Quel plaisir de retrouver un groupe culte de la scène française, de celle qui a gravement perturbé les années 90 de sa rage et de son envie de retourner à des préoccupations plus brutes. ALEISTER, reformé il y a quelques années via un coup de pouce donné par un ouvrage célèbre, revient donc en 2023 avec des arguments, mais aussi de façon un peu trop discrète. En effet, ce troisième album attendu depuis de longs mois joue les pinces et ne nous offre que vingt-quatre minutes de musique, un timing plus adapté au Grind et au Hardcore, ou à une chanson unique de TOOL.
Entre Aleister Crowley et ALEISTER a les crocs, le choix est vite fait. Quatre ans après la secousse tellurique de No Way Out, qui empêchait toute sortie prématurée, le quatuor de Delle (Neon - batterie, Didier Renaud - basse, David Roustany - guitare/chant et Valentin Maugain - guitare) remet les couverts sur la table des plaisirs violents et nous offre un nouveau chapitre de sa longue histoire. Une fois encore, la concision est de mise avec sept morceaux et pas plus, et si l’appétit est à peine rassasié de cette charge brutale, on déguste ces nouveaux hymnes à la virilité qui se situent toujours quelque part entre Thrash groove solide des nineties, et Techno-Thrash estampillé fin des années 80, mais plus allusif que démonstratif.
En exergue, toujours la voix râpeuse et rocailleuse de David Roustany, sa guitare précise et tranchante, et le jeu percussif et puissant de Neon, les deux survivants de la grande époque depuis les eighties. Les deux hommes en ont toujours sous le coude, et nous écrasent de leur puissance assourdissante, et de leur énergie de tous les diables.
Lesquels plus précisément ? Comme vous voulez, Belzébuth, Legion, Belial ou Satan lui-même, même si le groupe s’est toujours tenu à l’écart de ce cirque occulte. Encore une fois soutenu par le label national M & O Music, ALEISTER renouvelle ses vœux, et sabre dans le vif pour honorer une tradition née en 1994 et la parution de Tribal Tech. Entre SLAYER, PANTERA et MEGADETH, Nightmare est un cauchemar pour les amoureux old-school de la vague nostalgique, et percute de plein fouet les facilités d’usage d’une production mondiale un peu trop prévisible.
Sans provoquer le spectre de l’originalité, mais en serrant fort la taille de la tradition contemporaine revue et corrigée sans être aseptisée, le quatuor prend ses aises, développe ses arguments, et les expose parfois sur une trame classique, comme si Tom Araya et Dave Mustaine composaient de concert (« Liar »). Efficace, concret et pertinent, Nightmare rêve d’un temps où les artifices n’étaient plus de rigueur, et où seule la violence était importante. Et on remercie le groupe pour ça.
Ainsi, ces vingt-quatre petites minutes passent très vite en si bonne compagnie. L’argument promotionnel choisi est celui du choix d’une nouvelle dimension, mais gardons ces propos pour ceux qui ont besoin de définitions. Je me contenterai de dire que les musiciens continuent leur exploration des nuances du Thrash, celui que la France a popularisé dès la fin des années 80, joué avec une rage Hardcore, et épaissi d’une attitude purement Metal. Mais la meilleure définition possible est donnée par le titre d’ouverture « Prepare Youl Soul for War », qui en effet nous avertit de l’imminence d’un conflit des sociétés et générations.
Aucune complaisance, et même si les riffs semblent frères sur l’intégralité de l’album, on les apprécie pour ce qu’ils sont. Des rendez-vous donnés à l’histoire, des hommages lancés aux plus grandes icones, et des souvenirs qu’on égrène comme un album de famille. Et ALEISTER fait partie de la nôtre depuis longtemps, ce que prouvent des parpaings comme « The Game » ou « Nightmare ».
On pourra toujours arguer du manque d’embardées dans les virages, la batterie restant figée sur ce mid tempo agressif et pugnace, mais entre ces lignes de chant exhortées comme à la parade de la CGT et cette production imperfectible aux graves brillants, aucun reproche majeur ne saurait être formulé, le groupe ayant trouvé et occupé son créneau depuis longtemps.
Pas de surprise donc, mais de quoi rassurer sur l’état de santé. ALEISTER est toujours debout, contre vents et marées, et cogne toujours aussi fort sur la cloche du destin. Le leur est enviable, alors ne faisons pas la fine bouche, même si ce troisième du nom s’arrête un peu trop tôt. Ils laisseront du rab’ la prochaine fois.
Titres de l’album:
01. Prepare Youl Soul for War
02. The Game
03. Nightmare
04. Don't Let Him Down
05. The Reason for My Anger
06. The Preacher
07. Liar
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