Il est toujours possible de faire du recyclage son fonds de commerce. Car après tout si les figures d’origine affichent parfois trois, quatre ou cinq décennies au compteur, rien n’empêche leurs admirateurs et suiveurs de tenir la distance, et de devenir des références d’influences eux-mêmes. Voici donc un intéressant paradoxe, un peu comme si un groupe de covers devenait aussi important que le groupe qu’il pille, et c’est donc de trente ans d’existence dont les américains de SLOUGH FEG peuvent se targuer, eux qui ont vu le jour en 1990 du côté de la Pennsylvanie. Tirant leur nom d’un méchant du comics Sláine, abreuvé de légendes celtiques, ce groupe a connu un parcours à part, constellé de réalisations sous toutes formes, et même d’une abréviation de son nom originel, qu’il retrouve donc aujourd’hui. Et ça n’est certainement pas un hasard si SLOUGH FEG est redevenu THE LORD WEIRD SLOUGH FEG pour nous proposer son premier LP depuis Digital Resistance, publié il y a déjà cinq ans. New Organon est donc une fois encore une œuvre d’adaptation, basée sur les théories d’Aristote, devenues méthodes scientifiques, mais aussi sur le livre de Francis Bacon du même nom, ce qui permet au groupe de renouer avec ses racines…Toujours mené de main de fer et de cerveau affamé de savoir par Mike Scalzi (guitare/chant, seul membre d’origine), le quatuor comprend toujours dans ses rangs Adrian Maestas (basse, mais aussi le chant sur un morceau), Angelo Tringali à la guitare et le récemment embauché Jeff Griffin à la batterie (mais qui partage son siège avec John Dust), et se veut toujours vecteur d’expression pour son tempétueux leader, qui avec ce comeback entreprend de remettre les pendules à l’heure du passé, se rapprochant des premières œuvres de sa créature. New Organon renoue donc avec quelques albums historiques du combo, et nous replonge dans les affres de la fascination du Heavy Metal de l’orée des 80’s, que les américains agrémentent toujours de cette approche celtique et Folk de très bon goût.
Revenant dans le giron du label italien Cruz del Sur Music qui fut leur partenaire à l’époque d’Ape Uprising! et The Animal Spirits, et quittant donc la force indépendante de Metal Blade, les quatre musiciens opèrent donc une légère déviation pour se rapprocher de leur passé, ce qui se ressent dès les premières notes de « Headhunter ». Certains ont d’ailleurs reproché au groupe ce son si étouffé, qui matifie la batterie au-delà du raisonnable (et le fait que deux batteurs se soient partagé les responsabilités n’aide pas non plus à la stabilité), mais après écoute de ces dix nouveaux morceaux, je dois reconnaître que ce choix n’est pas si incongru, puisque New Organon se cale un peu plus encore sur cette ligne de conduite qui a fait du groupe un des disciples les plus crédibles de THIN LIZZY. On retrouve encore sur ce dixième longue-durée ces tierces que l’on aime tant, cette façon d’amalgamer le Rock dans un Heavy à forts relents celtiques, ces soli épidermiques hérités de la NWOBHM, mais aussi cette volonté épique qui se matérialise même sur les morceaux les plus courts. D’ailleurs, le métrage de cette sortie reste plus que raisonnable, avec moins de quarante minutes de musique, et des morceaux qui n’hésitent pas à passer sous la barre des trois minutes. Artistiquement parlant, les fans hardcore ne seront pas surpris par les options, puisque la nouvelle offrande ressemble beaucoup à ce que les américains ont proposé depuis le début de leur carrière, y compris ces intermèdes surprenants, à la lisière du progressif des seventies, et notamment sur le valsant et euphorisant « Coming of Age in the Milky Way » qui ressemble à s’y méprendre à une petite récréation ludique de YES.
Le reste du nouveau répertoire, plus classique, se concentre sur une hybridation entre le Heavy anglais du début des eighties et le Hard épique américain de la même époque, avec en exergue cette fusion très pertinente et déstabilisante entre TROUBLE, SATAN, MANILLA ROAD et THIN LIZZY, pour aboutir à un mélange toujours aussi hétéroclite, mais diablement homogène. Percussions sans écho, riffs qui se concentrent sur des motifs mémorisables mais qui n’hésitent jamais à sortir des sentiers rebattus, et cette voix, un peu larvée, légèrement étouffée qui nous raconte ses histoires de science et de nature. Mais loin de se contenter d’une relecture un peu doomy des canons de l’histoire du Heavy Metal, les THE LORD WEIRD SLOUGH FEG nous prouvent qu’ils savent toujours faire du Rock, du vrai, avec les tripes et les guitares en avant, via un trépidant et explosif « Being and Nothingness », qui sautille comme un MAIDEN de l’époque Killers. Un MAIDEN toutefois atténué par une approche mélodique à la LIZZY, qui prend aux tripes de son énergie, et qui multiplie les cavalcades, les saccades, et les soli déchirants qui n’en font jamais trop. Cet équilibre entre formalisme lyrique et débordements Rock est justement ce qu’on a toujours aimé chez ce groupe qui depuis trois décennies trace son chemin sans se demander si sa philosophie est toujours pertinente, et autant dire qu’elle l’est. Sans bousculer leur historique, les quatre californiens (depuis quelques années quand même) proposent donc un survol de leur carrière, un résumé non exhaustif, mais qui permettra au néophyte d’aborder leur discographie par une entrée viable et solide. Il pourra donc apprécier cette succession de morceaux évolutifs et d’inserts plus brefs mais à l’ambiance pesante (« Discourse on Equality »), et surtout reconnaître des musiciens à la foi indéfectible et à la passion tangible.
Sans proposer les meilleures chansons du répertoire global et trentenaire, New Organon se place parmi les œuvres les plus équilibrées du quatuor, et ose même le dramatisme le plus sincère pour convaincre les fidèles (« The Uncanny »), avec cette double grosse caisse étrange au son délicatement analogique, et cette basse à la Steve Harris qui galope de ses doigts agiles. Ce morceau, l’un des meilleurs du lot semble avoir tenu compte des leçons données par les suédois ces dix dernières années, sonnant comme un hit légèrement soft à la rythmique pourtant hargneuse. Rien de fondamentalement surprenant dans les faits, mais un retour qui fait plaisir, patiemment élaboré et qui parvient toujours à trouver le juste milieu entre Heavy classique et tonalités celtiques modulées (« Exegesis/Tragic Hooligan »). Evidemment, certains passages à la limite du plaisir bucolique pourront surprendre les non-initiés, « The Cynic » sonnera pour beaucoup comme une démo non mixée rajoutée in extremis (il est vrai que sur ce coup-là, le son est vraiment catastrophique), mais globalement, et un peu loin du chef d’œuvre, New Organon reste un disque sympathique qui permet de reprendre contact avec un groupe non moins sympathique, qui devra peut-être à l’avenir faire plus attention au son qu’il choisit histoire de ne se mettre personne à dos après cinq ans de silence.
Titres de l'album :
1.Headhunter
2.Discourse on Equality
3.The Apology
4.Being and Nothingness
5.New Organon
6.Sword of Machiavelli
7.Uncanny
8.Coming of Age in the Milky Way
9.Exegesis/Tragic Hooligan
10.The Cynic
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