Je découvre encore ce matin un groupe qui n’est pas né de la dernière pluie d’acide, puisque les origines de DEATH COURIER remontent à la fin des années 80, alors que le groupe était l’un des pionniers de la scène extrême underground grecque. Formé en 1987 à Patras, le groupe a alors connu un début de carrière de quelques années étalées entre 87 et 1993, parvenant même avant son premier split à publier une kyrielle de démos, un EP, et même un LP initial, Demise, un an avant sa séparation. Dommage dira-t-on, mais ça n’était que partie remise, puisque la bête s’est relevée quelques temps plus tard sous l’impulsion de Billy Soulas, peu décidé à voir son bébé partir avec l’eau des toilettes d’Athènes. C’est ainsi qu’en 2009, seize ans après sa disparition, l’hydre à trois têtes se mit en sienne de reconquérir le monde, et nous offrit un second long en 2013, Perimortem. Mais en sept ans, le groupe ne fut pas des plus productifs, et malgré un split, un live (Die Hard), et une compilation regroupant ses démos et son EP (Necrorgasm, 1990), pas de matériel frais à se mettre sous le caveau, jusqu’à ce que 2020 célèbre le retour en fanfare des bestiaux. Et c’est le fameux label Transcending Obscurity qui se joint à la fête en nous proposant ce Necrotic Verses dans divers formats, troisième LP en plus de trente ans de carrière, et bien décidé à mettre les choses au point et à replacer les grecs sur l’échiquier de la brutalité européenne. Pour ce faire, pas grand changement dans la continuité, toujours cette hybridation entre Thrash et Death, et une furieuse envie d’en découdre, teintée d’ambitions de compositions qui sont manifestes dans leur simplicité effective. Soyons clair, Necrotic Verses ne propose rien de neuf, mais affiche une bonne santé, et si les webzines du monde entier se montrent assez dithyrambiques à propos de l’objet en question, il convient de modérer quelque peu leur enthousiasme pour juger de la bête en toute objectivité.
DEATH COURIER est un pur produit de sa génération, celle émergeant du marigot de l’humanité à la fin des eighties pour définir les courants putrides des nineties, décade où le genre explosa sur le marché. Seul membre d’origine, Billy Soulas (basse/chant) est secondé depuis 2009 par George Petousis à la guitare circulaire, et depuis 2014 par la frappe d’Ilias Iliopoulos, et continue son chemin comme un Paul Speckmann, fier de ses origines, et peu enclin à faire la moindre concession aux normes actuelles. C’est donc une nouvelle tranche de Death traditionnel à laquelle nous avons droit, sur laquelle de gros riffs bien épais ont été étalés façon rillettes de l’enfer, avec une grosse pincée de condiments épicés pour relever le tout. On retrouve donc l’énergie d’un trio qui ne se dément pas pendant une grosse demi-heure, des morceaux simples joués avec les tripes, des grognements sourds, des changements de tempo à l’avenant, et une tendance à la brutalité très appuyée. Il n’est pas rare que les titres soient entamés par un orage de blasts assez dense, avant que le rythme ne change quelque peu pour offrir des cassures salvatrices et dynamiques. Bien évidemment, le tout est dominé par la voix caverneuse de Billy, mais ce qu’on remarque avant tout, c’est le jeu incroyable d’un batteur à trois mains qui colle des fills partout et qui utilise ses mollets comme Steve Austin, lâchant des parties de double incroyables de vélocité, tout en maltraitant sa caisse claire avec la régularité d’un fusil mitrailleur.
En quatre coups de caisse claire bien secs, « Necrotic Verses » plonge dans le bain de folie, et définit le rythme à tenir sur toute la durée de l’album. Les blasts affilient les grecs à la frange la plus dure des acteurs du Death Metal classique, tandis que les breaks plus fluides confèrent la patine souple Thrash qui rend les attaques plus digestes. Et une fois ce coup de semonce frappé, le reste n’a plus qu’à suivre la ligne de conduite, sans dévier de sa trajectoire. En proposant un troisième album très formel, les grecs jouent la sécurité, mais surtout l’efficacité. Sans sombrer dans la prétention d’un Death trop technique et démonstratif, mais en étayant leurs thèses brutales de quelques finesses personnelles, les trois instrumentistes font preuve d’un savoir-faire qui remonte aux origines du genre, et sans le trahir, ils lui offrent un éclairage contemporain. Doté d’une production sans artifices, mais efficace et ne laissant pas la basse se noyer dans les fréquences, emballé dans un superbe artwork signé Misanthropic Art, Necrotic Verses ne trahit en rien les promesses de son titre, rappelle les débuts de GORGUTS, maltraite quelques harmonies acides, et offre un nombre conséquent de plans qui ne font qu’ajouter à la frénésie de l’ensemble. Certes, on a parfois du mal à distinguer les morceaux, mais avec un abattage pareil, un chant aussi sourd, et des riffs qui se suivent et s’enfilent à une vitesse infernale, pas le temps de trop réfléchir, et l’effet « claque dans la tronche » est maximal. Roi du blast qui tombe comme une pluie d’orage, Ilias Iliopoulos turbine comme une centrale atomique, rappelant les meilleurs batteurs du cru, avec sa frappe hystérique, mais précise. Les quelques passages lents permettent de respirer quelques secondes, mais pas trop longtemps pour ne pas perdre cette sensation d’apnée générale. Et c’est ainsi que la cadence ne faiblit jamais jusqu’à « Visceral Slice », proposant près de trente minutes d’attaque ininterrompue.
Le final « Remnants » propose un épilogue un peu différent en prenant son temps, pour plus de six minutes de démonstration renvoyant au meilleur de MALEVOLENT CREATION et DEMOLITION HAMMER, avec une grosse touche de SUFFOCATION par-dessus. Passés depuis longtemps maîtres dans l’art de la destruction, les DEATH COURIER continuent donc le massacre sans penser au lendemain, mais en s’appuyant sur une longue expérience de sadisme musical. Un LP Death résolument old-school de par la nature de pionniers des instrumentistes, mais qui fait méchamment du bien à l’âme souillée par les vices de l’humanité.
Titres de l’album :
01. Necrotic Verses
02. Mourning Ecstasy
03. As Heaven Blends With Roth
04. When Death Fits to Skin
05. Interlude
06. Pillars of Murk
07. Morsimon Imar
08. Immune to Burial
09. Visceral Slice
10. Remnants
Excellent disque, en effet
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
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Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33