No Steel No Future

Blackslash

11/03/2022

Iron Shield Records

« Ils jouent la musique que tes parents avaient l’habitude d’écouter »

Moi je veux bien, mais chroniquer un groupe qui joue du Charles Aznavour, du Enrico Macias ou du Georges Moustaki risque de faire tâche dans les colonnes de notre webzine chéri. Mais en sautant une génération et en adaptant la formule en un plus sûr « Ils jouent la musique que tu avais l’habitude d’écouter durant ton adolescence », le jeu rallume sa chandelle et les choses reprennent leur cours normal. Ceci dit, avec des titres comme La Reine de la Nuit, Le Feu de Minuit, Sous le Charme, Les Gladiateurs du Rock, ou Le Pouvoir, peu de chances de confondre ce quintet avec un cover-band reprenant à son compte « Il est Trop tard », « Les Filles de mon pays » ou « Que C’est Triste Venise ».

Mais de toute façon, tout le monde connaît déjà les BLACKSLASH, présents depuis plus de dix ans sur la scène internationale, et déjà auteurs de plusieurs longue-durée et d’un EP introductif éponyme. Ce qui leur permet de se passer de CV au moment de l’entretien d’embauche virtuel, puisque leur fanbase est au courant de leurs pratiques et habitudes musicales. Et c’est peu dire que leur label national mise sur eux, puisque Iron Shield Records parle de No Steel No Future en termes plutôt élogieux, allant jusqu’à voir en ce troisième album l’un des haut-faits de cette année 2022.

Et BLACKSLASH n’ira pas les contredire, puisqu’il semblerait que les musiciens aient appuyé sur l’accélérateur de la qualité au moment de négocier le virage délicat du troisième chapitre. Pas moins de cinquante minutes de musique épique, mélodique, mordante, et un sérieux penchant pour recycler les recettes les plus éprouvées de la NWOBHM. Loin d’un simple clone d’ACCEPT ou d’un ferrailleur germain refourguant les tonnes d’acier des années 80, les originaires de Donaueschingen continuent leur exploration d’une certaine vision passéiste anglaise, avec force tierces, chœurs flamboyants, et autres breaks évolutifs.

Les noms cités comme arguments de comparaison promotionnels tapent directement dans le coffre des légendes, et IRON MAIDEN et THIN LIZZY sont conviés par procuration à apporter leur caution au quintet. Et même si quelques détails peuvent rapprocher Steve Harris, Phil Lynott et nos amis du jour, nous sommes encore loin d’un simple amalgame malin pour appâter le chaland.

BLACKSLASH possède en effet sa propre personnalité, tient à son intégrité, et nous offre donc une petite heure de Hard Rock puissant, harmonieux, joué par des orfèvres qui savent comment dégripper les rouages et les pignons pour que l’horloge du temps les ramène gentiment dans le passé. Subtilement Heavy, cette musique est plus douce que ce que les ensembles allemands nous proposent à longueur d’année, et plus proche d’un HAUNT que d’une secte adoratrice de RUNNING WILD ou GRAVE DIGGER. La production, profonde et souple, accentue cette sensation de légèreté dans l’agression, et si les riffs en saccades, si la basse ronde qui cavale, et si la rythmique bondissante qui catapulte sont ancrés dans les eighties révérées, l’ambiance de l’album est prenante, et la qualité des morceaux indéniable.

Et du titre original Pas d’acier, pas de futur, on sentait tenté de glisser vers un Pas d’acier, pas de passé, tant les inspirations du quintet (Christian Haas - guitare, Daniel Hölderle - guitare, David Hofmeier - batterie, Clement Haas - chant et Alec Trojan - basse) remontent à la nuit des temps de la NWOBHM, lorsque le Metal anglais se durcissait en partie, tout en acceptant le legs des mélodies seventies. Inutile donc de chercher du MAIDEN ici, mais plutôt un gigantesque melting-pot de tout ce que la première partie des années 80 avait de mieux à nous offrir. Ce que les deux premiers titres prouvent de leur allant et de leur énergie, toutes guitares en avant, tierces fières et chant velouté avec ce petit vibrato qui ajoute un charme fou.

L’alternance d’ambiances, d’approches de d’atmosphères confère à ce troisième album des allures de quête exhaustive de toutes les sensations ressenties dans les années 80. Entre épique modéré et réaction rapide et épidermique, No Steel No Future se propose de nous guider dans les couloirs du passé, lorsque les armoiries étaient fièrement plaquées au mur et les épées violemment brandies. Mais ce Metal light évite justement tous les écueils des clichés les plus endurcis, et pas question de se laisser aller à un riff unique destiné à flouer les passionnés.

Ainsi, « The Power » joue la séduction mid mélodique, alors que « Under The Spell » saccade à tout va. On retiendra aussi le caractère fédérateur de l’hymne « No Steel No Future », bombe de concerts à venir, la fougue de « Hammertime », mais plus généralement, cette passion qui exsude des sillons, et qui nous ramène en pleine adolescence, période d’apprentissage du Metal.

Adulte mais ayant encore l’âme d’un enfant, BLACKSLASH continue son chemin sur les rues pavés de la nostalgie, tout en regardant droit devant. Puissance, lyrisme et foi, telles sont les trois mamelles de ce quintet assez classique dans les faits, mais imperfectible dans le fond. On se surprend à headbanguer inconsciemment, et à siffloter ces mélodies gentiment guerrières, comme si nous avions quinze ans à nouveau.

« Ils jouent la musique que tes parents avaient l’habitude d’écouter »

C’est sans doute ce qu’on dira à nos enfants lorsque dans trente ans, des groupes comme BLACKSLASH sortiront un nouvel album.       

 

 

Titres de l’album :                                              

01. Queen Of The Night

02. Midnight Fire

03. The Power

04. Under The Spell

05. No Steel No Future

06. Hammertime

07. Gladiators Of Rock

08. One For The Road

09. Bombers

10. Demons Of Life


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par mortne2001 le 17/01/2023 à 17:42
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