Pendant que le Metal se renouvelle d’un côté, il reste sur place de l’autre. Inutile de tabler sur un recensement exhaustif de tous les groupes faisant avancer les débats pour les comparer à ceux qui refusent toute forme d’évolution, puisque la balance risque de rester en équilibre. Y a-t-il un mal à préférer les sonorités originelles à la fusion et au crossover ?
Je n’en suis pas sûr, puisque des hordes de fans semblent se contenter de riffs recyclés, de rythmiques encore plus martelées, et de volutes de chant s’évaporant dans un ciel sombre qui rappelle salement les fumées industrielles de Birmingham.
Oui, bon, la finalité de tout musicien n’est pas de payer un tribut à BLACK SABBATH, ST VITUS, WITCHFINDER GENERAL ou TROUBLE, ni de flotter aux côtés des BARONESS, LIKE THE DEAD, CATHEDRAL ou autres SLEEP, mais certains y trouvent leur compte, et leurs rangs semblent de plus en plus serrés. Dès lors, cette chronique leur sera adressée, et gageons que le nom d’ARMY OF DAGON ne doit pas leur être totalement inconnu.
Dagon, le grand ancien, dieu poisson, qui guide de ses troupes l’inspiration de ce trio a donc trouvé une nouvelle incarnation de sa lourde puissance, qui toutefois s’exprime via un médium un peu plus léger que la moyenne, sinon varié dans ses déclarations. Mais ces défenseurs de la pesanteur ne viennent pas des fonds marins, et ont vu le jour sur une terre bien tangible…
Trois musiciens, John Rockwell (guitare/chant), Dwayne Morman (batterie) et Andrew Rodgers (basse), nous en venant de Seattle, et qui en 2017 nous offrent donc leur second LP, suite à leur éponyme début de 2015. Pendant ces deux années, pas grand-chose n’a changé, si ce n’est une professionnalisation du son qui aujourd’hui peut rivaliser avec celui des plus grandes formations. Selon son crédo, le trio combine des éléments de Heavy Metal, de Doom traditionnel, et de Heavy Rock, pour composer des hymnes à la nature, aux fantômes, aux religions anciennes et aux batailles perdues.
Leitmotiv comme un autre, qui permet à ces trois défenseurs de la lourdeur pas si pachydermique que ça de dispenser une poignée de chansons certes assez statiques, mais suffisamment aérées pour ne pas nous enfermer dans une claustrophobie auditive propice à la tétanisation des muscles des plus sensibles d’entre nous. Halte-là, ici la course à la lourdeur n’est pas l’obsession majeure, et ce trio a finalement privilégié une approche assez séduisante du Doom, en le confrontant aux racines mêmes du Heavy Metal, histoire de ne pas se fondre dans la masse des névrosés réfutant la vitesse et l’harmonie.
Toutefois, inutile d’attendre de subtiles mélodies de flûtes sur fond de progressif naturel, le Doom reste roi en son domaine, même s’il est suffisamment bridé pour avancer. On se retrouve face à huit titres qui heureusement ne jouent pas trop la montre, et suffisamment puissants pour captiver les plus exigeants d’entre vous.
Pochette graphique superbe, avec ces trois vestales inquiétantes et perruquées, le regard menaçant et le corps dévoilé, tenant dans leurs mains un livre de loi, qui pourrait être celui qui a influencé les ARMY OF DAGON dans leurs compositions.
Compositions assez courtes pour le créneau d’ailleurs, et qui sont portées par des thèmes assez semblables, des riffs qui sonnent plus Rock que Doom, et survolées d’un chant plus ou moins lyrique, aux systématismes assez flagrants, et assez cohérents pour assurer une continuité à cet album qui n’en oublie pas pour autant de distiller sur son passage un nombre conséquent de brisures rythmiques et de breaks percussifs pour ne pas nous endormir trop vite.
Difficile de comparer les originaires de Seattle à d’autres ensembles, et d’ailleurs, eux-mêmes ne jouent pas vraiment le jeu des influences. Prenons donc leur musique pour ce qu’elle est, une longue litanie sevrée de Heavy Rock plutôt convaincant, et de Doom léger, qui vient uniquement pour dresser la table des agapes mystiques de son ambiance lourde.
De fait, Night of the Mystics est assez plaisant, et loin de l’oraison funèbre d’ordinaire proposée par des groupes focalisés sur l’immobilisme de la gravité. Ici, le son global est plutôt médium, et les riffs proposés sont parfois vraiment accrocheurs. Bien sûr, impossible de passer à côté de cette homogénéité qui relie les titres les uns aux autres, au point de les coudre ensemble pour les attacher d’un fil noir en forme de couette pour une nuit sans fin, mais admettons quand même que les ARMY OF DAGON ont trouvé un bon équilibre entre Heavy, Doom et Rock estampillé 70’s.
Tout n’est pas à adopter d’emblée, et il est très facile de bousculer l’ordre d’un tracklisting agencé en bloc, puisque de « Black Mountain Sheep » a « The River », peu de choses changent. Le tempo reste calé, la guitare obnubilée par un thème qui n’offre que peu de variations, et la basse égrène ses lourdes notes avec une agilité indéniable, jusqu’à ce que le trio décide de pousser les choses un peu plus en profondeur sur le long « Warthon », qui lui ose enfin s’aventurer en terrain Doom moins meuble.
Dès lors, on se retrouve plongé quarante ans en arrière, lorsque le SAB’ défrichait les terres désolées de la lourdeur instrumentale, et il n’est pas incongru d’établir un parallèle entre le chant de John Rockwell et celui d’Ozzy.
Le final « Amulet Of Strenght », même logique par rapport à la progression d’ensemble, tente aussi quelques nuances bienvenues en forme de conclusion, même si les caresses vocales un peu bancales retrouvent leur inspiration d’origine. Le ton est (re)donné, et l’évolution une fois de plus bloquée, et pourtant une certaine fascination émerge de l’ensemble qui fonctionne comme un mantra. Néanmoins, et même après plusieurs écoutes attentives, il est impossible de vraiment s’immerger dans cette aventure qui plaira à de nombreux fans de Heavy vintage. Le tout est bien joué, interprété avec conviction, mais les répétitions encore un peu trop évidentes et les thèmes trop rapprochés pour vraiment susciter l’adhésion.
Mais comme je le disais, certains n’envisagent le Heavy Metal que sous son angle le plus pur, celui-là même que les origines de base plantaient dans le sol aride du cimetière hippie. Et sous cet aspect-là, les ARMY OF DAGON ont de grandes chances de séduire une fanbase conséquente avec Night of the Mystics, qui a tout d’une célébration nocturne pour ceux que le vrai sabbat effraie encore un peu trop.
Titres de l'album:
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