J’ai un souvenir très précis de Suzy QUATRO, comme beaucoup d’entre nous d’ailleurs. Non un souvenir de concert, puisque je n’ai jamais eu la chance de la voir live, mais celui d’une pochette de 45t, planqué dans la collection que mon frère m’a léguée à l’époque. Celui de 48 Crash, ou j’avais découvert une jolie femme tout de cuir vêtue et qui m’avait convaincu de son talent en une poignée de minutes. Depuis, évidemment, j’ai complété mes connaissances à son sujet, en creusant sa carrière plus profondément, au point d’aller dénicher la seule compilation existante de son all-girls-group, THE PLEASURE SEEKERS, fondé après avoir aperçu les BEATLES on stage…Mais au-delà de l’anecdote, aussi ludique soit-elle, c’est évidemment le parcours Rock de la miss qui nous intéresse, la première bassiste chanteuse à être devenue une vraie star, et pour d’autre raisons que son sex-appeal animal et sa jolie frimousse de teigneuse au cœur tendre. Parce que mine de rien, Suzy va l’année prochaine fêter ses soixante-dix ans, et à l’écoute de ce nouvel album en (presque) solo, on a franchement du mal à y croire…Presque, puisqu’elle a composé ce nouvel album en étroit partenariat avec son fils Richard Tuckey (issu de son premier mariage), et que l’ensemble a donc des airs d’affaire de famille qui sent bon la complicité et les connexions cellulaires. Le processus ? Simple, guitare et basse acoustique, un porche de maison, l’été anglais 2018, un iPad, pas mal de papier, et l’inspiration mère/fils a fait le reste, se formalisant autour des onze morceaux de ce No Control, qui contrairement à ce que son titre laisse penser, résulte d’un contrôle de qualité très poussé.
Faisant suite à Back To The Drive en 2006, In The Spotlight en 2011 et Quatro, Scott & Powell en 2016, No Control n’est rien de moins ni de plus qu’un nouvel album de la rockeuse de Detroit, qui n’a rien perdu de sa fringale de guitares et de rythmiques bien appuyées. Et on le sent dès l’ouverture du single « No Soul/No Control », qui cavale d’un bon up tempo pour nous plonger dans les affres d’un Hard-Rock aux orgues présents, mais au riff saignant. On reconnaît bien là la patte de Suzy, qui n’a jamais cherché la complexité, mais plutôt l’efficacité. Sa musique est toujours aussi straight, honnête, no bullshit, mais loin d’un tas de cambouis pour greasers en mal d’huile de moteur. Sans tourner le dos à son passé, mais en restant campée sur des positions contemporaines, la vocaliste de légende nous offre un nouveau chapitre en tranche de vie, qui prouve que cinquante ans de carrière n’ont pas eu raison de son enthousiasme ou de son énergie. Un son sec, équilibré mais puissant sans en faire trop, un chant évidemment en avant, et surtout, une pluralité de ton confèrent à ce nouvel LP un joli parfum de survol de carrière, sans verser dans la compilation indirecte de détournement d’airs connus. Tout est flambant neuf, tout sonne juste, sincère, et si parfois, on s’égare entre Classic Rock et Hard-Rock, la ballade fait un bien fou, et permet de passer en revue toutes les tendances de cette musique qui depuis les années 50 nous permet de rester jeune. Suzy n’a pas oublié son boogie au placard, et nous séduit du félin et malin « Going Home », qui sent bon le bœuf familial le week-end, mais aussi du gluant et menaçant « Macho Man », que le KISS des années 70 aurait pu produire pour le TOP. Du groove donc, mais pas que, puisque lady QUATRO n’est pas du genre à s’enfermer dans une petite case passéiste, ce qui explique sans doute les quelques surprises disséminées de çà et là.
« Strings » n’en étant pas une des moindres. Plaisant d’observer l’artiste en terrain moins connu, s’amusant d’une guitare en appui plus qu’en insistance, et de chœurs remplissant la pièce comme un hit des 60’s aurait pu le faire. Tube improbable d’un album moins formel qu’il n’y parait au prime abord, ce morceau est une sorte d’énorme pépite de chocolat sur un gros cookie bien moelleux, et nous bascule dans le temps, du côté des girls-groups de la MOTOWN, tout en acceptant des claviers très connotés 80’s. Quelques cuivres faisant le reste, on savoure ce plaisir même pas coupable, d’autant plus qu’il est placé juste avant une autre friandise. Bossa, ambiance à la mariachi, pour un « Love Isn't Fair » qui casse le rythme mais ne plombe pas l’ambiance, invitant même les BEACH BOYS de « Kokomo » au brunch organisé par Mink DeVille, pour un petit instant de douceur colorée, chaud comme un étrange été londonien. Mais loin de se disperser, Suzy préfère ventiler, aérer pour ne pas lasser, au risque de se laisser glisser sur une pente légèrement cabaret pour ne numéro en première classe de « Easy Pickings », qui sent bon les bars louches à deux heures du matin et les regards en coin. Un piano un peu bastringue, un harmonica au bord de l’épuisement, et surtout, ces lignes vocales subtilement dédaigneuses, qui soudainement s’accentuent sur une augmentation de l’intensité électrique. On craque, évidemment, parce que tout ça est tellement bien fait et tellement frais qu’on se replonge dans une adolescence passée à découvrir la culture de ses aînés.
Avec No Control inutile de se prendre la tête sur la sempiternelle question du « meilleur album de ». Avec sa discographie si fournie et sa pelletée de tubes du passé, la miss est désormais bien au-dessus de ça, se contentant de nous faire plaisir en se faisant plaisir. Mais ça n’est pas pour autant que le tout sent l’affaire bâclée, loin de là, chaque morceau se voulant différent du précédent, et parfois, hors du temps. Ainsi, la profession de foi de « Bass Line » résonne comme une épiphanie, avec son motif qui tourne en rond autour de quatre cordes qui sonnent et tonnent, joué smooth mais ferme, un peu west-coast sur les bords, avec ce petit plus de culture Indie des années 90 à la WEEZER. Mais pour vous éviter des sueurs froides, soyez rassurés, la QUATRO revient à intervalles réguliers à ce qu’elle sait faire de mieux, ce Hard Rock n’Roll qu’elle a toujours dans la peau, plus mature peut-être, mais toujours aussi costaud. Ainsi, « Don’t Do Me Wrong » vous fera headbanguer ou swinguer en concert, de même que « Heavy Duty », juvénile ce qu’il faut, et largement digne des harangues les plus efficaces de la musicienne. Toujours aussi rebelle, la musicienne n’en fait qu’à sa tête, et la collaboration avec le fiston a dû représenter pour elle une grande fierté, spécialement en constatant la qualité des morceaux élaborés à deux. Alors oui, vous aurez du saxo, vous aurez de l’harmonica, et pas que des riffs qui bavent gras, mais nous parlons de Rock N’Roll n’est-ce pas ? Ce Rock qui peut se mouvoir comme un greffier dans un couloir, sur « I Can Teach You To Fly », ou valser lourd comme un Blues de la Nouvelle Orléans délocalisé à Détroit ou dans le swinging London (« Going Down Blues »).
Difficile de croire en écoutant cet élixir de jeunesse musical que Suzy a vu le jour en 1950…Elle pourrait en remontrer à bien des petites jeunettes, mais tel n’est pas son but après tout. Tout ce qu’elle souhaite, depuis toujours, c’est de satisfaire son public et de lui montrer qu’elle est restée la même. Cette rockeuse de cuir à la moue boudeuse qui n’a jamais joué les pleureuses.
Titres de l'album :
01. No Soul/No Control
02. Going Home
03. Strings
04. Love Isn't Fair
05. Macho Man
06. Easy Pickings
07. Bass Line
08. Don't Do Me Wrong
09. Heavy Duty
10. I Can Teach You To Fly
11. Going Down Blues
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