On dirait que la scène Thrash internationale a eu envie de nous en mettre un bon coup en 2017. Un petit peu comme en 2016 d’ailleurs. Et comme 2015. Et comme presque chaque année depuis que des musiciens ont redécouvert l’art des rythmiques franches et des riffs ne l’étant pas moins.
Mais, il n’empêche. KREATOR, SEPULTURA, pour des LP d’une qualité incroyable, 2017 à peine arrivée à sa moitié est déjà une sacrée cuvée, et le niveau de qualité ne semble pas devenir dégressif. La preuve, puisque la livraison continue, et de façon assez probante.
Back to 1987 please.
Un obscur combo Canadien balance sur le marché via les dealers de sensations fortes Roadracer son premier LP, emballé dans une pochette clownesque, contenant les huit traditionnelles pistes de Thrash féroce, et subtilement technique sur les bords. Trop direct pour être qualifié de Techno-Thrash, le genre balbutiant en vogue à l’époque, trop ciselé pour être assimilé à un énième coup dans le dos, None Shall Defy n’avait alors pas retenu l’attention de grand monde, sinon celle des spécialistes, et personne ne se doutait alors du statut culte que l’œuvre en question allait acquérir avec le temps. Dommage, parce que les qualités intrinsèques du LP sautaient aux yeux alors…
Depuis, ceux qu’il faut bien nommer INFERNÄL MÄJESTY ont continué un bout de chemin, de démos en séparations, de comeback en sorties éparses, nous offrant même deux autres témoignages longue-durée, Unholier Than Thou en 1998, puis leur dernier travail complet One Who Points To Death en 2004.
Des dilettantes ? Non, des esthètes qui prennent leur temps pour éviter le moindre faux pas.
En treize ans, les Canadiens s’articulant aujourd’hui autour de trois membres originaux (Steve Terror et Kenny Hallman, guitares, et Chris Bailey, chant), et deux nouveaux frères d’armes (Kiel Wilson, ex SEVERED SERENITY, batterie et Daniel Nargang, basse et accessoirement chanteur de KICK AXE) ont pris leur temps pour nous dévoiler l’album parfait, celui qui selon eux boucle la boucle en se rapprochant au plus près de leur chef d’œuvre initial None Shall Defy. Evidemment, seul le temps confirmera ou infirmera leurs dires, mais après écoute de l’objet circulaire en question, je dois reconnaitre que leur enthousiasme est tout à fait légitime.
Dans les faits et le rendu, il est certain que No God n’a pas grand-chose à envier à son illustre prédécesseur. Il distille toujours ce Thrash éminemment violent mais délicatement technique, qui fait la part belle aux gros riffs fricotant avec un Death scandinave pas vraiment abordé de front, et multiplie les idées en forme de breaks inopinés s’enchaînant parfaitement avec les plans précédents.
Doté d’un son monstrueux qui doit leur faire regretter que les années 2010 ne furent pas du même calibre que les glorieuses eighties, ce quatrième effort studio se place directement dans le peloton de tête des sorties de l’année, malgré quelques défauts inhérents à ses ambitions.
« Il nous aura fallu un an pour capter le son puissant, lourd et sombre de No God, nous y avons vraiment travaillé jour et nuit. », déclare sans fausse modestie Chris Bailey, le vocaliste de la formation, qui a coproduit l’album en compagnie de ses acolytes de longue date Steve et Ken. Et il est certain que le trio racine a sacrément bien bossé pour en arriver là, puisque dès le meurtrier « Enter the World of the Undead » rien n’est laissé au hasard, et tout se met en place sans attendre.
Blasts assassins, chant rauque, riffs acides, puis up tempo en écrasement de double grosse caisse, pour mettre l’auditeur dans le bain dès les premières secondes. L’archétype du morceau Thrash contemporain, qui sans rien renier de ses origines, s’adapte à la cruauté de l’air du temps en jouant de la violence comme d’un instinct de survie face aux nouvelles générations de Thrash acts sans pitié ni regrets. La foi est intacte, tout comme la puissance de feu qui se dope à l’imagination d’arrangements sobres, parfaitement en place. En quelques minutes, INFERNÄL MÄJESTY nous convainc sans forcer son talent qu’il a toujours sa place parmi nous malgré les trente ans qui les séparent de leur œuvre maîtresse. Mais ce sont bien ces satanées minutes qui plombent le projet justement…
Ceci est sans doute un avis très personnel, mais j’ai toujours aimé penser qu’un album de Thrash digne de ce nom se devait de frapper très fort, et très vite. Et c’est bien là que le bât blesse au niveau de ce No God qui joue un peu trop les prolongations, et a tendance à s’éterniser sur des morceaux qui auraient mérité une approche plus succincte.
Il est assez fréquent que le chronomètre dépasse les six minutes (en six occurrences plus précisément), et parfois, les idées dispensées ont tendance à se disperser dans des plans Heavy pas toujours inspirés, même si la hargne du quintette n’est pas à remettre en cause. Il semblerait que les Canadiens aient voulu fêter leur retour avec une abondance de richesse, et cet enthousiasme s’éteint parfois sur le souffle de la redite et de la redondance, alors même que ce quatrième LP ne contient que trois morceaux flottant sous le niveau des cinq minutes.
Et si l’on exclut l’intermède acoustico-samplé « False Flag », cela nous laisse seuls avec « Signs Of Evil » et « House Of War », qui sont les seuls à ne pas franchir le seuil des trois-cents secondes. Trop d’envie donc, qui ne se matérialise pas toujours par des thèmes convaincants, ce qui représente quand même un sacré talon d’Achille pour un album qui cherche la perfection dans tous les domaines.
Nonobstant cette remarque qui condamne quand même No God à passer de très peu à côté du centre de la cible des réussites indéniables, la quasi intégralité des morceaux reste quand même d’une qualité infiniment supérieure à la plupart des projets actuels. En conservant l’optique qui est devenue leur trademark, les INFERNÄL MÄJESTY gomment les quelques erreurs commises sur les LP post None Shall Defy, et retrouvent l’allant qui caractérisait leurs premières années. Des nuances ténébreuses de « Another Day In Hell », qui trépigne d’un tempo affirmé, à la démence Speed de la fermeture « Extinction Level Event », tout est calibré pour rester enragé sans blesser les fans apeurés, et chaque riff, chaque break est savamment millimétré pour offrir une vision du Thrash qui n’a pas vraiment changé depuis les années 80, mais qui profite de la précision des moyens des années 2010 pour parvenir à ses fins.
On retrouve donc cette furie au biseau qui ne cherche pas l’esbroufe mais bien la pertinence qui étouffe, sans laisser sur le tapis.
Certains plans à la lisière du Heavy-Death se montrent particulièrement oppressants (« House Of War », le genre de truc vraiment méchant avec ses harmonies sadiques et son chant psychotique), et si parfois les mélodies prennent trop le pas sur la violence, se lovant au creux du dernier KREATOR en date, un peu trop mielleux parfois (« In God You Trust », sauvé une fois de plus par des vocaux vraiment terrifiants), le constat global reste éminemment positif, et replace donc nos héros d’hier sous les feux des projecteurs pour un énième retour qui espérons-le, cette fois-ci, sera le bon.
2017 est donc une année particulière pour notre style préféré. Et ça, personne ne pourra le nier. Surtout pas les INFERNÄL MÄJESTY qui prouvent avec No God que personne ne peut les défier sur leur propre terrain. Celui d’un Thrash barbare, mais laissant gicler le sang proprement.
No God but themselves ?
Je ne suis pas certain qu’ils soient aussi cyniques…
Titres de l'album:
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