J’envie certaines personnes. Par exemple, j’envie ceux qui ne connaissent pas encore Heidi Solheim, et qui vont la découvrir via le quatrième album de sa créature PRISTINE. Je donnerais n’importe quoi pour ressentir encore une fois le souffle épique de ma rencontre fortuite avec Reboot, cet album magique qui m’a introduit à son monde.
Un monde si personnel et si ouvert à la fois. Tenez, le sentiment est tangible, puisque suite à ma chronique, j’ai immédiatement contacté l’artiste pour m’entretenir avec elle. Et comme sa musique est généreuse et expansive, l’artiste est adorable, créative et abordable. Une combinaison fatale dont peu peuvent se targuer, d’autant plus qu’Heidi n’est pas qu’une simple musicienne. C’est aussi une femme d’affaire, qui a construit son petit empire de ses propres mains, sans ne rien demander à personne.
Depuis, pleinement autonome et indépendante, elle a participé à l’aventure norvégienne des télé-crochets nationaux, a accumulé les disques en solo ou en combo, arpenté les scènes du monde entier, notamment en compagnie des BLUES PILLS et du duo WHITE/MILES, pour un package haut en décibels et en nostalgie des 70’s…
Alors, dire que j’attendais le successeur de Reboot avec une impatience non feinte est un joli euphémisme…Me demandant à quelle sauce la flamboyante vocaliste/compositrice allait nous digérer, après n’avoir fait qu’une bouchée de nous en début d’année dernière, j’ai donc glissé les pistes de Ninja dans le lecteur virtuel, et j’ai dégusté, note après note, envolée lyrique après solo dégoulinant de feeling Blues…
Et du coup, je ne l’ai plus. Du tout. Une fois de plus, la magie opère, à plein régime, et nous dessine les contours d’un univers tellement à part à notre époque gangrénée par le consumérisme et l’instantanéité qu’on a franchement du mal à en revenir.
Mais le plus exceptionnel dans cette affaire, n’est ni la qualité des compositions, ni celle de l’interprétation, qui atteignent un niveau à couper le souffle, mais bien la rapidité d’enregistrement de la chose.
Une journée.
Une simple journée pour fixer sur bande cette sarabande hommage à la folie musicale et à la liberté totale. Vous avez bien lu. Avions-nous vu ça depuis le premier LED ZEP ?
Pas sûr, et la comparaison est loin d’être innocente. Ecoutez-donc « The Rebel Song » pour comprendre. Et si les feulements de Plant doublant les glissandos de Page ne vous embrument pas l’esprit, c’est que vous avez la mémoire trop courte ou que vous êtes trop jeune…
Ninja, d’ors et déjà, mérite bien son nom. Il s’approche de votre inconscient avec une grâce féline, louvoie en sinuosités, et vous frappe soudainement de plein fouet d’une force qui vous projette méchamment à terre. Distribué par Nuclear Blast, qui a flairé le bon coup, il est ce que les journalistes en manque de formules faciles appelleraient avec complaisance « l’album de la maturité ». Et ils se planteraient en beauté parce qu’il est tout sauf ça. C’est justement le LP qui prouve qu’Heidi est encore la sale gamine music addict qu’elle a toujours été, prompte à signer des hymnes aux chansons de sa jeunesse, sans vraiment réfléchir à leur portée, comme ça, par feeling.
Et même si les overdubs ont pris trois jours complets, on sent que le LP est né d’une impulsion collective qui s’apparente à une jolie communion entre la vocaliste et ses musiciens. Comme une immense jam des 70’s réglée comme du papier de partition, par une passionnée qui n’oublie jamais de peaufiner les moindres détails pour que l’improvisation l’emporte conceptuellement sur l’imperfection, alors même que l’on sait les morceaux polis et arrangés d’avance.
Bluffant, époustouflant, brillant. Comme n’importe quel morceau que vous pourrez écouter au hasard de vos choix.
« You Are The One » par exemple, qui sonne comme les LYNYRD repris par Lucie SILVAS en cure de Janis JOPLIN. Slide, orgue profond, arabesques vocales, beat peinard qui laisse une discrète basse groover en arrière-plan, pour un joli dialogue entre les touches et les cordes, de guitare et vocales, et une gerbe de feeling bluesy qui illumine la nuit. Le thème ? La jeunesse et son besoin d’uniformité et de conformisme, et qui refuse ceux qui osent aller à contre-courant pour s’affirmer. Et musicalement, une magnifique revanche d’Heidi sur ses anciens tortionnaires psychologiques adolescents, qui ne rient plus d’elle depuis très longtemps…
Ou « The Perfect Crime », qui panse les blessures profondes de l’amitié/amour trahi. Expérience vécue, qui transpire d’un gospel que la grande Aretha n’aurait pas mieux transcendé, ce sont six minutes de saignement moral qui vous éclaboussent d’émotion, avec ses claviers qui se nouent l’estomac pendant qu’une basse sinueuse cherche les mouchoirs. On pense évidemment aux grands shuffles des sixties dérivant sur les free ride de la décennie suivante, et on alterne les poussées de fièvre du ZEP avec les soli de Winter, Moore, des Allman Brothers, qui se retrouvent propulsés dans les cieux par des nuages rebondissant de chœurs rassurants.
Et une fois encore, les merveilles d’Heidi au micro nous transportent si haut que l’on doit se pencher pour voir le paradis.
Sublime.
Alors, du Blues bien sûr, de la Soul, mais aussi du Rock, parce qu’il ne faudrait pas oublier que Miss Solheim aime secouer ses longs cheveux sur un bon up tempo qui transpire. Et donc, « The Parade », légère digression Blues un peu Funky sur les bords, et donc « Sophia », et les affres des rencontres amoureuses sur fond de fusion un poil décalée et baroque à la fois, avec encore en exergue des arrangements sobres mais pertinents, et des breaks qui redonnent du jus pour un moment. Vibrations d’un chant qui soudain se perd dans le Kashmir, et break d’enfer qui restera gravé dans vos souvenirs.
Et du nuancé, évidemment, ce qui reste la moindre des choses pour une artistes multi-facettes.
Cette partie-là est assurée par des morceaux comme « Ghost Chase », parfait dans son rôle de trublion musical indéfinissable, métissage improbable entre ANOUK et DAG pour une relecture presque Trip-hop, ou encore le final « Forget », délicate conclusion presque Dream Pop, qui nous laisse sur un oreiller de coton, les oreilles purifiées d’un enchevêtrement vocal de toute beauté.
Mais évidemment, un album de PRISTINE qui se respecte doit aussi savoir livrer bataille homérique, et le combat proposé sur Ninja se nourrit de la littérature classique de Stevenson, pour un « Jekyll & Hyde » qui ne tombe pas dans les tympans sourds de fans de Tori AMOS ou Charlotte MARTIN. Textures électro, montées en puissance progressives soudainement brisées par le silence, et final spectaculaire de psychédélisme histoire de rester raccord avec la tendance. Une fois les sept minutes assimilées, on se pince en se disant que comme les autres, ce titre a probablement été enregistré en une ou deux prises, malgré son évolution toute en tension et ses arrangements précis et luxueux. Une folie…
Mais la folie, c’est justement la spécialité d’Heidi. Elle qui depuis des années travaille comme une acharnée et ne laisse rien au hasard pour justement faire ce qu’elle veut, quand elle veut, en toute liberté. Pour Ninja, elle est rentrée chez elle, en Norvège, et s’est assise au piano pour composer ces neuf bijoux de Rock/Blues/Pop/cequevousvoulez. Puis elle a écrit les textes, et à tout donné à ses musiciens pour qu’ils y apportent ce qu’ils pouvaient.
Et inutile de se demander si ce quatrième album est meilleur que le troisième qui lui-même était meilleur que le second, etc…Aucun album de PRISTINE n’est « meilleur » que ses aînés. Ils forment juste une suite logique, un portrait de famille que l’on regarde en espérant en faire partie. Mais je vous envie sincèrement de ne pas encore connaître cette famille, et son pilier, Heidi Solheim. Parce que lorsque vous l’aurez regardée les yeux dans la musique pour la première fois, vous saurez ce qu’est vraiment l’amour.
Titres de l'album:
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