Je n’ai aucune honte à avouer que la dernière fois que mes oreilles se sont posées sur un album d’AGENT STEEL, le calendrier affichait l’année 1987. Je n’ai donc absolument pas suivi l’histoire du groupe après son premier split en 1988, même si j’admets avoir entendu de loin quelques morceaux de l’album Omega Conspiracy. N’y voyez pas de mépris, mais je n’ai jamais considéré le groupe comme un acteur majeur de la scène US, et si les deux premiers longue-durée du combo ont acquis depuis un statut culte, c’est souvent plus par nostalgie que de par leur qualités intrinsèques. J’avais plus ou moins flashé sur l’Atlantis Metal d’Unstoppable Force, mais ma passion modérée pour les californien était surtout liée au timbre incroyable du chanteur John Cyriis, et sans vouloir minimiser le formidable travail accompli à posteriori par la paire Juan Garcia/Bruce Hall, sans cette voix unique en son genre, AGENT STEEL manquait de folie. Alors, lorsque j’ai appris le retour du légendaire hurleur dans le giron de sa famille en 2018 pour un nouvel album, ma curiosité a été piquée au vif, et se voit aujourd’hui rassasiée par la publication de ce No Other Godz Before Me, aussi franc que son titre n’est roublard.
John Cyriis est donc de retour, et les fans hardcore du groupe vont pouvoir célébrer son comeback comme il se doit, même si évidemment, le line-up de la formation en a pâti. Exit donc Garcia et Hall, les deux anciens meneurs, et bonjour à trois nouveaux sidekicks, enrôlés en 2020. L’AGENT STEEL formule No Other Godz Before Me présente donc trois nouveaux acteurs Metal, avec Shuichi Oni à la basse, Rasmus Kjær à la batterie et Vinicius Carvalho à la guitare, présents depuis l’année dernière et épaulant le plus ancien membre de la nouvelle formation Nikolay Atanasov (PROPHECY, МЪЛНИЯ, ex-AVENGER'S REIGN, ex-STEEL RIDER, ex-TOTAL COLLAPSE, ex-RAMPART, ex-TARDUS MORTEM, ex-ABDUCTED, ex-COLLAPSE, ex-DIAMOND HEAD, ex-DIAMOND HEARTS, ex-EPITAPH, ex-ETERNAL, ex-KOLLAPSE, ex-OVER-DEAD, ex-PHANTASM, ex-RISING FORCE, ex-АНТИМОН) à la première guitare depuis 2019. John a donc fait le choix de renouveler complètement son cheptel, et nous présente le fruit de ses réflexions intergalactiques en à peine quarante minutes, délivrant donc une prestation courte et concise qui sied admirablement bien au propos.
De là, inutile de faire durer le suspense pour le plaisir, la seule question en suspens étant : No Other Godz Before Me peut-il prétendre rivaliser avec les deux albums mythiques des années 80, Skeptics Apocalypse et Unstoppable Force ? Je répondrai de façon détournée et légèrement sarcastique sur les bords, en affirmant que le propos artistique de ce sixième longue-durée renvoie le dernier HEATHEN dans les limbes des anneaux de Saturne. Non seulement No Other Godz Before Me nous transporte dans une autre dimension, dans laquelle les années 80 sont toujours d’actualité, mais il propose le meilleur des deux mondes, et fond les deux premiers efforts dans une même matière faite d’un acier inoxydable et indestructible, et d’un alliage plus malléable. Parfaite synthèse des instincts Heavy et Power Metal du groupe d’il y a trente ans, ce nouveau chapitre de la saga s’impose comme une continuité logique du hiatus imposé en 1988, et fait oublier tous les efforts précédents du combo période John Garcia.
Première bonne nouvelle, la voix incroyable de John n’a rien perdu de sa puissance et de sa capacité à briser le cristal et assourdir les sirènes à mille miles à la ronde. Dès les premiers morceaux, le vocaliste unique en son genre déplie tout son arsenal infrasonore à rendre dingue une meute de beagles, et tutoie encore une fois les aigus les plus improbables. Nous sommes donc immédiatement rassurés par son potentiel toujours aussi valide, mais aussi par la fougue du premier titre reprise de contact « Crypts of Galactic Damnation », qui de son énergie crame la concurrence dans le cosmos. Avec sa patine AGENT STEEL évidemment inévitable, mais aussi ses accents SCANNER très prononcé, ce titre à des allures de l’hymne définitif qu’il est, et replace le Speed Metal au centre des débats.
Seconde bonne nouvelle, le groupe a choisi l’optique d’une production sèche et nostalgique, qui recréé à merveille les sensations adolescentes de la découverte d‘un Metal délicieusement underground et âpre. Pas question ici de guitares aux riffs uniformes ou d’une rythmique étouffant les fréquences, et les instruments peuvent donc respirer et s’exprimer à l’état brut sans avoir besoin de se piquer aux stéroïdes pour faire valoir leur virilité. Troisième et excellente nouvelle, le répertoire à fait fi des anciens partis-pris du groupe, et a abandonné ces pauses Heavy Metal un peu pataudes et négligemment lyriques pour se concentrer sur une énergie Speed ne se démentant qu’en de rares occasions. Le résultat est donc indiscutable : No Other Godz Before Me est le troisième album estampillé John Cyriis que le groupe n’a jamais pu enregistrer.
Loin d’être un coup de pub, le retour de John dans la famille AGENT STEEL est donc une véritable fête des sens, propre à déclencher de sérieuses crises de headbanging chez les metalleux atteints d’un sévère torticolis. Bien entouré, le chanteur légendaire peut donc poser sa voix toujours aussi hystérique et envoutante sur des instrumentaux solides, qui n’hésitent d’ailleurs pas à utiliser des recettes formelles, comme sur le déjà classique « Trespassers » qui nous ramène directement à l’époque de Skeptics Apocalypse.
Et alors que bon nombre de cadors de l’époque manquent souvent de souffle ou de jus, John et ses acolytes maintiennent la pression, et brûlent burner sur burner pour ne pas nous lâcher. Les couches de chant superposées avec intelligence créent un phénomène de vortex nous happant dans une autre galaxie («The Devil’s Greatest Trick »), qui une fois atteinte, révèle ses merveilles et ses dangers avec beaucoup de franchise (« Sonata Cósmica »). AGENT STEEL en version rapide a l’intelligence de ralentir le tempo juste quand il le faut (« Veterans of Disaster ») pour imposer des mélodies plus prononcées, et l’album propose donc une construction très réfléchie qui lui permet d’éviter la redondance d’un Power/Speed trop évident. Loin de s’essouffler à mi-parcours, l’album propose donc des choses intéressantes sur son dernier tiers, retrouvant le boogie unique du groupe (« Carousel of Vagrant Souls »), s’autorisant même une dernière accélération fulgurante sur le thrashy « Outer Space Connection ».
Sacrée surprise donc que ce retour du AGENT STEEL de légende, encore plus en forme qu’à l’époque de sa gloire naissante. Le retour au bercail de John n’était donc pas qu’une simple astuce, et rallume la flamme du groupe pour une quatrième partie de carrière qu’on pressent vraiment passionnante.
Titres de l’album:
01. Passage to Afron-V
02. Crypts of Galactic Damnation
03. No Other Godz
04. Trespassers
05. The Devil’s Greatest Trick
06. Sonata Cósmica
07. Veterans of Disaster
08. Carousel of Vagrant Souls
09. The Incident
10. Outer Space Connection
11. Entrance to Afron-V
Les premiers morceaux ayant été diffusés sur le net (et vite retirés d'ailleurs) ne m'avaient pas convaincu et en écoutant l'album, ce sont des morceaux qui m'attirent aujourd'hui encore le moins.
J'ai adulé Agent Steel avec Skeptic Apocalypse. Certes, l'album n'était pas foncièrement jouissif de la première à la dernière note mais il fait partie des rares albums que j'écoute encore régulièrement et avec toujours autant de plaisir.
Après, j'ai délaissé le groupe en trouvant leur Unstoppable Force nettement moins intéressant.
Cyriis parti, je n'ai jamais écouté réellement d'albums du groupe, mais je suivais leurs news avec intérêt.
Aussi, ce No Other Godz Before Me est réellement le premier album d'Agent Steel sur lequel je me penche depuis le premier.
Musicalement, ça dépote ! Tant au niveau énergique qu'au niveau de l'accroche des mélodies. Ca le fait. Et puis les solos sont juste somptueux.
Quant à Cyriis, je trouve que par moments il en fait des tonnes. Un peu too much sur certaines compos et ce, dès l'intro.
--suite--
D'autant plus qu'à ces moments là, sa voix prend le pas sur les instruments de manière un peu trop envahissante.
Malgré cela, son chant haut perché le fait toujours, presque comme aux premiers jours.
Quant au fait que cet album renvoie le dernier HEATHEN dans les limbes des anneaux de Saturne, je ne peux qu'être on ne peut plus d'accord. Le dernier Heathen n'était qu'un amas de riffs pour Exodus et non un album de Heathen digne de ce nom. Même les solos sur l'Agent Steel sont davantage jouissif.
Autant je vais m'attarder sur cet Agent Steel, autant j'ai déjà oublié qui était Heathen.
Cyriis against King Diamond sinon très bonne surprise .
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09