Nemesis

Skeletoon

25/09/2020

Scarlet Records

Lorsque HELLOWEEN avait sorti son fameux Keeper of the Seven Keys part II, en majorité écrit par Michael Weikath, le monde du Metal était médusé. Secoué par des chansons aussi euphoriques et mélodiques que « Dr Stein » et « Rise and Fall », le hard-rockeur de base prenait conscience que sa musique pouvait être puissante, violente, mais aussi mélodique et…drôle. Les allemands imposaient alors une vision plus optimiste de la virilité, sans trahir leurs convictions Speed ou Power, et introduisaient une bonne dose de second degré dans leur cocktail. Depuis, bon nombre de groupes se sont engouffrés dans la brèche, acceptant l’importance du Schlager et du Folklore, sombrant parfois dans la parodie (NANOWAR), dans l’excès (STEEL PANTHER), dans la démesure (LORDI), mais gardant toujours en tête que le plus important pour un groupe est de composer de bons morceaux, capables de faire se lever les poings pendant un concert. Cette philosophie a donc traversé les âges depuis les années 80, et s’il est un groupe qui a bien compris le concept, c’est SKELETOON, qui avec son nom rigolo nous livre des œuvres impeccables depuis sa création en 2011. Ne le nions pas, les italiens ont trouvé une formule parfaite, pâte d’influences pétrie dans la bonne humeur et la créativité, et en acceptant l’importance du legs d’HELLOWEEN, les transalpins nous enchantent d’année en année, sans baisser en régime, puisque Nemesis est déjà leur quatrième longue durée, et suit de très près son merveilleux aîné They Never Say Die d’une seule année. Et si votre mémoire ne vous joue pas des tours, vous devez vous rappeler tout le bien que j’avais pu écrire de cet album fantastique, allant jusqu’à lui accorder une note quasi maximale, ce qui ne m’arrive que très rarement. L’effet de surprise avait bien sûr joué son rôle, mais en retrouvant les geeks en 2020, mon impression n’a pas changé, et je pense toujours que les SKELETOON sont l’attraction la plus sensationnelle depuis la découverte du parc d’attraction DIABLO SWING ORCHESTRA, dans un registre totalement différent.

Après avoir traité du mythe des Goonies sur leur album précédent, les italiens ne changent pas vraiment leur optique, et restent focalisés sur un monde de nerds qu’ils connaissent bien. Et sous une sublime pochette signée une fois encore du magicien de la palette graphique Stan W. Decker, le Derek Riggs des années 2000, se cache le LP le plus euphorisant de cette morne année 2020, catastrophique pour le monde de la musique qu’elle a mis en pause de façon très vicieuse. Dommage, parce qu’à l’écoute de ces douze nouveaux titres, on imagine sans peine le groupe faire un gros carton live, soulevant le public d’un festival king size, ou enflammant l’audience d’une plus petite salle avec brio et le sourire aux lèvres. Et c’est cet aspect-là qui m’a complètement fait craquer pour les italiens, cette façon d’aborder le Metal avec enthousiasme et légèreté, sans négliger la solidité des compositions. Un peu culotté sur le fond, mais débridé dans la forme, le Metal des SKELETOON garde toujours cette empreinte de galerie des glaces déformantes et de labyrinthe de l’horreur dans une fête à grande échelle, superposant les mélodies les plus entêtantes aux rythmiques les plus féroces, et maniant le Speed Metal avec autant d’aisance que le Heavy classique. En résulte une fois encore une collection de tubes rayonnant de toutes leurs dents, mais qui évitent la niaiserie avec un brio tout bonnement incroyable. Et après une courte intro, c’est le déluge de cotillons et de confettis qui s’abat sur nos oreilles, avec un tonitruant « Brighter Than 1000 Suns », qui explose d’exubérance et de sextolets sans aucun complexe.

Une fois encore, la voix incroyable de Tomi Fooler fait des miracles, renvoyant même ses idoles dans les cordes de l’amateurisme, et les capacités incroyables du vocaliste permettent au reste du groupe de se laisser aller et de tout pousser au maximum, sonnant parfois comme une version 78 tours de SCANNER ou HELLOWEEN. « Will You Save Us All ? » poursuit sur le même rythme effréné, sonnant comme une alternative cartoon au Heavy Metal le plus chantant et au Power Metal le plus conquérant. S’il est évident que les metalleux affectionnant le sérieux d’un JUDAS PRIEST ou d’un PRIMAL FEAR, et ayant déjà du mal à se dépêtrer des filets d’AVANTASIA et EDGUY auront de plus en plus de mal à comprendre l’enthousiasme que le groupe peut déclencher, le public qui comme moi a chanté sans retenue les hymnes d’HELLOWEEN et STRATOVARIUS sera une fois encore conquis par la fougue de ces italiens ayant entamé leur carrière en tant que simple tribute band. Et il eut été franchement dommage que les musiciens (Henry "Sydoz" Sidoti - batterie, Andrea Cappellari & Davide "Lord Dave" Piletto - guitares, Tomi Fooler - chant et Jack Stiaccini - basse) se cantonnent au simple rôle de doublure quand on entend des tueries Heavy de la trempe de « Nemesis », qui calme le jeu sans freiner les ardeurs, avec toujours en exergue ce caractère de dessin-animé pour les oreilles. A l’aise en registre médium, SKELETOON ne se prive pas pour proposer des titres plus nuancés, mais toujours aussi addictifs, tablant sur une énorme production pour ne pas brider leur exubérance.

Rois des intros spatiales et des enchaînements instrumentaux grandiloquents, les italiens foncent encore dans le tas, non sans avoir patiemment élaboré leur plan de vol. « Starseeker » rappelle un STRATOVARIUS préparé pour l’Eurovision, avec ses chœurs stellaires et la prestation lunaire de Tomi Fooler qui vient taquiner les aigus les plus purs de Michael Kiske, tandis que « Cold The Night » propose la première pause d’un album débordant d’énergie, via une balade au duo claviers/guitare de toute beauté. Mais on le sait, l’adrénaline est inscrite dans les gènes des musiciens, et « Follow Me Home » relance rapidement la machine pour la remettre sur les rails de la vélocité, plaçant une fois encore une harmonie délicieuse sur le chemin. Sans jamais s’éloigner d’une ligne de conduite rédigée en début de carrière, les SKELETOON livrent encore une fois une performance haute en couleurs, malgré quelques titres qui marquent le pas, comme de très convenu « Wake Up The Fire ». Heureusement, la théâtralité ne se cache jamais bien loin, et le rideau s’ouvre sur un acte gigantesque lorsque résonnent les trois coups de « Arcane Opera », space-opéra bluffant de maîtrise et d’entrain, qui prouve s’il en était encore besoin que les italiens sont vraiment les maîtres en leur domaine. On salue cette entreprise de consolidation des fondations, et cette évasion que le groupe nous propose, nous ouvrant les portes d’un monde coloré, magique, futuriste et euphorique, avec ses teintes contrastées, ses véhicules spatiaux incroyables, et sa population toujours heureuse de vivre sous la lumière de mille soleils. Alors plus qu’une Némésis, ce quatrième LP des SKELETOON est plutôt une catharsis, qui nous sort de nos névroses et de notre sinistrose pendant une petite heure qui fait vraiment du bien au moral.                  

                                                                   

Titres de l’album:

01. Prelude: Falling Galaxies

02. Brighter Than 1000 Suns

03. Will You Save Us All ?

04. Nemesis

05. Starseeker

06. Cold The Night

07. Follow Me Home

08. Wake Up The Fire

09. Il Tramonto Delle Ere

10. Arcane Opera

11. The Nerdmetal Superheroes

12. Carry On


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par mortne2001 le 04/07/2021 à 14:51
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