Peu d’informations à vous communiquer sur ce groupe finlandais qui a sorti cette année son deuxième longue-durée, si ce n’est que les MALUM (aux homonymies nombreuses) ont entamé leur carrière en 2013, et qu’ils ont depuis sorti un certain nombre de publications. Deux EP pour l’année 2014 (Malum et Burning Trident), un premier album en 2015 (Crowned with the Serpent Sun), un troisième EP en 2016 (Awakening of the Black Flame), ainsi qu’un split en compagnie des INSANE VESPER début 2017, Luciferian Dimensions. Leur page Facebook n’est pas plus diserte sur leur sujet, et inutile de compter sur une quelconque bio pour tenter d’en savoir plus. Vous voici donc avec le minimum d’éléments pour jauger l’évolution du combo si vous n’avez pas suivi l’affaire depuis le début. Ayant quand même tendu une oreille sur leurs efforts passés, histoire de pouvoir juger en toute objectivité, je dirais que leur approche d’un BM foncièrement brutal et occulte a atteint aujourd’hui une sorte d’apogée, puisqu’ils se rapprochent de plus en plus des racines les plus élémentaires du genre, sans trahir leur propre personnalité. Mais autant avouer de suite que leur optique est résolument traditionnaliste, et ne remet aucunement en cause les dogmes établis par les figures de proue des années 90 et 2000.
Il serait même possible, après dissection des quarante-cinq minutes de ce Night Of The Luciferian Light de situer les MALUM en convergence du triumvirat MAYHEM/MARDUK/BEHEMOTH, avec un petit bémol pour ces derniers, dont les finlandais n’empruntent qu’un certain désir de grandiloquence dans la puissance. Mais ces références semblent pertinentes, d’autant plus que les nuances sont quasiment absentes de la progression de ce second LP.
Le quintette (Tyrant : chant/composition, VT & Ev - guitares, HH – batterie et KK – basse) ne cherche aucunement à approfondir les fondements qui lui servent de base, et utilise la violence en tant que but, et non comme fin en soi, modulant quelque peu sa rythmique pour ne pas trop se reposer sur un lit de blasts stable. Notons quand même un jeu assez impressionnant du batteur HH, qui joue avec ses toms comme Hellhammer les maltraitait au sein de MAYHEM, mais qui rappelle aussi Fredrik Andersson pour cette fluidité dans l’enchaînement des plans puissants. Les ambiances sont globalement délétères, avec ce petit apport de mélodies discrètes qui valident une corrélation avec les errances symphoniques de DISSECTION, sans bien sûr en approcher le génie harmonique.
L’aspect occulte est bien évidemment en pleine emphase, ce que démontre l’intro maléfique de « O Satan, O Lucifer », au tocsin résonnant funèbrement dans un écho de grondements inquiétants, comme une version moderne et délibérément satanique des litanies originelles de BLACK SABBATH. De là, les poussées de violence ne connaissent que peu de rémission, sauf au détour de quelques breaks qui jouent sur l’ambivalence d’un Heavy vraiment malsain, tournant les choses à l’avantage d’un Doom salement efficace. Les morceaux, s’ils ne se distinguent pas forcément de la masse globale, ont tous quelque chose à proposer, même si l’homogénéité tient une place importante. On se retrouve donc face à des titres qui n’hésitent jamais à jouer la montre en frisant systématiquement les sept minutes, handicap certain lorsque les idées se répètent ou viennent à manquer en se rassurant de plans déjà entendus ailleurs.
Mais là est l’écueil principal d’un BM qui refuse toute forme d’évolution, et qui préfère piocher chez ses influences pour avancer. On pense ainsi de temps à autres au Heaven Shall Burn de qui-vous-savez, même si les chansons ici sont moins marquées d’un tempo unique, et laissent même assez souvent une basse proéminente et ronde s’exprimer plus librement (« Kaste, Kirous Ja Kuolema »). Le traitement vocal est par contre le point fort de Night Of The Luciferian Light, spécialement lorsqu’il se dédouble pour incarner une schizophrénie palpable, rendant ainsi les interventions de Tyrant très efficaces, et parfois, relativement effrayantes.
Une fois assimilés les riffs circulaires, et les changements de direction somme toute amenés avec douceur, le cheminement de l’œuvre est assez simple à saisir. Tout au plus pouvons-nous souligner des segments plus volontiers lourds, à l’image sonore de « Altar Of Ritual Death », au chant sous-mixé et à l’ambiance DARKTHRONE/early MARDUK assez agréable. Difficile d’en dire beaucoup plus au sujet d’un disque qui se veut formellement franc dans l’outrance, qui reste d’ailleurs modérée. Les accélérations ne prennent personne au dépourvu, et les roulements de toms qui sont souvent calés sur le même modèle confèreront pour certain une patine hypnotique à l’ensemble, mais entraîneront une lassitude indéniable pour les plus exigeants (« Where Light Ascends »). Les plus mauvaises langues diront qu’une fois parvenus au dernier morceau, ils se sont sentis libérés, tant le manque de variations les aura éprouvés, mais admettons quand même que pris en tant que bloc monolithique, Night Of The Luciferian Light sent le soufre et les effluves putrides du BM nordique des origines, genre qu’il ne contribue toutefois pas à faire avancer d’un iota.
Mais tout le monde n’a pas de grandes aspirations artistiques, et celles de MALUM restent dans une moyenne raisonnable de véhémence et de violence. Sans être fondamental, ce qu’il n’est assurément pas, ce second LP se situe dans une moyenne agréable de Black brutal, qui sait quand même faire monter la sauce et la diluer pour ne pas la rendre trop épaisse et indigeste. Espérons qu’à l’avenir les finlandais se montrent plus entreprenants, sous peine de rester dans un anonymat qu’ils ne méritent pas forcément. On les sent capables de faire beaucoup mieux que ça, et de prendre suffisamment de risques pour laisser une emprunte durable dans le grand livre des maléfices qu’ils semblent suivre à la lettre.
Titres de l'album:
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