants, parus dans le mépris de nineties entièrement dévouées à l'Alternatif ne déclenchèrent pas plus de ferveur, malgré une orientation de plus en plus harmonique. Et tout le monde – ou presque – semblait avoir rangé cet outsider sur les étagères de l'histoire, jusqu'à ce que le maître d’œuvre principal du projet ne décide de travailler sur un nouveau projet solo, sans savoir que cette idée allait déboucher sur la renaissance d'un phœnix bien décidé à s'envoler plus haut que par le passé. Et c'est donc avec un line-up renouvelé que SACROSANCT se présente aujourd'hui, bien décidé à changer son destin et à imprimer son nom dans l'inconscience collective au travers de ce Necropolis, qui évoque merveilleusement de son titre cette nouvelle émergence. Entouré de musiciens aussi dévoués que lui à la cause d'un Metal mélodique et agressif, Randy nous offre donc ce quatrième album que le passé ne lui avait jamais permis, et déroule son propre tapis rouge, d'une couleur ardente qui nous mène tout droit sur les traces d'un genre de Neverland ou l'âge ne compte pas, pour peu que le cœur soit resté vaillant et croyant. Et à l’écoute de ces huit pistes aussi complexes que délicatement mélodiques, on se dit qu'il eut été franchement dommage que l'histoire ne serve que d'entrefilet dans les manuels métalliques mondiaux, tant l'allant, le talent et la hargne le disputent à l'originalité, la précision, et la préciosité d'une musique qui a su se sevrer de passé pour regarder vers l'avenir...
Mixé et masterisé par Max Morton au Morton Studios, qui s'est aussi occupé du dépoussiérage du back catalogue du groupe, Necropolis n'est rien de moins qu'un gigantesque concentré du savoir-faire de Randy, aujourd'hui épaulé par une équipe au potentiel énorme (Richard F. Hesselink - chant, Christian Göwert - guitares, Kees Harrison (ex-SPHERE OF SOULS) – basse, et Jonas Schütz – batterie), qui lui permet donc de concrétiser sa version d'un présent aux aspirations assez marquées. Si l’on retrouve la patte d'un groupe qui n'a jamais cédé un pouce de terrain à la brutalité la plus crue, force est de constater que la tendance 2018 de SACROSANCT se veut hautement mélodique, et a presque abandonné son allégeance au Thrash, sans forcément tomber dans la guimauve d'un Metal progressif emphatique sans but autre qu'une démonstration de force et de nuance. Enregistré en analogique avant d'utiliser les techniques numériques modernes lui offrant cette patine intemporelle mais assez contemporaine, ce quatrième album, bien que parfois handicapé par des similitudes flagrantes et une hésitation permanente à utiliser la puissance en tant que telle, sonne comme une fontaine de jeunesse musicale, permettant à Randy de remettre la barre sur un cap plus consensuel, ce qui lui permettra peut-être de fédérer une fanbase plus étendue qu'à ses débuts. Les plus nostalgiques d'entre vous regretteront sans doute la verve Thrash des débuts, qui a laissé place à une science de la construction évolutive affirmée, et les plus exigeants pourront aussi reprocher une tendance à diluer le propos dans des digressions parfois un peu étirées (le titre le plus court affiche quand même cinq minutes au compteur, et le plus long piétine presque les neuf), mais tout le monde s'accordera à reconnaître des ambitions hors normes qui permettent à un morceau comme « NecroPolice » de synthétiser trente ans de Thrash, de Heavy Metal, de Metal progressif et de Power Metal, en étalant des plans subjuguant de maîtrise.
En restant honnête, et en jugeant l'album avec le recul nécessaire, il est certain que l'on aurait préféré que le groupe se lâche un peu plus, et nous offre quelques inserts purement Thrash, histoire d'honorer le passé et de satisfaire notre soif de violence agencée et imbriquée. Car mis à part quelques accélérations mesurées et une poignée de riffs moins soignés, l'ensemble reste entre des balises de modération, tout en pouvant s’enorgueillir d'une richesse harmonique bluffante. Mais avec le temps, il est aujourd'hui plus facile de rapprocher les SACROSANCT d'un CRIMSON GLORY plus médian que d'ordinaire, ou d'un ANNIHILATOR en cure de Techno-Thrash light, ce que la clôture épique de « The Pain Still Lasts » prouve de sa majesté. Mais les idées sont bien là, entre ces cocottes de guitares se rapprochant d'une Pop-Rock à l'étouffée, cette production immaculée mettant admirablement en avant le travail phénoménal des guitares, et si un morceau comme « The Grim Sleeper » aurait mérité de rester fixé sur cette rythmique un poil plus déchaînée, si « The New Age of Fear » en entame semble un peu roboratif, et si finalement on se demande s'il n'est pas possible de rapprocher la copie de Randy d'un DREAM THEATER des débuts (celui de Images and Words et Awake), Necropolis n'en reste pas moins une œuvre qui saura avec le temps se faire une place à part dans le cœur de fans d'une musique précieuse mais fougueuse. Ce qui permettra en outre à ce quatrième volet des aventures de se démarquer du reste de la discographie du groupe, et de prouver s'il en était encore besoin que Randy Meinhard est l'un des musiciens les plus versatiles mais cohérents de la scène Metal underground. Aujourd'hui peut-être plus qu'hier...
Titres de l'album :
1. The New Age of Fear
2. My Last White Light
3. The Grim Sleeper
4. Only one God
5. Melancholy
6. Clouds Obscured the Sun
7. NecroPolice
8. The Pain Still Lasts
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21/11/2024, 08:46
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