Neon Light District

Neon Angel

08/09/2020

Sliptrick Records

Une pochette aguicheuse voire racoleuse, un trait qui rappelle immédiatement une époque que nous avons bien connue nous les quadras/quinquas, un groupe finlandais, et un titre qui ne laisse plus place au doute. Oui, les NEON ANGEL jouent un Rock/Metal très rétrograde, clairement influencé par les eighties, comme bon nombre de leurs compatriotes nationaux, suédois ou même norvégiens. Sauf que justement, ce jeune quintet ne joue pas la nostalgie comme tout le monde, et y insuffle une exubérance qui fait vraiment plaisir à entendre, et qui transforme ce premier LP en concentré d’énergie qui donne des fourmis dans les jambes et dans la nuque. Dans les faits, NEON ANGEL est un mélange des RUNAWAYS les plus juvéniles, d’une Pat Benatar de début de carrière, avec encore cette moue Punk sur son joli visage, de NENA et son hymne intemporel, le tout saucé comme de la Synth-Pop en revival, avec des claviers très présents, mais qui ne dénaturent pas le caractère Rock de l’ensemble. Quintet (Johanna Eteläkari – chant, Tuomas Saari – guitares, Juho Savikurki – claviers, Tomas Kurki – basse et Johannes Lahti – batterie) nous ramène donc aux grandes heures de l’hédonisme musical de ces fichues années 80 qui ne nous laisseront jamais l’esprit en paix, et développent une attitude frondeuse qui fait clairement plaisir à entendre, les produits du cru étant de plus en plus standardisés pour respecter une norme en vogue à l’époque. Ainsi, il est très difficile de dire de quel ou quel groupe les finlandais se rapprochent le plus, même si le souvenir des GO-GO’s du début de carrière dopées aux amphétamines de la nostalgie vient immédiatement en tête. Et finalement, en jouant profil bas et en capitalisant sur un anonymat encore relatif, les finlandais nous offrent l’un des meilleurs premiers albums revival de cette décennie, en jouant crânement leur carte, et en proposant des compositions infernales à faire passer la bande originale de Josie and the Pussycats pour une compilation d’EHPAD.

Tirant leur nom d’une compilation des RUNAWAYS justement, les NEON ANGEL en retrouvent l’esprit délibérément punky, dissimulé sous une épaisse couche de Pop-Rock enragé et dominé par les claviers. Mais en écoutant une petite bombe à la cerise comme « Love Addiction », impossible de résister à cette débauche d’euphorie qui donne envie de retrouver ses quinze ans et sa passion pour une musique jeune, fraîche et spontanée. Drivés par le chant incroyablement juvénile de Johanna Eteläkari, chanteuse passionnée comme on en connaît une tous les dix ans, et qui nous épargne les démonstrations de puissance, le groupe se permet toutes les ambiances et les audaces, et dose son effort avec beaucoup d’intelligence, passant par les atmosphères confinées et délicatement nocturnes (« Are You There ? »), pour mieux exploser tous les néons d’une rébellion adolescente tapageuse (« Another Kind Of Love »). Difficile de croire à l’écoute de ces huit morceaux que Neon Light District n’est qu’un premier album, tant il fait preuve d’une maîtrise incroyable dans l’impudeur. Modeste dans les proportions, ce LP est pourtant conséquent dans le rendu, et se permet l’accumulation de hits dans sa rétrospective eighties programmée, et lâche des tubes que les radios d’il y a quarante ans auraient diffusés jusqu’à plus soif, avec toujours en exergue cet équilibre instable entre guitare agressive et keyboards éthérés. Sans jamais relâcher son étreinte malgré des moments plus calmes, le tracklisting nous propose donc un trip dans le passé, un trip qui se souvient de ces mid tempi à l’américaine, avec velouté de couplets synthétiques et explosion électrique de refrains anthémiques (« City Is Sleeping », et sa cowbell à rendre fou Bruce Dickinson, yes, THE Bruce Dickinson). Un tracklisting qui n’oublie pas non plus que les eighties étaient espoir et euphorie, et qui nous balance la sauce à la moindre occasion, avec un Tuomas Saari qui ne se lâche pas en solo, mais qui griffe ses riffs avec un panache certain (« World On Fire »).

On pense donc à toutes les références déjà citées, mais aussi à une version de STARSHIP expurgée de tous ses tics les plus ridicules, à Alannah Myles, BLONDIE, mais aussi les punkettes les plus perméables au Rock et à la Pop, à Billy IDOL, et toute autre influence de cette période où tout était encore possible et où le Rock et l’AOR dominaient les débats et les ventes. Basse ronde, son parfaitement étudié, pour une performance à faire rougir de honte les THE LOCAL BAND, puisque les NEON ANGEL parviennent à faire mieux qu’eux, et avec des compos originales en plus. Outre la qualité indéniable des chansons, c’est surtout ce tempo bondissant infernal qui nous fait tomber amoureux de cet album, un tempo qui s’accorde très bien des intonations fluo et ado de Johanna Eteläkari, sexy comme une lycéenne pas très assidue, mais candide comme une jeune adulte qui veut mordre dans la vie à pleines dents. Et cet album pourrait incarner finalement la pomme tendue par le proverbial serpent pour faire chuter Adam, et l’obliger à s’abandonner aux plaisirs terrestres, sauf que nous, public, la croquons avec un appétit non dissimulé et sans aucun remord. On danse et on chante en chœur sur le terrible et survitaminé « Night Tripper », mais on se laisse aussi submerger par l’émotion du tendre et délicat « Simon », power-ballad qui termine l’album sur une petite touche d’amertume, mais qui permet à Johanna de s’exprimer dans un registre différent, plus sensible, tout en se montrant toujours aussi crédible.

Alors, j’en conviens, la pochette est en effet aguicheuse voire racoleuse. Mais son contenu évite toute la vulgarité d’une simple appropriation old-school pour proposer sa vision des choses, plus smooth, mais surtout, plus créative, plus euphorique, plus enthousiasmante que ces disques d’AOR à la mode de chez eux qui s’empilent dans nos dossiers avec une régularité un peu trop tétanisante. Un soupçon de folie, beaucoup d’énergie, une foi sans faille et surtout, une confiance en ses propres moyens qui fait plaisir à entendre. De quoi se balader dans les rues d’Helsinki la nuit, et de se poser sous un néon pour attendre la femme de sa vie. Qui aura, à n’en point douter, la voix enjôleuse de Johanna.                    

                                                                                                                                                                                                          

Titres de l’album:

01. Another Kind Of Love

02. Neon Angel

03. Love Addiction

04. Are You There ?

05. City Is Sleeping

06. World On Fire

07. Night Tripper

08. Simon


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par mortne2001 le 10/10/2020 à 17:55
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