Le temps finit toujours pas nous rattraper. Qu’importent les années, qu’importent les longs silences, on finit toujours par se regarder dans une glace pour constater les dégâts. Et ça peut faire mal au cœur de se rendre compte que les rides sont de plus en plus nombreuses et les pertes de mémoire plus fréquentes. Faire un festival devient un chemin de croix, et on se terre dans les souvenirs, préférant réécouter pour la millième fois les classiques de son adolescence que d’essayer de faire le tri dans la production actuelle. Mais il arrive aussi que les souvenirs trouvent un ancrage précis dans le présent, lorsqu’un mail promotionnel réveille la machine à bulles qui nous sert de cerveau.
Le nom de XYSMA a fait tilt dans le mien, et ce, pour diverses raisons. D’abord, parce que j’adore ce groupe depuis ses débuts, ensuite, parce que je n’avais plus entendu parler de lui musicalement parlant depuis vingt-cinq ans. Et surtout, parce que je savais que ces retrouvailles allaient s’annoncer tonitruantes et inédites, connaissant le caractère plus que versatile du groupe.
Pour ceux n’ayant jamais croisé la route de XYSMA, sachez qu’ils sont encore aujourd’hui considérés comme les pionniers de la scène extrême finlandaise. Leurs deux premières exactions notables, la démo Swarming of the Maggots et le EP Above the Mind of Morbidity étaient de purs concentrés de haine Grind/Death, musique jusqu’à lors sous-représentée dans le pays, voire pas du tout. Mais la suite des évènements allait s’annoncer plus complexe. Après avoir atteint leurs limites, les musiciens ont bifurqué dès leur premier album, pour proposer un mélange de Rock seventies et de Death, puis de Rétro Rock, puis de Pop Rock, savoureuse et épicée. Et si les groupes de Grind ont parfois emprunté des chemins de traverse pour s’épanouir dans des genres moins restrictifs, les finlandais ont quant à eux joué le 180 degrés pour passer des blasts aux caresses mélodiques.
Dernier témoignage en date, l’excellent Girl on the Beach en 1998. Après ça, le déluge, ou plutôt une excellente compilation, très complète (Xysma, 2004), puis deux autres quelques gigs, et un retour que personne n’attendait vraiment. Et au lieu de s’en revenir les mains dans les poches et une quatrième compilation comme bouquet de fleurs, les cinq finlandais nous offrent un full-lenght, totalement inédit, et complètement craquant.
Svart Records était sur le coup, et se félicite de cette signature. Le label finlandais n’est que trop heureux de retrouver ses héros nationaux après des années de disette, et le caractère éclectique de la maison de disques correspond parfaitement à ce que No Place Like Alone nous propose de son entame à son terme.
Et on ne reste pas sur la sienne. Si la question du choix artistique restait en suspens, le groupe étant capable de revenir aux racines comme de continuer sur sa lancée étrange, les doutes sont rapidement balayés par un premier morceau ferme, aux options définitives. De fait, on comprend très vite que XYSMA (Janitor – chant, Olli Nurminen – guitare, Teppo Pulli – batterie, Kalle Taivainen – basse et Janne Lastumäki – claviers, soit un line-up historique à peu de choses près) aime toujours autant le Rock et les antiquités, ce nouvel album ayant des allures de brocante de luxe pour amateurs de raretés musicales.
Comme je le disais plus tôt, « Well Seasoning » frappe fort, et immédiatement. Un riff reconnaissable entre mille, un cri qui défouraille tes morts, une rythmique up steady and go, et une énergie de tous les diables en mode party all night long. Entre SHINING et les HELLACOPTERS, avec cette préciosité finlandaise qu’on aime tant, le quintet frise déjà la perfection, et en tout cas, rassure son public : l’envie est revenue, et les concerts risquent d’être velus.
On oubliera pour encore plus apprécier le cadeau les débuts cacophoniques qui ne sont plus qu’un vague souvenir. Et on se rappellera des deux derniers albums, aussi ressemblants que différents, entre Rock vintage et Pop délicate et smooth. En une seule écoute, No Place Like Alone convainc sans forcer, mais cache de belles surprises en son sein. Les influences sont depuis longtemps digérées et entre Punk, Pop, Rock, MOTORHEAD, les ADDICTS, les RAMONES, REFUSED, et autres représentants Indie Pop du froid, XYSMA joue serré et provoque même de ses tonalités bizarres et Garage (« Model 670 »).
Mais le groupe a très intelligemment joué le jeu en travaillant ses compos. Evitant la linéarité d’un Rock fluctuant et indexé sur la nostalgie, et provoquant le spectre d’une Pop survitaminée et congelée à la nordique (« Midnight Call » et son break totalement imprévisible), XYSMA ne se fait pas prendre au piège, et transforme l’écueil du ventre mou en superbe côte sauvage à découvrir. Ainsi, les deux plus gros morceaux se trouvent pile au milieu, provoquant une coupure logique et bienvenue, avant que le rythme ne reprenne de plus belle.
On dégustera donc en fine bouche la doublette magique « Final Episode » / « Earthrise » et ses accents bizarres, ses atmosphères cotonneuses et parfois aussi Synth-Pop qu’un CARPENTER BRUT en vacances à Espoo. Et alors que le quintet aurait pu nous refourguer une copie carbone de ses plus grands tubes, il a la politesse et l’élégance de varier le propos une fois de plus, taquinant Punk/Pub-Rock (« Rowdy Barrel »).
On cite dans le texte, on déforme, on s’approprie et on signe un disque qui respecte la tradition tout en acceptant l’ancrage de son époque. Rétro-futuriste, regard dans le rétro pour aller de l’avant, No Place Like Alone est un petit chef d’œuvre qui surnage de deux têtes au milieu de la vague 2020’s, qui ose défier les STRUTS sur leur propre terrain tout en les ridiculisant en mode glaçon (« Sigh for Sore Mind »), avant de nous assommer de l’uppercut BOWIE du final « Encounter at Dawn ».
Et étrangement, avec mes cinquante-et-un ans (ressenti soixante-dix), je me suis soudainement senti moins arthritique et asthmatique. Comme quoi, malgré les années qui passent et les souvenirs qui s’entassent dans les cartons, on peut parfois se sentir de nouveau jeune et con. Mais pas trop.
Titres de l'album :
01. Well Seasoning
02. Model 670
03. Midnight Call
04. Mr. Fulltrade
05. Final Episode
06. Earthrise
07. Rowdy Barrel
08. Sigh for Sore Mind
09. Moose & Gutbucket
10. Encounter at Dawn
Quelle surprise ! J'ai 'Yeah' en vinyle. Je l'ai beaucoup écouté mais je n'ai jamais vraiment écouté la suite. Bon, ce que je viens d'entendre ici me plait beaucoup mais c'est effectivement très différent des débuts. Et du haut de mes 51 ans (moi aussi), je me dis qu'avec un groupe comme ces vétérans de XYSMA, le rock'n'roll (bien crasseux) à encore de beaux jours devant lui.
Je tombe sur la chronique et ce visuel de groupe intrigant. Cette nouvelle offrande est franchement pas mal, à confirmer avec plus d'écoutes.
01/04/2025, 15:21
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Bon...Je viens de me bouffer à peu près la première moitié de leur discographie là...Comme dirait le penseur, cela m'en touche une sans faire bouger l'autre.J'aurai essayé ma foi... ... ...
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27/03/2025, 19:36
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