Qu’est-ce qu’on a pour le goûter ? Du Thrash, option groove, et un peu de Death Metal versant mélodique pour mieux faire passer la pilule, soit un groupe bien dans son temps et son époque. Laquelle ? Celle de sa formation, à la fin des années 90, 1997 pour être plus précis, soit le pic de créativité de la scène extrême suédoise qui brouillait les pistes entre les sous-genres. Il n’est d’ailleurs guère surprenant de retrouver des noms fameux dans la liste d’influences avouées par les SHADOW’S FAR, dont ceux de THE HAUNTED ou AT THE GATES, qu’ils agrémentent de quelques fantaisies brutales (NAPALM DEATH, HATEBREED, CARNAL FORGE), sans oublier quelques classiques pour faire bonne mesure (EXODUS et DEATH, soit la quintessence des deux styles qu’ils affectionnent). Mais dans les faits, que dire de ce groupe suisse originaire d’Uri, au centre du pays ? Que depuis plus de vingt ans, il se démène comme un beau diable pour faire entendre sa musique, et que ce Ninety Nine est son troisième longue-durée seulement. Mais précisons quand même que ce quintet (Roman Wettstein – chant, Bruno Bomatter & Serge Mattli – guitare, Pascal Trutmann - basse et Remo Poletti – batterie) semble particulièrement apprécier les hiatus d’une décade, puisqu’il leur a fallu dix ans avant d’accoucher de leur premier méfait (Eleven Sins, 2007), et la même période pour offrir un successeur à As Black Turns Red, paru en 2009. Vingt ans donc à rester dans le silence, voilà de quoi accentuer la rage et l’envie d’en découdre, et c’est très logiquement que le groupe nous en revient remonté comme une comtoise pour nous jeter à la face onze morceaux gorgés de riffs purement Thrash et de mélodies subtilement Death, tout en faisant quelques clins d’œil à la scène Néo-Thrash des nineties et 2K.
Ninety Nine, ou le pourcentage favorable que les suisses attendent de la part des magazines chroniquant leur album ? Non plutôt le niveau de qualité d’une musique certes simple et convenue dans le fond, mais incroyablement performante dans la forme. Impossible en effet de ne pas penser à SOILWORK, AT THE GATES, mais aussi aux KILLSWITCH ENGAGE en écoutant ce troisième album, le tout agrémenté d’une légère touche de Thrash plus classique dont la Bay Area a enfanté il y a des décennies. Soit un mélange assez traditionnel, préparé par des musiciens qui connaissent très bien leur boulot et qui le font avec passion. Avec plus de vingt ans de carrière derrière eux, les suisses ne s’en laissent donc pas conter, et rentrent dans le lard, laissant la plupart du temps les guitares faire le gros du boulot, tandis que la rythmique en arrière-plan insuffle ce petit groove qui permet aux structures de se déhancher et d’éviter la rigidité un peu trop systématique du Thrash old-school. Et en considérant le fait que le quintet a fait ses premières armes à une charnière temporelle et stylistique qui a consisté à assembler deux styles en extension pour en faire un troisième, il n’est pas étonnant de réaliser que SHADOW’S FAR est un pur produit de son temps, qui en a gardé les automatismes, les systématismes, et les réflexes conditionnés. Sauf qu’ici, rien ne sent le trop préparé, le prémâché, le prédigéré. Tout sonne authentique, bien plus d’ailleurs que sur certaines réalisations récentes de combos plus établis qui se contentent d’appuyer sur le pilote automatique pour satisfaire leurs fans les moins exigeants.
Pour en savoir plus, il vous faudra passer l’intro « 99 », pour directement voir débouler l’écrasant « Propaganda », rappelant justement le SEPULTURA de l’époque Derrick Green, reprenant à son compte les méthodes scandinaves de teinture Thrash mélodique sur groove Hardcore plein de feeling. Entame en mid tempo, double grosse caisse avant que le rythme ne s’emballe pour se rapprocher de celui adulé par les AT THE GATES, histoire de mieux enfoncer le clou d’une cassure méchamment Heavy, multiplicité des riffs qui s’imbriquent, se provoquent, qui saccadent pour mieux plaquer, et souligner la réelle hargne d’un chant à la frontière entre Metal et Hardcore. La recette est d’usage, mais appliquée avec beaucoup d’investissement, et surtout, juste assez variée pour ne pas lasser. Les slogans sont efficaces et portent (« One Shot One Kill »), les BPM montent et descendent selon l’inspiration d’un frappeur qui n’en manque pas, et si la basse est encore un peu trop discrète pour que l’ensemble mérite vraiment l’appellation « Groove », le tout ne manque pas de piquant et se veut discrètement chaloupé. L’ambiance, clairement nineties, n’est pas seulement cantonnée à l’univers direct des suisses, mais évoque aussi le virage plus costaud du EXODUS de Rob Dukes, entre solidité 80’s et goupillé fluide 90’s, ce que le terrassant mais harmonieux « Rebound Of Greed » confirme. Pas de réelle surprise à l’écoute de Ninety Nine, mais l’assurance de passer un bon moment, et le plaisir de constater que SHADOW’S FAR n’a en rien perdu de son talent depuis son premier album, et qu’il est encore capable de faire monter la mayonnaise avant de balancer la sauce. Cette sauce prend, même lorsque les musiciens bifurquent et rallongent les interventions, et « Our Last Sunset », avec ses cinq minutes bien tassées de ne pas se perdre en route et de proposer une intro lourde et oppressante, tout autant que mélodique et plaisante.
« Forsaken » confirme que le format n’influe pas sur la densité et la puissance, et cette alternance entre bourrasques Speed et martèlement Heavy est décidément bien agréable, même si parfois la voix rauque de Roman Wettstein manque un peu de variation dans ses harangues. Passages presque en beatdown qui flirtent avec un Death moderne, pour un final explosif plus symptomatique des enragés de l’axe 88/89, et toujours en exergue cette créativité rythmique de la part de Remo Poletti, dont le jeu et la frappe se rapprochent parfois de l’exotisme de Dave Lombardo, sans pomper ses plans les plus connus. Et sans bousculer l’ordre établi, Ninety Nine, malgré un manque de diversité assez flagrant parfois (notamment à mi-parcours) reste un solide troisième album, qui va permettre aux SHADOW’S FAR de reprendre du poil de la bête et de justifier dix ans d’absence avec de réels arguments.
Titres de l'album :
01. 99
02. Propaganda
03. One Shot One Kill
04. Rebound Of Greed
05. Headshot
06. Land Of The Dead
07. Our Last Sunset
08. Cast The First Stone
09. I Will Spit On Your Grave
10. Forsaken
11. Turn The Page
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