On dit souvent que patience et longueur de temps font plus que force et rage. Si l’adage populaire est vrai, alors les suédois d’ARKADO sont les gens les plus patients et longs de temps. Encore un parcours atypique pour une chronique classique estampillée AOR Heaven, puisque si ces musiciens au long cours sortent aujourd’hui leur premier album, leurs origines nous ramènent à l’orée des années 80. Il faut en effet revenir en l’année 1983 pour trouver trace des débuts de BB2 (BETTER BE TOGETHER), groupe fondé à Ödåkra. Durant sa période d’activité, le combo ne bénéficia que d’une seule occasion de s’exprimer, via un single qui devint l’hymne de l’équipe de foot locale et qui…l’est toujours à ce jour. Ce fut donc la seule production de cet ensemble visiblement promis à un faux anonymat, et qui passa les années suivantes en projets annexes et reformations éparses. Mais en mai 2018, les participants remirent le couvert sous leur nom d’origine, pour un concert complet à Helsingborg, avant d’intégrer à leur line-up de nouveaux musiciens dès le mois d’août. C’est ainsi que les BB2 se rebaptisèrent ARKADO pour bien montrer qu’une nouvelle carrière était lancée, se mettant immédiatement à la composition pour enfin proposer leur musique au grand public. Presque quarante ans d’attente donc pour un premier LP qui à n’en point douter doit être vécu comme une grande victoire personnelle sur le destin, et un soulagement. Et les allemands d’AOR Heaven de se frotter les mains (avec du gel, s’entend) en proposant ce Never Say Never qui s’inscrit parfaitement dans leur politique de promotion.
Aucune surprise eu égard au label et aux origines géographiques et temporelles du groupe. ARKADO est un pur produit de son temps, et un digne représentant de l’école nationale de mélodies, avec son AOR typiquement mid eighties qui rappelle méchamment les SURVIVOR, Robert TEPPER, et autres chantres d’harmonies agressives qui trustaient les ondes et charts américains. A l’écoute de ces morceaux policés et peaufinés on peut aussi penser à une version plus masculine de Tone NORUM, mais à vrai dire, les références ne manquent pas au moment d’évaluer la portée musicale de ce premier LP. Un album qui ne cherche en rien à révolutionner son style, mais qui le pratique avec bonheur et qui en utilise tous les codes et ficelles pour approcher la perfection, et qui l’atteint même sur les morceaux les plus symptomatiques. Et qui par extension s’avère assez difficile à décortiquer, les morceaux sonnant tous comme des classiques, avec leur lot de riffs sages, de lignes vocales superposées, de chœurs célestes et de concessions synthétiques formelles. Sans le vouloir vraiment puisque le début de leur carrière est ancré dans une époque hautement revisitée, les ARKADO sonnent donc vintage sans intention, et s’ancrent dans une mouvance actuelle dont ils auraient pu être les représentants en temps et en heure, s’assurant une crédibilité non négligeable. Mais une crédibilité ne se garantit pas avec un passé, encore faut-il proposer des chansons de qualité, et c’est exactement ce que les suédois vous offrent, avec un maximum de nouveaux titres et une poignée d’anciens.
Seul leitmotiv de la formation, l’originalité des morceaux. Ils refusent en effet de s’approprier le répertoire classique de l’AOR, et osent les originaux, qui sonnent tous comme s’ils avaient été composés entre 1983 et 1985. On sent cette attache ferme dès l’entame de « So Bad », premier tube d’un album qui ne contient que ça, avec ce subtil mélange de 220 VOLTS et Henri Lee SUMMER. Même le son de l’album et sa production sonnent casher, sans vraiment le vouloir, mais en refusant les artifices faciles et bombastic des bidouillages d’un Alessandro DelVecchio. Nous entendons donc des instruments qui semblent captés d’un passé lointain, et sans informations précises, il ne serait pas étonnant que certains pensent à une œuvre exhumée et réhabilitée en remastering, ce que les synthés proéminents de « To Leave it All Behind » semblent confirmer de leur patine clairement analogique. Entre saillies musclées et moments de tendresse, les ARKADO naviguent à vue entre toutes les vagues de nuances, mais ont le mérite de ne pas nous noyer dans la mélasse sentimentale, les ballades ne se départissant jamais d’une distorsion bien présente. Ajoutons en sus la puissance notable du chant de Philip Lindstrom, dont le timbre de voix lyrique mais un peu voilé fait merveille, et transcende des compositions subtiles et précieuses. Avec tous ces atouts en main, pas étonnant que les scandinaves parviennent à tutoyer le lyrisme d’un SURVIVOR ou d’un Jimi Jamison en solo (« Don’t Rape the Nature »), tout en faisant passer un message écologique d’importance. Mais tout comme leurs homologues des eighties, les musiciens n’hésitent jamais à s’aventurer en terrain plus smooth, taquinant la Pop des années 80 pour accoucher de tubes parfaitement irrésistibles (« Walk your Way »). Pas de soucis à vous faire cependant, l’assise étant clairement Rock et Hard, avec toujours cet équilibre délicatement partagé entre la guitare et les claviers, rappelant par moments la magie du DEEP PURPLE le plus radiophonique (« If We Are to Last »).
Démonstration de savoir-faire euphorisante, Never Say Never offre des temps de pause romantiques à souhait, avec cet art éternel de la ballade lacrymale aux arrangements dramatiques (« She’s So Fine »). Mais ces moments d’émotion sont immédiatement contrebalancés d’une charge de Hard Rock mélodique copieuse (« Eagle »), ce qui permet de ne jamais s’égarer sur les chemins de l’indécence mielleuse. Pris indépendamment, les morceaux sont tous des hits imparables, mais pris globalement, ils forment une symphonie composée en l’honneur d’un style indémodable, cet AOR qui n’a jamais cessé de respirer, même lorsqu’on le croyait étouffé dans les souvenirs. Et si « Never Say Never…Again » termine l’album sur une note de douceur, « Carry my Heart » en pénultième intervention rappelle que les ARKADO n’ont jamais perdu leur agressivité en route, malgré ces longues années d’errance. Une belle réussite qui aura pris son temps pour nous parvenir, mais qu’on aime à voir comme le vrai départ d’un groupe qui ne méritait pas d’être abandonné sur le bord de la route du succès.
Titres de l’album :
01. So Bad
02. To Leave it All Behind
03. Never say Never
04. Don’t Rape the Nature
05. Walk your Way
06. If We Are to Last
07. My Hometown
08. She’s So Fine
09. Eagle
10. Carry my Heart
11. Never Say Never Again
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