Voilà encore un groupe qui peine à intéresser les webzines sur la toile, puisque aucune information n’a pu être trouvée sur ce premier album. Surprenant quand on considère que les zines traquent toujours la moindre info susceptible de remplir leurs colonnes, mais tant mieux pour moi. Il n’y a rien de plus satisfaisant qu’être l’un des premiers à remarquer un combo intéressant. Et les SUICIDE ATTACK le sont assurément, alors même qu’ils se complaisent dans un créneau de Thrash générique, certainement l’un des genres les plus en vogue ces dernières années. Alors, nostalgiques encore une fois les mecs, ou progressistes ? Un peu des deux visiblement, ce qui rend ce premier album plus passionnant. Redoutant le statisme de la nostalgie, ces originaires de Gorinchem aux Pays-Bas ont visiblement lutté pendant des années pour enfin pouvoir proposer un premier jet, après une naissance en 2013 et un EP initial en 2015. C’est donc Prepare for Attack ! et son titre sans ambages qui a permis au groupe de se bâtir une petite réputation, et cinq ans plus tard, revoilà donc les musiciens affutés comme jamais, et prêts à en découdre avec le monde entier. D’un formalisme pas si évident que ça, cet album fait partie des bonnes surprises du mois de janvier, sans foncièrement bousculer la donne, mais en assimilant diverses tendances et influences pour les restituer d’une manière plus personnelle que la moyenne. Si la base de composition utilise les codes en vigueur dans les années 80, la mise en forme profite des astuces mélodiques des nineties, et spécialement l’art de la mélodie insérée de force dans des riffs saccadés, méthode symptomatique de la vague suédoise de Néo-Death de la même décennie. Et c’est sans doute pour ça que « Last Dawn » provoque un tel séisme en intro, avec son mélange des genres et des époques.
Plus que l’originalité, c’est l’efficacité et le rendement qui frappent sur cette première réalisation. On sent que le groupe a la hargne, et qu’il ne souhaite qu’une seule chose : faire headbanguer les fans et leur offrir un plaisir brutal, mais maîtrisé. Ainsi, le quatuor (Frans Swaters - chant/guitare, Stefan Rijnsburger - basse/chœurs, Eelco Klis - guitare/chœurs, et Jordy Zoethout - batterie) se concentre donc sur la pertinence de ses attaques, comme son nom l’indique, sauf qu’ils n’ont pas l’intention de se suicider bien au contraire. Entre un EXODUS méchamment remonté, un AT THE GATES surgonflé, et un TANKARD moins porté sur la boisson et ses excès, No More Room in Hell pave une voie royale à une horde de zombies thrasheurs qui foulent la terre de leur pas rapide pour bouffer le cerveau de trous les sceptiques de la cause. Et cette cause est noble, malgré quelques nuances qu’il convient d’apporter à la défense. En effet, les idées sont là, la mise en place aussi, mais avec près de cinquante minutes au compteur, les bataves commettent parfois la même erreur que les cadors du cru qui de nos jours publient des œuvres trop longues et blindées de redite, et parfois, autant dire qu’on a le sentiment « d’avoir déjà entendu ça quelque part », et plus particulièrement, sur l’album en question. Mais cette impression, heureusement, reste diffuse, car le quatuor a eu le bon goût de varier les tempi et les ambiances, passant d’une salve de morceaux lapidaires à un intermède glauque et Heavy, pour mieux rebondir sur une intervention Speed pur jus, ce qui nous donne plus qu’une moitié d’album fort valable.
L’hystérie que dégage l’ensemble est par exemple presque palpable, et euphorisante. Avec une suite de morceaux qui reprennent le meilleur de la Bay Area corsé d’une densité toute germanique/Européenne, les SUICIDE ATTACK multiplient les allusions au KREATOR contemporain, tout en clignant de l’œil vers la scène Crossover US (OVERKILL en tête de liste). Une union pas contre nature donc, pour un festival de riffs mélodiques et salement saccadés, comme en témoigne le radical « Bliss of Death », qui ferait faire l’hélicoptère à un tétraplégique. A l’aise en mode grande vitesse, les hollandais assument aussi leurs penchants Heavy, et « Violation » de nous lâcher un lick redondant sur fond de tapis de basse claquante, sonnant aussi Mosh qu’un « Toxic Waltz » d’EXODUS. Mais c’est avec « Evil Within » que les choses glissent sur un terrain moins praticable, avec ce Heavy diabolique et suintant, constellé de petites trouvailles rythmiques et d’un chant moins évident que jusqu’à lors. Frans Swaters abandonne à l’occasion ses intonations trop systématiques pour s’adonner à la gravité, avant de laisser sa gorge se racler d’elle-même. Toujours prompts à nous dégainer une intro ludique, les musiciens s’en remettent à un panaché d’influences, pour mieux nous surprendre d’un « Wake Up » turbocompressé, et caractéristique des TANK, RAVEN et autres ACID DRINKERS, sorte de manifeste un peu Punk qui témoigne de leurs attaches aux origines. Les qualités du combo sont donc plus que faciles à repérer. Entre un niveau technique au-dessus de la moyenne, un sens de la composition qui tue, une propension à élargir ses horizons par la radicalisation (« Extermination », petite bombe à fragmentation de moins de trois minutes), ou par la modulation (« Perfect Kill » et son délicat parfum ANNIHILATOR), No More Room in Hell a les arguments de ses ambitions, et ose le survol presque complet (manque juste la pseudo-ballade progressive ou le délire Thrashcore) d’une période aimée.
Lorsqu’il s’agit de se montrer factuel, les hollandais répondent présent (« Yhwh », difficile de faire plus classique et efficace), et quand le temps vient pour une conclusion définitive, ils sont toujours aussi motivés et impliqués (« War Machine », un peu WARBRINGER sur les bords mais pas trop). De fait, et malgré une poignée de riffs ou des breaks plus prévisibles, ce premier album reste une belle réussite, hargneuse comme il faut, mais suffisamment intelligente pour ne pas en faire trop. SUICIDE ATTACK est donc un nom à inscrire sur vos tablettes de suivi, malgré la supercherie. Les hollandais ne sont en effet pas du genre à attaquer en piqué pour tout cramer de leur suicide, mais plutôt à survoler patiemment une zone avant de la bombarder non-stop. On leur excusera cette petite fourberie patronymique.
Titres de l’album :
01. Last Dawn
02. Bliss of Death
03. Violation
04. Recognition
05. Extreme Hatred
06. Evil Within
07. Wake Up
08. Extermination
09. Perfect Kill
10. Yhwh
11. War Machine
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Il y a un clin d'oeil à David Martin dans la chronique, on peut même aller jusqu'à "Enjoy The Violence" :-) les " vétérans" comprendront....
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Complètement fan Merci holy records.J ai découvert bon nombre de groupe de metal à grâce à vous et ce catalogue que j epluchais à quête de la nouvelle pépite... que de nostalgie etque d heure de lecture.Et just(...)
24/02/2025, 11:28
Superbe Label en effet . J'ai justement decouvert le Metal Extrème avec ces groupes cités et inconnus jusque là
24/02/2025, 10:26
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
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