Pour les néophytes n’en ayant jamais entendu parler, TODAY IS THE DAY sonnera comme le nom parfait pour un groupe de Hardcore des nineties, ou comme la dernière parole d’un mass murderer prêt à dézinguer tous ses camarades de classe en un seul shoot. TODAY IS THE DAY n’est rien de tout ça, mais il n’en reste pas moins une entité étrange, un concept bizarroïde, né d’un désir simple et pourtant difficile à mettre en place : ne pas jouer comme tout le monde et surtout, jouer comme personne n’ose le faire. L’envie ne date pas d’hier, mais bien de l’orée des années 90 du côté de Detroit. L’envie et l’impulsion collaient d’ailleurs parfaitement à cette ville qui tourne au ralenti de la vie, mais le groupe ne tarda pas à déménager à Nashville, la Mecque de la Country & Western. Aujourd’hui, presque trente ans après son émergence sur la scène (ou plutôt, sous la scène), le groupe s’en revient, plus abimé que jamais, et pour cause. Ce groupe s’en résume à son leader, le même depuis le début, qui s’il n’est pas bionique a résisté aux épreuves de la vie avec une volonté hors-norme. Steve Austin, seul membre permanent de l’affaire, n’a pas été épargné par le destin ces dernières années, et c’est sans doute à cause de ça et d’autres choses qu’il est resté silencieux pendant six ans, le laps de temps séparant No Good To Anyone d’Animal Mother, le dernier chapitre publié en 2014. Depuis la sortie de ce dernier témoignage, Steve a du se cogner un grave accident de van qui ne lui a épargné ni les tonneaux, ni les glissades sur le toit pendant des dizaines de mètres, une inflammation mal diagnostiquée qui l’a obligé à prendre des médicaments qui auraient pu/du le mettre au tapis, et apprendre que son chien avait contracté la maladie de Lyme avant de lui refiler. Tous ces éléments auraient pu conduire au démantèlement de son projet principal, mais c’était sans compter sur l’opiniâtreté du bonhomme. Il a juste attendu que toutes les affaires se tassent, pour se sentir mieux, et prêt à revenir agiter cet underground à qui il manquait tant.
Pour résumer le cas TODAY IS THE DAY, l’affaire n’est pas simple. Le parcours du groupe se décompose en plusieurs périodes et autant de labels, en variations, en styles, mais aussi en passages de musiciens plus ou moins capés dans les rangs. D’abord, les années Amphetamine Reptile, du séminal Supernova à l’éponyme Today is the Day, puis l’époque Relapse, volontiers plus violente et précise dans le chaos. Puis à partir de 2007, les années débrouille, entre une structure perso montée pour rééditer les épuisés, un passage chez Southern Lord, avant de finir aujourd’hui chez les allemands de BMG. Des influences à la base, triturées et qui ont fini par se fondre dans un son global, l’hébergement musical de deux futurs MASTODON, qui ont appris deux ou trois trucs au contact de Steve avant de les refourguer à leur manière, et puis la production, celle de CONVERGE, de LAMB OF GOD…Pour faire simple, affirmons que Steve Austin est certainement le mec le plus connu d’une caste inconnue, mais surtout, une référence de style dans un univers trop aseptisé pour lui. Les six ans de silence qui l’ont muré dans une guérison attendue n’ont pas atténué le potentiel de fouteur de merde du mec : il est toujours aussi prompt à ne jouer que ce qu’il ressent et que peu de gens comprennent. Avec ce nouvel LP, il ne rompt pas la tradition, mais nous perd un peu sur le chemin. Alors que nous attendions l’album cathartique qu’il était en droit de produire, à la Neil YOUNG ou Robert WYATT, Steve n’en livre qu’une partie, via des morceaux vraiment pesants, et des ambiances étouffantes. Le reste est assez traditionnel dans le fond, assez compact, humide, rongé par le salpêtre moral, mais rien de plus ou de moins noisy que ses albums précédents, même en remontant le temps au maximum.
Pour savourer No Good To Anyone, il faut faire l’impasse sur sa période « Grind perso » des années Relapse et faire le trait d’union entre ses premiers jets et les derniers. On trouve toujours dans sa musique de sales traces de Doom, de Sludge, de discordance et de Noise, le tout joué comme si demain ne dépendait plus de rien. On remarque une tonalité qui dérange sur l’ouverture « No Good To Anyone », sorte de Proto-Doom blues funèbre qui en huit minutes ou presque résume la période Nemesis/Catharsis de l’auteur, qui lors de sa première séance de composition allait forcément accoucher d’un truc aussi malsain et pesant. Comme d’habitude, Steve a découpé son tracklisting à l’envi, avec des morceaux longs, d’autres lapidaires, des inserts, des interludes, des fulgurances, ce qui nous donne droit à des allusions marquées à ses anciens collègues de label, les MELVINS (« Burn in Hell », analyse sans pitié du monde de la musique), mais aussi à des choses encore ancrées dans une époque lointaine (le dérivatif Grunge/Power de « You're All Gonna Die » qui unit PANTERA, UNSANE et ALICE IN CHAINS en à peine deux minutes et trente secondes). Pas le plus facile d’accès, cet album reste le plus personnel de son auteur, le plus personnel actuellement évidemment puisque toutes ses œuvres le sont. On aime beaucoup la grosse basse traînante de « Cocobolo », mais on apprécie aussi la vraie pureté de « Callie », qui avec sa guitare en son clair évoque un avenir moins plombé pour l’artiste. L’ensemble renverra encore une fois une image un peu décousue, comme si le disque avait été non pensé et non conçu, les titres passant d’une humeur à l’autre sans vraiment se soucier de la cohésion. Mais Steve est l’artiste qu’il a toujours été, impulsif, naturel, et sans arrière-pensée, qui couche sur bande ce qui sort de son cerveau et de ses instruments sans chercher à respecter des codes, qu’il conchie d’ailleurs. Mais le tout ne manque pas de logique, celle d’un homme qui a cruellement souffert et qui cherche sa propre lumière.
La batterie n’est pas toujours carrée, le chant est toujours aussi unique, la guitare sombre, colérique, résignée. La dominante de beat principale est la lenteur, oppressante, suintante par moments, et plus proche d’une NOLA sous perfusion de haine envers une société qui part à vau-l’eau. On le sent sur « Mercy », qui ne réclame aucune pitié, et qui traîne le même motif grave comme un boulet aux chevilles. Paradoxalement, « Rockets and Dreams » et ses huit minutes offre une sortie plus apaisée, avec des percussions tribales, et un déroulé en Post-Grunge qui se termine dans une quiétude assez surprenante. Sans déjà savoir où placer No Good To Anyone dans la discographie dense de TODAY IS THE DAY, on peut au moins affirmer qu’il fait partie des réalisations les plus abouties de son auteur. Mais l’astuce aurait été une fois encore d’être plus franc, et de l’intituler Not Good for Everyone. Juste au cas où une ou deux âmes perdues auraient pu croire le contraire et penser que Steve Austin n’était qu’un pauvre hère condamné à la souffrance éternelle.
Titres de l’album :
01. No Good To Anyone
02. Attacked By An Angel
03. Son of Man
04. Burn in Hell
05. You're All Gonna Die
06. Orland
07. Cocobolo
08. Agate
09. Callie
10. OJ Kush
11. Mercy
12. Born in Blood
13. Mexico
14. Rockets and Dreams
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