Beaucoup de mes proches se moquent régulièrement de mon enthousiasme pour des films un peu biscornus et bancals, qui semblent faits de bric et de broc sans vraiment raconter une histoire logique et offrir une narration cohérente. J’accepte la critique et la mise au ban de la cohérence de jugement, pourtant, je campe fermement sur mes positions. Je préfère une œuvre qui se vautre en ayant tenté quelque chose, qu’un travail formel et trop classique qui certes, respecte les codes et fait preuve de maestria, mais qui se contente d’une visite guidée de figures imposées déjà transcendées par nombre d’artistes. Je suis comme ça, un peu défenseur des causes perdues, un peu fouineur, un peu exigeant sur l’originalité. Oui, j’opte souvent aussi en musique pour des groupes qui osent quelque chose de différent, qui prennent des risques, plutôt que de m’enfiler pour la énième fois les élucubrations éculées de gentils faiseurs incapables du moindre culot. Ce genre d’attitude me donne parfois à subir les assauts d’olibrius ne sachant pas très bien où ils veulent en venir, mais aussi à apprécier de temps à autres le boulot abattu par des formations qui n’ont pas peur du qu’en dira-t-on, et qui déroulent le tapis rouge du courage face au marasme de banalité ambiante. Ainsi, en écoutant le premier album des niçois de DARK INSIDES, je me félicitais encore une fois d’avoir eu du nez, et d’avoir su repérer un potentiel créatif assez conséquent. Pourtant, il y avait de quoi me rebuter au menu. Compositions alambiquées, longues comme un jour sans pain rassis, complexité parfois un peu absconse, thèmes classiques insérés sur une trame intemporelle…Enfin, le chemin du progressif, style dont je n’accepte pas tous les préceptes, spécialement sous leur forme la plus moderne. Sauf que les DARK INSIDES prouvent avec leur premier LP qu’ils sont beaucoup plus qu’un simple groupe de progressif aux aspirations ambitieuses. Ils sont en quelque sorte l’archétype d’un combo de Heavy/Thrash classique projeté dans un univers parallèle, où la technique, la mélodie, la puissance, et l’audace se divisent à parts égales.
Fondé en 2002, ce quatuor audacieux (Vianney - chant/guitare, Laurent - guitare, Jeremie - basse, Stéphane - batterie) est plutôt du genre parcimonieux. Une simple démo en sept ans d’existence, en 2009, avant un silence de plus de neuf années pour enfin accoucher d’un premier LP. Soit un seul témoignage discographique patent pour seize ans d’existence, ce qui n’en fait pas le combo le plus prolifique de la scène. Mais s’il avait fallu attendre autant de temps pour pouvoir enfin savourer ce Netherworld, sans autre forme de gratification artistique, l’interminable attente aurait quand même valu la peine. Mais pour les marcheurs perdus, les arpenteurs du hasard et autres parieurs de l’impossible qui tomberaient par hasard sur l’œuvre en question, je me dois de vous prévenir quelque peu de ce qui vous attend. Beaucoup de surprises, pas mal d’interrogations, et surtout, une négation de la temporalité pour mieux se concentrer sur une musique sans barrières, sans contraintes, à cheval entre Heavy classique, Thrash mesuré, Progressif humble et déconstruction globale dans un élan que peu d’artistes peuvent se permettre. Sans oser le grand écart qui les aurait fait sombrer dans l’avant-garde, les niçois osent quand même le pari difficile à relever, en mixant dans un même creuset des influences disparates qui témoignent de leur passé de cover band, se faisant les dents sur IRON MAIDEN, METALLICA, QUEESRYCHE ou DEEP PURPLE. D’ailleurs, il n’est pas surprenant de constater que le quatuor n’a pas vraiment changé de passion ou de modèles, puisqu’on trouve des traces plus qu’évidentes de toutes ces références dans leur travail, qui admettons-le a été méchamment peaufiné.
Pas facile à domestiquer, impossible à dresser, la musique des DARK INSIDES est aussi claire que cryptique, à l’image de leur nom. Si ces chansons témoignent d’une introspection de ce que notre âme compte de plus sombre, elle révèle aussi une immense part de lumière qui accepte la dualité humaine. Humaines, ces chansons le sont, même en passant de la tendresse à la puissance, et elles acceptent de fait le legs d’artistes un peu plus obscurs, de MANILLA ROAD à HEIR APPARENT en passant par un SAVATAGE biberonné au RUSH dès sa naissance, le tout emballé dans un déferlement de rudesse qui rapproche les niçois d’une version ambitieuse de la Bay Area de notre jeunesse. On pense même parfois à une joute musicale entre les METAL CHURCH, le early QUEENSRYCHE et METALLICA, le tout transposé dans un vocable purement eighties qui aurait traversé le temps sans être forcément traduit. Les morceaux, tous plus ou moins longs permettent au quatuor de développer de beaux arguments instrumentaux, et de faire la part belle aux tierces et progressions harmoniques à la MAIDEN, tout en conservant cette force Thrash dont ils ne se départissent que très rarement. Individualités remarquables (précision rythmique, soi inventifs et émotionnels), collectif créatif (utilisation très décalée de l’acoustique, passages en harmonies presque jazzy surprenants mais délicats), pour un Netherworld qui ne nous emmène pas nulle part mais bien ailleurs, dans un pays où les obligations contractuelles contemporaines ne veulent rien dire, mais où le passéisme n’est pas forcément la norme.
Beaucoup de moments de bravoure à souligner sur ce disque, qui n’hésitent pas à défier le chrono en plus d’une occurrence. Mais nous sommes mis au parfum dès le dantesque « Nobody Will Regret Me », et ses huit minutes de condensé des eighties de MEGADETH, de SAVATAGE, d’HEIR APPARENT et de QUEENSRYCHE, et qui s’avoue vainqueur dès le départ, malgré quelques réserves formulables à l’égard du chant un peu trop théâtral de Vianney. Les lignes vocales sont d’ailleurs souvent le talon d’Achille du groupe, spécialement lorsque ce chanteur reste au milieu de la route, tant il semble beaucoup plus à l’aise dans la délicatesse ou la rudesse. Ainsi, le melting-pot « The Way Out », le montre sous un jour beaucoup plus flatteur, puisque la bande instrumentale passe par les deux extrêmes, adoptant la douceur d’une acoustique subtile pour mieux se brûler les ailes sur un Thrash progressif de longue haleine. On pense évidemment au METALLICA charnière de la fin des années 80, alors qu’un intermède comme « Yamanas » semble se faire un malin plaisir de nous aiguiller sur la piste d’un Hard-Rock plus direct mâtiné de guitares volubiles. Le groupe se fend même d’un hommage au maître Bowie ce qui en dit long sur leur éclectisme, et adoptent le titre original « Dark Space » du classique « Space Oddity » pour le faire leur avec beaucoup de panache. Mais pas de méprise, c’est bien leur propre répertoire qui attire l’attention et qui la conserve, et « Incipient Baldness » de démontrer une fois encore s’il en était besoin que les niçois sont décidément très à l’aise avec les ambiances multiples et les crescendos progressifs. Son plus qu’honnête, équilibre des forces, inventivité, métissage, Netherworld est donc un condensé de savoir-faire et d’ouverture d’esprit qui permet aux DARK INSIDES un premier mouvement sur l’échiquier qui laisse présager d’une tactique de jeu pondérée et discrète, mais diablement intelligente. Et pour une fois qu’un groupe ne se contente pas de nous resservir encore tièdes des plans froid depuis le SAXON de 1985, autant le signaler. Et l’apprécier.
Titres de l'album :
1.Netherworld
2.Nobody Will Regret Me
3.On Death Row
4.Yamanas
5.The Way Out
6.Run Away
7.The Cave
8.Incipient Baldness
9.Space Oddity (David Bowie Cover)
10.Working Bee
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