Deux morceaux, une demi-heure de « musique », à quoi s’attendre une fois encore avec cette nouvelle sortie cautionné par les barges de Sentient Ruin, qui depuis quelques années abritent en leur sein les créatures musicales les plus difformes de l’underground ? Sludge ? Doom ? Post ? Non, mais quelque chose entre le Black atmosphérique, l’Ambient nauséeux, et le Noise sous contrôle, un peu comme si les TERRA TENEBROSA s’encanaillaient avec URFAUST, juste pour le plaisir de faire plus de bruit que les autres. Né à Osaka au Japon, le projet international SLEEPWALKER (夢遊病者 en VO) propose donc aux auditeurs un voyage aux confins du possible et de l’impossible, et une métaphore assez intéressante sur le bien et le mal qui cohabitent dans notre univers. Se servant de leurs proches comme sujets d’étude, ces musiciens de l’extrême ne tolèrent donc aucune barrière d’inspiration et se répandant dans un style qui leur est propre, mais coutumier de l’écurie qui les exhibe comme poulains prometteurs.
Ce label bien connu donne d’ailleurs des pistes pour nous aiguiller sur une voie éventuelle. La maison de disques, outre URFAUST, cite aussi LURKER OF CHALICE, EMPTINESS, EMANATION, et MURMUÜRE pour ne pas nous perdre dans des comparaisons trop hasardeuses, mais ne soyez pas dupes. Les SLEEPWALKER développent un argumentaire terriblement personnel qui ne supporte pas les parallèles trop faciles. Toutefois, et à contrario de bien des ensembles connus dans l’underground pur avoir paraphé un contrat estampillé SR, le projet international livre avec Noč Na Krayu Sveta (Night at the Edge of the World en anglais) une œuvre véritable et construite, et pas seulement une suite de sons aléatoires vaguement assemblés en une symphonie nihiliste. A l’image de leur opposition diurne/nocturne, beauté/laideur, joie/terreur, les musiciens (PBV - guitares / bouzouki / quray / chant / effets / enregistrement, NN - fretted & fretless basses / moog / orgue et KJM - batterie / percussions / objets) développent de belles atmosphères, certes terriblement flippantes parfois, mais aussi lumineuses et mélodiques lorsque l’instrumentation se rapproche des libertés prises dans les seventies.
De fait, « Boundless Love / Resilience » se développe sur plus de quatorze minutes, mais conchie le remplissage facile et les astuces bruitistes. Avec un fond rythmique stable, et des digressions en avant-plan, le trio tisse une toile inextricable impliquant ses proches mais aussi l’auditeur, qui doit se laisser imprégner par cette atmosphère à cheval entre nuit et jour. Plus viscéral qu’avant-gardiste, ce premier chapitre est vraiment fascinant, et loin des délires gratuits d’escrocs à la petite semaine. Il y a de l’Ipecac là-dedans, du Zorn, de l’Ambient intelligent, et surtout, une musicalité de fond indéniable qui fait écho à ces sonorités sombres et grondantes qui nous rappellent nos cauchemars les plus terrifiants.
VED BUENS ENDE, ZENI GEVA, BOHREN AND DER CLUB OF GORE, GALLOPING CORONERS, URFAUST, AND THE KILIMANJARO DARKJAZZ ENSEMBLE, d’autres noms cités à la volée, mais qui permettent d’entrevoir une vérité, puisque plusieurs coexistent. Noč Na Krayu Sveta agit donc comme un parfum attirant/répulsif, triture la mélodie pour la dénaturer et la réduire à sa plus simple expression, accentue les contrastes pour nous prendre par surprise, et évoque parfois un MAGMA plongé dans la lave d’un Black Metal vraiment triptyque et intraduisible. « Redemption / Retaliation », plus abrupt, joue avec les sons, les discordances, les dissonances, laisse la basse rouler, la batterie frapper, et les instruments d’appoint nous engluer dans un rêve étrange, si étrange qu’on peine à le décrire par des mots. Il faut - je ne le cache pas - supporter l’optique pour aller jusqu’au bout de l’aventure. Ce nouvel album du collectif ne parlera pas à grand monde, même si ses instants les plus harmoniques pourront séduire les amateurs de Post-Rock à bouzouki. Les silences sont intelligents, les arrangements emprunts de rigorisme allemand des années 80, et le tout exhale d’un parfum doux-amer.
Alors, que dire de plus sans s’empêtrer dans les longues phrases sans aucune utilité ? Que la violence la plus crue et l’harmonie la plus pure peuvent cohabiter dans un même ensemble, que la liberté de création a encore de beaux jours devant elle pour peu qu’elle ne se perde pas dans le labyrinthe des ego, et que le Black Metal sort encore une fois grandi de cette expérience hors du commun. Mais faites-vous votre propre opinion, et partagez votre avis. C’est le seul moyen de cerner cet album qui ne ressemble à rien de connu à ce jour.
Titres de l’album:
01. Boundless Love / Resilience
02. Redemption / Retaliation
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