Je ne vais pas le cacher, si je me suis décidé à chroniquer le premier album de NUCLEAR WINTER, ça n’est pas à cause de sa pochette, classique, ni à cause de son nom, délicieusement rattaché à nos bons vieux SODOM. Et encore moins après avoir lu le style pratiqué, qui fait partie de ceux que je fuis avec application. Death mélodique, Mélodeath selon votre préférence, un genre qui tourne en rond depuis les premières exactions d’AT THE GATES, avec toutefois une petite précision concernant NUCLEAR WINTER, qui ajoute un soupçon d’Industriel à son cocktail. Pas de quoi titiller ma curiosité donc, alors jouons la franchise. Ce qui m’a décidé à m’atteler à cette chronique est bien le pays d’où vient ce projet, le Zimbabwe. En effet, un chroniqueur lambda n’a pas souvent l’occasion de s’attaquer à la scène Metal d’Afrique australe, et je serais bien peiné au moment de devoir vous citer des artistes en ayant émergé un jour. Cette curiosité est-elle malsaine, et ce désir d’exotisme est-il répréhensible éthiquement parlant ? Je ne pense pas, il répond juste à une envie de découvrir tout un pan culturel inhabituel et méconnu, et si ce groupe était constitué d’Inuits ou originaire de Micronésie, la curiosité eut été la même…Bref, nonobstant ces précisions géographiques et cet aveu explicite, attachons-nous à décrire la musique proposée par ce nouveau venu sur la scène mondiale, qui ma foi, commence sa conquête du monde de façon modeste et discrète. En parcourant le Net, peu d’informations sont disponibles sur le groupe, et pour cause, il n’en est pas un. Grâce aux moyens de production modernes, un musicien isolé peut tout à fait enregistrer un album entier par ses propres moyens, et c’est donc ce qu’a fait Gary Stautmeister de son Harare natal (capitale du Zimbabwe et anciennement Salisbury). Il nous présente donc le premier jet de sa créature NUCLEAR WINTER, Night Shift, et son tour de garde s’accompagne d’un melting-pot Metal assez complet, et bien plus riche qu’une simple copie Melodeath classique et factuelle.
En regardant les photos de Gary, on l’imagine plus volontiers évoluant dans la Pop ou les relations publiques, tant son sourire éclatant et sa blondeur virginale ne l’affilient pas vraiment de fait à la scène Metal. Avec ce physique à avoir fait partie d’un des premiers boys-band du Zimbabwe, le musicien surprend de sa véhémence, et fait montre de certaines qualités d’agencement et de composition. Bien sûr, et pour rester honnête, ce premier album n’est pas de ceux qui marqueront les esprits. Il est plutôt à envisager comme une démo améliorée, une carte de visite destinée à exposer les possibilités d’un musicien qui n’en manque pas, et qui est capable de se charger de tous les postes, de la guitare au chant en passant par la programmation, les arrangements, et la production, celle de Night Shift étant encore un peu light, mais professionnelle. Le musicien le dit lui-même, son travail se veut « Heavy, mais avec quelques touches plus légères » et cette assertion est certainement celle qui définit le mieux sa musique. On trouve évidemment des traces des mentors du créneau, de AT THE GATES à DARK TRANQUILITY, en passant par SOILWORK ou IN FLAMES, mais aussi quelques réminiscences moins marquées Death comme CREMATORY ou FEAR FACTORY, lorsque le côté mécanique et automatique des compos est plus accentué. En résulte donc ce fameux Death mélodique et subtilement Industriel dont se targue l’auteur, qui malheureusement, et ce malgré un talent indéniable, ne parvient pas encore à nous convaincre totalement. Premier écueil, le son de la programmation, encore un peu trop synthétique, et le second, pas des moindres, l’aspect trop homogène de compositions qui semblent se fondre les unes dans les autres sans réelle différence. Mais lorsque la mécanique est bien huilée et que les thèmes sont accrocheurs, on se laisse amadouer, comme dans le cas du percutant « Fragments of Grandeur », qui suggère une union fugace mais efficace entre le CARCASS des années pré-split et le STRAPPING YOUNG LAD le plus léger.
Pas de chef d’œuvre à attendre donc, mais là n’était pas l’intention. Avec NUCLEAR WINTER et Night Shift, Gary voulait se faire un nom, et montrer ses capacités. La mission est donc remplie, et admettons que l’artiste/instrumentiste parvient souvent à trouver des riffs ou des arrangements vocaux tout à fait persuasifs. C’est spécialement sur la seconde moitié de l’album qu’on remarque ces aptitudes, avec un « Third War » vraiment catchy aux nombreux chœurs enchevêtrés. On regrette principalement que Gary n’ait pas choisi une option plus évolutive, avec des morceaux plus concentrés sur les ambiances, le format restant désespérément classique dans le fond et la forme, et jamais au-delà de trois ou quatre minutes. On sent pourtant que Stautmeister a le potentiel pour faire des choses plus ambitieuses, lui qui ne recule jamais devant une atmosphère savamment travaillée aux synthés, et rappelant clairement les travaux de Burton C Bell et du gros Dino (« The Coming Darkness »). Et bien que l’ensemble soit encore un peu fragile, le potentiel est bien là, et avec quelques années d’expérience en plus, le concept NUCLEAR WINTER pourra et devra devenir plus solide, et moins axé sur des systématismes de jeunesse et des influences trop marquées. On retiendra pour le moment une bonne compréhension du Death mélodique et de ses impératifs (guitares volubiles qui valsent entre riffs charnus et mélodies ténues), une utilisation très fine des couches vocales (la voix du monsieur n’est pas désagréable en clair comme en growls), mais une timidité de composition qui empêche les morceaux de vraiment décoller. On en oublie vite en tout cas que l’intérêt de départ se soit limité à une provenance géographique, et même si Night Shift n’est pas le genre d’album vers lequel on revient souvent pour en percer les secrets, il est bien plus qu’une note d’exotisme remarquée sur une page envahie par les habituelles références suédoises, allemandes ou américaines.
Titres de l'album :
01. The Western Gate
02. Down Where We Belong
03. Blueshift
04. The God Without Shadows
05. Life Sick Hearts
06. Years Lent
07. Fragments of Grandeur
08. Third War
09. The Coming Darkness
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