« Ils jouent la musique que tes parents avaient l’habitude d’écouter »
Moi je veux bien, mais chroniquer un groupe qui joue du Charles Aznavour, du Enrico Macias ou du Georges Moustaki risque de faire tâche dans les colonnes de notre webzine chéri. Mais en sautant une génération et en adaptant la formule en un plus sûr « Ils jouent la musique que tu avais l’habitude d’écouter durant ton adolescence », le jeu rallume sa chandelle et les choses reprennent leur cours normal. Ceci dit, avec des titres comme La Reine de la Nuit, Le Feu de Minuit, Sous le Charme, Les Gladiateurs du Rock, ou Le Pouvoir, peu de chances de confondre ce quintet avec un cover-band reprenant à son compte « Il est Trop tard », « Les Filles de mon pays » ou « Que C’est Triste Venise ».
Mais de toute façon, tout le monde connaît déjà les BLACKSLASH, présents depuis plus de dix ans sur la scène internationale, et déjà auteurs de plusieurs longue-durée et d’un EP introductif éponyme. Ce qui leur permet de se passer de CV au moment de l’entretien d’embauche virtuel, puisque leur fanbase est au courant de leurs pratiques et habitudes musicales. Et c’est peu dire que leur label national mise sur eux, puisque Iron Shield Records parle de No Steel No Future en termes plutôt élogieux, allant jusqu’à voir en ce troisième album l’un des haut-faits de cette année 2022.
Et BLACKSLASH n’ira pas les contredire, puisqu’il semblerait que les musiciens aient appuyé sur l’accélérateur de la qualité au moment de négocier le virage délicat du troisième chapitre. Pas moins de cinquante minutes de musique épique, mélodique, mordante, et un sérieux penchant pour recycler les recettes les plus éprouvées de la NWOBHM. Loin d’un simple clone d’ACCEPT ou d’un ferrailleur germain refourguant les tonnes d’acier des années 80, les originaires de Donaueschingen continuent leur exploration d’une certaine vision passéiste anglaise, avec force tierces, chœurs flamboyants, et autres breaks évolutifs.
Les noms cités comme arguments de comparaison promotionnels tapent directement dans le coffre des légendes, et IRON MAIDEN et THIN LIZZY sont conviés par procuration à apporter leur caution au quintet. Et même si quelques détails peuvent rapprocher Steve Harris, Phil Lynott et nos amis du jour, nous sommes encore loin d’un simple amalgame malin pour appâter le chaland.
BLACKSLASH possède en effet sa propre personnalité, tient à son intégrité, et nous offre donc une petite heure de Hard Rock puissant, harmonieux, joué par des orfèvres qui savent comment dégripper les rouages et les pignons pour que l’horloge du temps les ramène gentiment dans le passé. Subtilement Heavy, cette musique est plus douce que ce que les ensembles allemands nous proposent à longueur d’année, et plus proche d’un HAUNT que d’une secte adoratrice de RUNNING WILD ou GRAVE DIGGER. La production, profonde et souple, accentue cette sensation de légèreté dans l’agression, et si les riffs en saccades, si la basse ronde qui cavale, et si la rythmique bondissante qui catapulte sont ancrés dans les eighties révérées, l’ambiance de l’album est prenante, et la qualité des morceaux indéniable.
Et du titre original Pas d’acier, pas de futur, on sentait tenté de glisser vers un Pas d’acier, pas de passé, tant les inspirations du quintet (Christian Haas - guitare, Daniel Hölderle - guitare, David Hofmeier - batterie, Clement Haas - chant et Alec Trojan - basse) remontent à la nuit des temps de la NWOBHM, lorsque le Metal anglais se durcissait en partie, tout en acceptant le legs des mélodies seventies. Inutile donc de chercher du MAIDEN ici, mais plutôt un gigantesque melting-pot de tout ce que la première partie des années 80 avait de mieux à nous offrir. Ce que les deux premiers titres prouvent de leur allant et de leur énergie, toutes guitares en avant, tierces fières et chant velouté avec ce petit vibrato qui ajoute un charme fou.
L’alternance d’ambiances, d’approches de d’atmosphères confère à ce troisième album des allures de quête exhaustive de toutes les sensations ressenties dans les années 80. Entre épique modéré et réaction rapide et épidermique, No Steel No Future se propose de nous guider dans les couloirs du passé, lorsque les armoiries étaient fièrement plaquées au mur et les épées violemment brandies. Mais ce Metal light évite justement tous les écueils des clichés les plus endurcis, et pas question de se laisser aller à un riff unique destiné à flouer les passionnés.
Ainsi, « The Power » joue la séduction mid mélodique, alors que « Under The Spell » saccade à tout va. On retiendra aussi le caractère fédérateur de l’hymne « No Steel No Future », bombe de concerts à venir, la fougue de « Hammertime », mais plus généralement, cette passion qui exsude des sillons, et qui nous ramène en pleine adolescence, période d’apprentissage du Metal.
Adulte mais ayant encore l’âme d’un enfant, BLACKSLASH continue son chemin sur les rues pavés de la nostalgie, tout en regardant droit devant. Puissance, lyrisme et foi, telles sont les trois mamelles de ce quintet assez classique dans les faits, mais imperfectible dans le fond. On se surprend à headbanguer inconsciemment, et à siffloter ces mélodies gentiment guerrières, comme si nous avions quinze ans à nouveau.
« Ils jouent la musique que tes parents avaient l’habitude d’écouter »
C’est sans doute ce qu’on dira à nos enfants lorsque dans trente ans, des groupes comme BLACKSLASH sortiront un nouvel album.
Titres de l’album :
01. Queen Of The Night
02. Midnight Fire
03. The Power
04. Under The Spell
05. No Steel No Future
06. Hammertime
07. Gladiators Of Rock
08. One For The Road
09. Bombers
10. Demons Of Life
Je rejoins en partie Arioch91...le chant? Et la production? Ca manque d'âme je trouve, en tout cas si je compare à "Darkness Descends" ( oui, c'est le seul album que je connais d'eux....)....
14/04/2025, 14:35
Un petit message hors sujet mais bon, je regrette en effet la disparition du Fall of Summer...
14/04/2025, 14:30
Bon ça me parle déjà plus que leurs dernières sorties, on retrouve un peu d'adhérence dans les guitares, à voir !
14/04/2025, 07:29
La différence de style n'est pas surprenante, ils n'ont jamais refait le même album. Mais ça rend mou, fatigué, sans inspiration... et décevant après une si longue attente. Espérons que le reste soit meilleur.
13/04/2025, 12:10
@DPD je suis d'accord avec toi et c'est vrai que dans le genre, Vektor est l'un des rares groupes à avoir proposé quelque chose de neuf. Pour ma part, je rajoute également Power Trip qui, même s'il ne propose rien de foncièrement neuf, a un gr(...)
13/04/2025, 07:58
Arioch91, c'est juste que le thrash basique on a largement fait le tour, depuis une trentaine d'années en fait. Vektor avait remis un coup de boost dans la scène avec ses tendances progressives et autres, mais il semblerait que le mec était pas sympa dans sa vie pri(...)
13/04/2025, 02:02
Grosse déception pour ma part.C'est sûr que faire poireauter les fans après 34 ans, l'attente est forte et surtout, on attend LE truc qui va tout niquer.Mouais.Je passe sous silence la cover qui pue l'IA à plein nez.Qu'est(...)
12/04/2025, 18:53
Ouh que c'est bon ça !!! !!! !!!Un truc qui puise à mort dans les 90s !NECROMANTIA et BARATHRUM en tête... ... ...
11/04/2025, 09:36
Je veux bien que la société polonaise soit différente, mais ses provocations à deux balles passent pour du Manson 20 ans trop tard, c'est tellement commun..
10/04/2025, 16:41
Juste une remarque, je suis pas au courant des lois françaises, si j'ai outrepassé mes droits vous pouvez virer ce commentaire pas de soucis.
10/04/2025, 15:17
Cher Emptyrior, je suis juste homophobe, voilà tout. Il y a des gens comme ça que veux-tu. Mes excuses si tu es blessé par mes propos, j'espère que tu sauras t'en remettre.
10/04/2025, 15:04
@ DPD : Certaines personnes ne comprennent en effet pas ce qu'implique une guerre, et se permettent de faire tranquillement des commentaires dans leur canapé en mettant pays agresseur et pays agressé dos à dos. L'ignorance et la bêtise n'ont aucune limite(...)
09/04/2025, 23:31
Emptyrior, va donc écouter Taylor Swift si tu veux un safe space
09/04/2025, 05:02
"Des soli qui n’en sont pas et font passer les débuts de KREATOR et SODOM pour des examens de conservatoire" ha ha !Ce groove nihiliste encore. Le pied.
08/04/2025, 22:52