Pas toujours facile de trouver des infos sur la toile lorsqu’un groupe vient d’Asie. Mais en cherchant bien, on finit toujours par apprendre deux ou trois trucs…
Ainsi, j’ai découvert que les MAHATMA (du Sanskrit mahātman, « grande âme », c’est toujours ça de pris) venaient donc de Corée du Sud, de Daejeon plus précisément, ville située au centre du pays, et qu’ils s’y étaient formés au début des années 90, en 1993 pour être plus pointilleux.
Depuis, leur carrière a connu quelques difficultés à décoller, puisque leur premier album officiel n’a vu le jour qu’en 2004 (ou 2005 selon les sources), The Endless Struggle Against Time, rapidement suivi une poignée d’années plus tard par un second, Perseverance, qui en effet méritait bien son nom.
Mais il leur aura fallu attendre encore presque une décade pour que leurs aventures se poursuivent, et en cette fin 2016, c’est leur troisième LP qui voit enfin le jour, ce New Justice qu’ils ont donc eu le temps de peaufiner.
Publié comme d’habitude par leur label Coréen Dope Entertainment, ce longue durée est un concentré de Thrash en fusion, qui prouve que la scène Coréenne est toujours en pleine ébullition, mais aussi qu’ils en incarnent une sorte de leadership, puisqu’ils font partie des groupes les plus réputés du genre (visiblement, notre label national Listenable a déjà distribué leur travail en Europe).
C’est donc un quatuor affûté que nous retrouvons (Jonggap Yoon – chant, guitare, Yeongjoon Park – guitare, Jooseon Yi – batterie et Yeongchoon Jeong – basse) sur ce New Justice qui essaie d’imposer sa loi Metal, et qui y parvient sans peine en proposant un Thrash délicieusement vintage, qui ne se pose pas de problème existentiel, et se contente d’aligner les riffs meurtriers et les rythmiques affolées.
Les MAHATMA incarnent en quelque sorte un archétype d’exemple de groupe ayant démarré sa carrière à l’orée des années 90, et qui a donc traversé diverses époques du genre, ramenant dans son giron de nombreuses influences et faisant fructifier ses connaissances sur le sujet.
Vous pouvez donc leur faire confiance, ils connaissent le principe, et nous l’exposent au travers de dix morceaux, qui s’ils ne révolutionnent pas le genre, pérennisent son héritage avec une belle énergie et une conviction sans faille.
A la première écoute, beaucoup d’influences affleurent l’esprit, notamment celle des ACCUSER en version moins épileptique, mais aussi évidemment, les sempiternels KREATOR, SEPULTURA, ainsi que quelques autres que le groupe lui-même propose, comme CORONER ou SODOM, et il n’est pas faux d’affirmer qu’ils se situent dans une moyenne générale de ces citations.
Niveau technique individuel patent, implication totale dans une débauche d’énergie sous contrôle, ce troisième album poursuit les expériences menées plus en amont, et les perfectionne même, développant un joli équilibre entre puissance et finesse de trait, sans vraiment pencher d’un côté ou de l’autre.
Si la première partie du LP se focalise sur des interventions courtes et efficaces, à l’image sonore de cette entame « All That’s Left To Me », qui démarre bon train avant de se plonger dans un dédale de breaks et de cassures rythmiques qui dynamisent l’écoute, la seconde préfère développer des variations plus aérées, et développées, culminant sur un sidérant « The Never Ending and What Will Never Ends » frisant les huit minutes et faisant preuve d’une créativité étonnante. Le meilleur des deux mondes en quelque sorte, et les quatre musiciens semblent aussi à l’aise d’un côté du miroir que de l’autre.
Si les compos les plus rapides restent raisonnables dans leur démesure, ce morceau épique nous montre un autre visage, plus ambigu, aux traits plus complexes…Arpèges électriques déviants, basse qui se propose de jouer les premiers rôles, et thème principal amené avec beaucoup d’intelligence, avant d’imposer un mid tempo très inventif.
Harmonies prononcées mais subtilement agencées, sans tomber dans la mièvrerie ni l’excès de séduction sucrée, et dédale technique à la CORONER qui rend enfin cette référence patente, pour un labyrinthe musical digne d’une récréation commune à DREAM THEATER et DEATH ANGEL.
Outre les qualités rythmiques du groupe, la voix grave et les accents tonitruants de Jonggap Yoon sont assurément un avantage, et le chanteur/guitariste à l’art de dynamiter des compos dont la mèche n’attendait qu’une légère étincelle pour s’enflammer.
Ajoutez à ça des soli tout à fait capables, une tendance à trousser de soudaines accélérations foudroyantes («Indelible Scars », véritable casse-tête de plans qui se télescopent sans perdre de leur efficacité), une propension à plaquer des riffs fatals sur une vélocité létale (« War Without End », véritable hymne en puissance qui va faire très mal en concert), et quelques gimmicks séduisants (l’intro très AC/DC meets HOLY MOSES de « Primary Poin »), et vous obtenez un cocktail très relevé, qui pourtant ne vous brûle pas le gosier dès la première goulée.
Quelques accalmies lourdes et pesantes qui varient le propos (« Rules Of Regulation », pourtant l’un des plus rapides du lot, dans un DARK ANGEL style un peu mosh sur les bords), et des envolées torrides qui une fois de plus savent imposer des patterns inhabituels (« Entropy »), qui confirment la prédominance d’un groupe sur cette scène locale, et justifie ces décennies d’existence par une affirmation globale d’un talent universel.
Un troisième album qui va donc permettre aux MAHATMA de se paver une voie royale sur la route du succès, et gageons que l’on retrouvera très bientôt le quatuor sur les scènes internationales.
New Justice n’est pas forcément nouveau dans le fond, mais il est frondeur dans la forme. Grandeur d’âme et lucidité, une combinaison éclairée, pour un Thrash de très haute volée.
Et pas la peine de prier ou de respecter des dogmes pour l’apprécier. Il suffit de l’écouter.
Titres de l'album:
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