L’ébéniste disait souvent, « Où y’a du chêne, y’a pas d’plaisir ». Le metalleux vous dira quant à lui, « Où y’a pas d’chaîne, y’a pas de délire ». Et comme je le comprends…Alors, toi qui me lis et qui n’aime rien tant qu’une sévère injection de Heavy Metal traditionnel, je t’envoie non en Allemagne, comme on pourrait le croire, mais bien en Angleterre, là où tout a commencé. BLACK SABBATH évidemment, mais surtout la NWOBHM, avec son torrent de riffs acérés, ses mélodies à la tierce bichonnées, et son énergie démultipliée. La nostalgie, encore et toujours, au point où on se demande si une tournée générale mettant en scène les anciens ne va pas bientôt voir le jour comme aux Etats-Unis.
En attendant de payer nos places 150 euros pour admirer les légendes d’antan, il existe une option moins onéreuse, qui ne coûte que le prix d’un album ou d’un téléchargement légal. Le troisième longue-durée des écossais de TANTRUM, qui depuis des années défendent une éthique bien précise, et un savoir-faire ancestral.
TANTRUM a émergé un beau jour de 2014, a connu quelques remous, mais est toujours là, dispo et costaud, pour nous conter fleurette au bord de l’autoroute. Alors que le line-up est passé par le tamis du changement en plus d’une occasion, le quintet se montre ferme au niveau de ses options, et affiche sa foi dès la pochette. Des chaînes évidemment, pas pour rouler en montagne mais bien pour rester prisonnier d’un enfer personnel, que les cinq musiciens décrivent avec une acuité particulière.
No Place for the Damned, c’est un peu le point de rencontre idéal entre IRON MAIDEN et ACCEPT. Une sorte de True Metal sans les clichés à la MANOWAR, mais avec des badges, des dossards, et des t-shirts flanqués de noms sacrés. Une passion indéfectible pour l’électricité et la distorsion, et un hommage rendu aux héros quadragénaires à la carrière de fer. Ce troisième album n’est pas un album qu’on se contente d’écouter, il faut y entrer comme on entre dans les ordres, il faut le respirer, le ressentir, frémir et transpirer, sur l’air endiablé de « W.A.I.L. », hymne parmi les hymnes qui dévoile une rythmique ultra solide, une paire de guitaristes influencés par les grands duettistes, et un chanteur à la voix assurée, passionnée, et enflammée.
« Manifest Destiny » hausse immédiatement le ton, et nous convoque toute affaire cessante. Le son est gros, rond, précis, l’ambiance surchauffée, et l’accolade sincère. Le quintet (Mark Reid - chant, Baz Fitzsimmons & Micah James Lewis Snow - guitares, Chris Horne - basse et Mark Riches - batterie) s’investit à 200 pour cent, et traite de sujets variés mais concernés, dont une trilogie centrée sur l’aventure du projet Manhattan. Pour ceux n’ayant pas vu le magnifique Oppenheimer ou tout simplement zappé leurs cours d’histoire au collège, le projet Manhattan était le projet de recherche du gouvernement américain dont l'objectif était de produire une bombe atomique au cours de la Seconde Guerre mondiale. Trois morceaux appartiennent à cette Trinity Trilogy, et une version très limitée du CD est disponible avec le triptyque entier, en bonus. Mais évidemment, le reste de l’album lui aussi est d’importance, et propose des chansons non seulement puissantes, mais aussi mélodiques. Les anglais nous parlent des sans-abri, de la mythologie grecque, mais aussi de dystopies où les mensonges se transforment en blessures physiques. De quoi s’intéresser à des thématiques ouvertes, qui dynamisent un instrumental méchamment agressif.
« Hellbound Planet (Trinity II) » évoque les derniers albums d’ACCEPT, et dame le pion à ces anciennes formations qui ne proposent que du réchauffé. Ici, tout est servi sorti du four, encore bouillant, et si les riffs restent classiques, ils sont si performants qu’ils perforent les tympans. TANTRUM n’a pas inventé le Heavy Metal, il le sait bien, mais il sait le jouer comme personne, et évoque même notre scène française la plus portée sur le Power Metal.
Avec près d’une heure de musique, No Place for the Damned prend tous les risques. Celui de se répéter évidemment, mais aussi celui de lâcher des facilités, et des morceaux trop faibles. Sacré pari donc, remporté haut le poing par une intensité ne se démentant pas, et un mélange d’émotions agréable et probant. On sent du HELLOWEEN par moments, beaucoup de représentants de la scène allemande, mais aussi des inflexions italiennes de bon ton. « The Darkest of Times », bien choisi comme single donne des crampes à force de faire des grimaces, et utilise son up tempo à bon escient pour nous offrir notre dose de grisant.
« Internal Bleeding » continue sur la même lignée, et on comprend rapidement que tout l’album va maintenir cet incroyable niveau de qualité. Très concentré, le groupe suit sa ligne de conduite, mais offre des nuances fascinantes, et quelques arrangements plus modernes. Ainsi, « Scarred » fricote avec le Thrash et suggère un parrainage de NEVERMORE, alors que « The Judge » pilonne sans relâche pour fouiller les poches du Metal germain des années 80.
Comme son modèle IRON MAIDEN, TANTRUM clôture son effort par un titre encore plus fort, évolutif, progressif et mystique. « The Pit and the Pendulum » déroule une intro narrée subtile et ambiancée, avant évidemment de tout exploser lorsque les instruments se réveillent au couchant. Ce titre épique permet à Mark Reid de faire montre d’un panache indéniable dans les accents les plus softs, alors que le reste du groupe lâche tout ce qu’il a pour faire de cet épilogue le cliffhanger idéal.
Et il l’est, croyez-moi. Après l’avoir savouré une bonne dizaine de fois, je peux affirmer sans crainte qu’il incarne la quintessence du Heavy noble, et certainement le meilleur titre purement Metal de cette fin d’année 2024.
TANTRUM prouve que les chaînes provoquent le désir, et induisent le délire. Le leur est fabuleux, vécu à fond, sans se poser de question. L’équivalent de l’explosion de Nagasaki, sans les victimes. Vous imaginez un peu mieux le barouf.
Titres de l’album:
01. Manifest Destiny
02. Minotaur
03. W.A.I.L.
04. Deepest Line
05. Hellbound Planet
06. The Darkest of Times
07. Internal Bleeding
08. Scarred
09. The Judge
10. Traveller
11. The Pit and the Pendulum
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30