Attention, disque vraiment méchant, et vraiment violent. Mais après tout, qu’attendre d’autre d’une formation qui ose appeler franchement ses albums Misanthropy et Nihilism, et ainsi balayer d’un revers de mépris toute forme de communication humaniste encore un tant soit peu empathique ?
Rien, je vous l’accorde.
L’extrême, le Grind, le Powerviolence, le Sludge, le Sludgecore, le Crust, le Fastcore, et tutti quanti, on connaît très bien. Chaque créneau dispose d’une bande de héros prêts à repousser à chaque intervention les limites de la brutalité et de la pesanteur, mais rares sont les ensembles capables de se revendiquer de toutes ces influences pour affirmer être « différent », et encore plus véhément que la somme de ses références.
C’est pourtant le cas des Hollandais de TEETHGRINDER, qui ont choisi le nom idoine pour illustrer leur démarche horrifique et jusque-boutiste dans tous les sens des termes.
Mais après tout, on ne tourne pas avec NAPALM DEATH, DILLINGER ESCAPE PLAN, TERRORIZER, ANAAL NATRAKH, ou en compagnie de TOMBS et BLACK ANVIL par hasard. Tous ces gens-là font partie de la même caste d’artistes qui osent aller plus loin que les autres, et domestiquer le bruit pour le restituer de façon encore plus agressive et violente qu’une moyenne de parties déjà véhémente dans le fond.
Le fond de l’air de Nihilism est d’ailleurs très frais, pour ne pas dire glacial, mais étonnamment, personne n’éprouve le besoin de fuir ses frimas pour partir se sentir en sécurité. La sécurité est d’ailleurs un des vecteurs totalement absent de cette nouvelle réalisation longue durée, qui enfonce encore plus le clou planté par Misanthropy, qui aurait d’ailleurs pu en remontrer aux PROTECTOR en termes de violence instrumentale et de chaos ambiant.
Il est pour le moment difficile de dire si Nihilism est plus intense que son aîné, mais ce qui est certain par contre, c’est qu’il l’est cent fois plus que la moyenne des productions actuelles.
En choisissant de ne pas choisir clairement de créneau, TEETHGRINDER évolue dans un univers multiple et hybride, gravitant autour des galaxies Grind, Death, Powerviolence, Sludge et Hardcore, dans un axe de rotation sidérant de vitesse et d’ultraviolence, à rendre les révolutions des NAILS et autres TRAP THEM à peine dignes d’un time lapse d’amateur un peu apathique.
Certes mes termes fleurent bon l’excès d’enthousiasme, mais n’oubliez pas que cette chronique est écrite par un scribouilleur rompu à l’exercice de la douleur auditive, et qui sait parfaitement à qui il a affaire lorsqu’il traite le cas d’un album à part.
Et je l’affirme haut et fort, ce deuxième LP des TEETHGRINDER dame le pion en termes d’intensité à bien des formations plus établies, sans forcer, en jouant crânement la carte du refus du cloisonnement et de l’assimilation des genres les plus extrêmes du marché.
Alors…Dans un désir constant de choquer et de provoquer, ce quatuor (Mart Wijnholds, Wieger Jan Scheper, Jabe Piter Faber et Jonathan Edwards) qui se revendique du parrainage/admiration des incunables NASUM, CONVERGE, BLACK SABBATH, CURSED, SLEEP et 16 HORSEPOWER (cherchez l’intrus…), se permet justement de piquer à chacun d’entre eux sa formule de salsepareille d’uberviolence, pour proposer sa propre version d’un Metal extrémiste qui parfois atteint des sommets dans la douleur et la brutalité (« Carnist », cinq minutes de torture intensive, lourde, tendue, abrasive et aussi Sludgecore qu’elle n’est Indus, et aussi méchamment Chaotic Core qu’elle ne pue le Hardcore malsain).
Et entre deux saillies Grind aussi affolantes qu’un sprint de NASUM poursuivi par Barney («Force Fed Ideologies », même leur Crust semble terrorisé par sa propre vilénie, « The Soil Has a Thirst For Blood », je me demande sincèrement comment ils parviennent à tenir ce rythme et cette intensité sur presque trois minutes), des tentatives hybrides à faire passer les NAILS et les TRAP TEHM pour de jolis conteurs à endormir les enfants sages (« Pale Flowers », tu m’étonnes qu’elles dépérissent avec un tel arrosage de Crust démoniaque qui les houspille de chœurs plus BM qu’un slip de Varg Vikerness), et de longues ambiances « progressives », qui effectivement imposent la douleur auditive avec conviction ( le final tétanisant de « Bite the Hand that Feeds », qui cruste autant qu’un WOLRD NARCOSIS salement énervé, avant de partie en vrille sur une conclusion évolutive aussi impressionnante de Post BM qu’elle n’étonne de mélodies dézinguées à grands coups de Hardcore épais)….
…tout ça finit par ressembler à une synthèse de tout ce que l’underground le plus vilain peut proposer de plus agressif, de plus intense, et de moins complaisant…
Je pourrais aussi parler de « Isolation », qui ne doit rien ni à Lennon ni à Curtis, mais qui impose une atmosphère vraiment terrifiante, par l’entremise de riffs gras, lourds et médians, de « Sicarius », qui après une intro chaotique et limite Mathcore finit par se vautrer dans un Crust horrible et défiguré par un Grind des abysses, et de l’entame stridente de « Somnanbulant » qui en effet risque de vous faire vous lever la nuit pour vérifier que votre salon n’est pas squatté par des tarés échappés d’un asile industriel aux haut-parleurs bloqués sur des fréquences irritantes. Mais…
…tout ça ne pourrait pas vous faire comprendre à quel point Nihilism mérite son nom, et à quel point il redéfinit les règles de l’outrance musicale en la poussant justement dans ses derniers retranchements.
Ce second album des bataves de TEETHGRINDER est une nouvelle étape dans la déévolution du bruit, et s’apparente à une tempête ravageant tout sur son passage, ne laissant que des décombres fumants et des cadavres ambulants.
Rarement la violence et l’absence de compromis n’auront trouvé une tribune aussi dévouée, sans pour autant que le chaos absolu ne s’incruste par les pores encore ouverts. N’admettant ni pause, ni reprise de souffle, Nihilism est un monstre de débauche tentaculaire qui ridiculise toute concurrence, et vous rentre dans les dents comme un énorme pain dans la gueule inattendu. De quoi faire passer n’importe quel album de NAILS ou NASUM pour une gentille balade bucolique dans les forêts de la musicalité abordable.
Formule ? Formule. TEETHGRINDER vient juste de publier un disque qui vous fera réaliser que vous n’aviez pas encore touché du doigt l’extrême. Le vrai. Celui qui vous effraie autant qu’il ne vous fascine. Comme une fraise de dentiste enfoncée dans la gencive par un praticien psychopathe assoiffé de sadisme.
Et sur un fauteuil percé de clous rouillés par-dessus le marché. Pas de quoi rire, mais de quoi souffrir.
Vraiment.
Titres de l'album:
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