L’album décrit le cycle de la maladie, et les différentes facettes qui la constituent, démarrant de l’annonce fatidique de la sentence, et se terminant par la mort inévitable du malade.
Avant même d’avoir posé ses fragiles oreilles sur le premier album des CLEAVER, on sent que le propos n’est pas à la légèreté. Mais après tout, un disque de Hardcore qui se respecte ne s’attarde pas sur les petits bonheurs de la vie, mais bien les inégalités, les situations conflictuelles, les abus du gouvernement, les débordements de la police, et tout ce qui peut s’apparenter aux aspects les plus négatifs de l’existence. Alors, la maladie, la souffrance et la mort en faisant partie, il n’est guère étonnant de constater que la déflagration produite par ce No More Must Crawl est au moins aussi violente que l’annonce d’un cancer incurable dans le bureau stérile d’un médecin à l’air détaché.
Fondé à Commercy dans la Meuse fin 2018, le groupe se forme autour de Mathis Garelli, chanteur guitariste, et de Léo-Paul Garelli à la batterie. Les frères ont rapidement été rejoints par Franck Fortina à la basse et au chant.
Power-trio dans la plus pure tradition du Noisy Rock/Core, CLEAVER s’inspire de l’underground US qui ne l’est plus tellement, et si son agence de promotion n’hésite pas à citer quelques influences notables comme FULL OF HELL, CONVERGE, CODE ORANGE ou MASTODON, autant rester méfiant, expurger cette courte liste de noms qui sont hors-sujet, pour y ajouter le souffre des UNSANE, le chaos des REFUSED, et la clique épaisse américaine de ces dix dernières années. Avec toutefois une différence/nuance de taille, une froideur héritée de la scène énervée suédoise, la plus virulente et véhémente.
Produit par CLEAVER, mixé par le producteur d’AMENRA Tim De Gieter et masterisé par Brad Boatright
Les faits sont là, et autant dire que No More Must Crawl a le son. Une production gigantesque mise en valeur par le gourou du mixage Brad Boatright, toujours aussi porté sur la puissance brute accentuée de cette franchise rythmique qui transforme l’axe basse/batterie en batterie de canons. Entre street-core vraiment agacé et sentence de mort dans les couloirs d’un hôpital, ce premier album est une courte litanie de douleur et de souffrance, un pèlerinage qu’on accomplit seul sur les terres arides du désespoir, et qui se termine en impasse, une fois la mort fixée dans ses yeux noirs.
CLEAVER n’invente rien, mais recycle avec panache, parfois très violemment (« The Plight »), et les étapes du concept dont décrites musicalement avec beaucoup d’acuité. Le choc initial de la nouvelle, le déni, la colère, l‘acceptation, la résignation et l’attente trouvent donc des illustrations très précises sur cet album, qui connaît parfois des poussées d’intensité à vous arracher la plèvre (« Thudding Stares »). Aussi efficace qu’impitoyable, le trio augmente la pression, monte dans les tours, fait preuve d’un sadisme rythmique conséquent qui transpose sur album le désespoir d’un condamné, et avec comme frontman un chanteur qui module sa voix au point de la perdre, CLEAVER s’écharne sur les détails les plus glauques, mais ne renie pas son caractère de catharsis pour perdus de l’existence entre attente et délivrance.
On appréciera « Desperate » pour le bloc de béton qu’il est, « KYG (Kill Your Guru) » pour ses dissonances et son break Heavy maladif, « No More Must Crawl » et ses tendances morbides à regarder la vie à l’envers en se rappelant des bons souvenirs qui vont bientôt fuir, et évidemment l’épilogue inévitable « Grief », qui nous présente la phase de deuil avec insistance, et un riff monolithique tendu comme un enterrement un lundi matin.
Rien n’est vraiment beau sur cet album, mais là n’est pas le propos. CLEAVER fait preuve d’une incroyable maîtrise de son sujet, et dévoile un premier album imperfectible dans le fond et la forme. Ayant moi-même - comme beaucoup d’entre vous - connu les affres d’un proche perdu dans le labyrinthe sans sortie de son destin funeste, je peux affirmer que No More Must Crawl est ce qui se rapproche le plus des derniers mois de vie d’un malade terminal. On pourrait presque sentir la bile et la sueur, et respirer la peur.
Titres de l’album:
01. Desperate
02. Dressed in Sorrow
03. Sunset
04. Inner Voice
05. The Plight
06. Thudding Stares
07. KYG (Kill Your Guru)
08. Light On
09. No More Must Crawl
10. Grief
L’article est à la hauteur de leur talent. Leur performance live est captivante.
Le groupe sera en concert ce samedi dans la Meuse :
https://www.facebook.com/events/476826537314512
Pas d’artifice, pas de chichi, une énergie singulière qui vous prend aux tripes. Un groupe à suivre
No mire must crawl
1er album détonnant! Enorme énergie sur scène et pas étonnant de les retrouver si vite au prochain Hellfest!!
Des étoiles montantes! A suivre!
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30