Vous apprécierez à sa juste valeur le jeu de mots du titre, sans vraiment savoir qui est cet accapareur dont le groupe parle. Ne faut-il y voir qu’une simple boutade pour attirer l’œil ou un réel message qui dénonce une mainmise ? N’ayant pas d’informations sur le sujet, autant passer à la musique, qui elle, est aussi vicieuse et oppressante que ce titre n’est énigmatique.
TREEDEON, c’est une histoire qui dure depuis dix ans déjà, et qui nous est racontée à intervalles irréguliers depuis Berlin, Allemagne. Après deux albums ayant eu un écho certain dans l’underground, le trio (Yvonne Ducksworth - basse/chant, Andy Schünemann - batterie et Arne Heesch - guitare/chant) s’est muré dans le silence, nous laissant poireauter dans la salle des pas perdus en attendant que le train bruitiste arrive à destination. Et il a mis du temps à arriver, cinq ans plus exactement, pour nous délivrer un message suffocant et irritant, à base de gravité, de stridences, de fulgurances et autre feedback assourdissant. Mais il est bien là aujourd’hui, ce New World Hoarder qui présente une réalité peu amène en espoirs.
On peut concevoir l’univers de TREEDEON avec une formule assez simple, en mode recette pour enfants pas sages qui préfèrent les joies de la fumette à la rigueur du travail scolaire. EYEHATEGOD+NEUROSIS+BLACK SABBATH = TREEDEON, on ne peut guère faire plus simple et plus compréhensible, et cette opération résume à merveille la démarche des berlinois qui depuis leurs débuts, fusionnent Noise et Sludge avec un panache certain. Mais un peu flémard sur les bords.
Si le groupe vous est inconnu, jetez-vous immédiatement sur le long et suintant « Omega Time Bomb ». Inutile en effet de passer par le pédiluve ou de se chauffer les muscles, cette longue suite traumatique de plus de dix minutes est le meilleur moyen de s’acclimater à l’eau glacée et aux haltères les plus lourdes. Sur un instrumental répétitif au possible, jusqu’à la gerbe, se greffent les vocaux du fils illégitime d’Ozzy, qui geint, crie faiblement, se plaint constamment, et finit par pousser le bouchon si loin que les poissons se marrent encore.
La formule est d’usage, le rendu effectif, et les fans de Sludge ne se plaindront certainement pas de ce petit plus Noisy qui rend les morceaux encore plus abrasifs. Loin de se contenter de pilonner sans réfléchir, mais en suivant une piste unique, les TREEDEON construisent un pont reliant les seventies du SAB’ et les eighties des premiers SOUNDGARDEN, font un clin d’œil appuyé aux MELVINS, mais aussi au Desert Rock des nineties, celui sec comme un coup de trique sous le soleil de Joshua Tree.
Pas de quoi se relever la nuit, mais de quoi traduire une époque en musique avec une acuité certaine. Six morceaux seulement, mais deux de plus de dix minutes, largement de quoi voir venir, entre deux attaques de SONIC YOUTH et CROWBAR. Bain d’acide lysergique dans lequel on plonge les neurones les premiers, New World Hoarder ramasse et restitue la poussière de la pièce pour mieux étouffer vos poumons. Alors, du fuzz, des riffs lourds comme une brique sur le coin de la tronche dans une rue décatie de Berlin, des allusions gravissimes pour un cheminement logique, crasseux, jonché d’immondices et autre vestiges d’une humanité à la dérive complète.
Inutile d’espérer ce que le trio ne vous offrira pas : des digressions, des déviations, de l’audace, des thèmes multiples et des cassures rythmiques impromptues. Non, car il préfère jouer le franc jeu d’un Sludge écorché mais régulier, honnête et respectueux des codes, mais justement savoureux car prévisible et rassurant. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes lorsqu’on joue une musique censée déstabiliser et irriter comme du papier de verre, mais on accepte ce formalisme, même si les six morceaux pourraient s’appréhender comme une longue évolution de quarante-cinq minutes, à peine découpée par de petits silences inter-titres.
Faites ce que vous voulez, contentez-vous d’un morceau ou de l’ensemble, mais ne manquez surtout pas la sortie de route « Läderlappen ». Douze minutes de tension, de chant braillé, pour un épilogue aussi évident que pertinent. Après tout, on ne choisit pas le Sludge pour son esprit aventureux et son sens de la surprise. Non, on le choisit parce qu’il est monolithique, et que les idées qui vous viennent sont obsessionnelles.
Alors, tout ça peut paraître long, mais tout est relatif. TREEDEON joue son propre jeu, et c’est déjà pas si mal.
Titres de l’album:
01. Nutcrème Superspreader
02. Omega Time Bomb
03. New World Hoarder
04. Viking Meditation Song
05. RHV1
06. Läderlappen
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