On ne va pas se la jouer…Même si on verse tous dans des déviances assumées ou pas (films arty, docus Arte, New Synthetic Pop, Sludge expérimental, Houellebecq ou les frères Dardenne), le seul truc qui nous fasse vibrer à l’unisson des cheveux au caleçon, ça reste le Rock N’Roll…
La seule musique suffisamment viscérale et basiquement stupide pour nous unifier. Après tout, tout a été hurlé depuis le séminal « Wop bop a loo bop a lop bom bom » du petit permanenté au regard de fou lubrique, non ? Alors, on laisse tomber la prétention, les lectures pour « faire bien », les films alambiqués et les essais de Növö musik qui elle aussi nous fatigue à force, puisqu’à part un gros riff de guitare sur fond de textes adolescents, rien ne nous fait sortir de notre néant intellectuel.
Et ça, des Estoniens avec foi mais sans loi l’ont bien compris…
D’ordinaire, la vague revival part des côtes US ou scandinaves, mais à force d’avoir des échos qui rebondissent jusque dans l’Est, il fallait bien que d’autres pays en ressentent les secousses…
C’est donc le cas de ce trio estampillé Rawk N' Rowl, et mené de front et de morgue par Ardo Fury (chant, guitare), Robert Fury (basse, chœurs) et Erik Fury (batterie), sortes de faux-frères RAMONES de l’est, qui en effet leur doivent une partie de leur identité et de leurs influences.
Lesquelles ?
Vous posez vraiment la question ? Alors, je ne sais pas moi, les STOOGES, KISS évidemment pour se faire des filles, les JET, la vague nordique des HELLACOPTERS, mais aussi la Pop des CHEAP TRICK, le MC5 sans les revendications politiques, THIN LIZZY même parfois, et puis la rage des SONICS et celle des RUNUWAYS, autrement dit, la fureur des gros amplis Orange des seventies et la fraicheur candide de 60’s qui avaient encore tout à défricher.
Mais un son garage, uns instantanéité et surtout, la fierté de balancer de gros hymnes Rock sans avoir à y penser. Parce que dès que vous y pensez, c’est mort, vous devenez soit un adulte, soit un pro du marketing formaté. Et ça, c’est mal, très mal.
Mais pas de problème avec les DEAD FURIES, qui sont aussi Punk que Rock, aussi Pop Hard que mastoc. Ils prennent les meilleurs tics et triques d’Angus, Keith ou Ace, les jouent avec un sens de l’affront Pop revendiqué pour faire tomber les minettes dans leurs filets (bien tendus d’ailleurs), et balancent la sauce sans se poser de question, mais en suant comme des cochons. Tout est dit dans le titre de toute façon, pas de bavardages, juste du caviardage, et de ce côté-là, ils connaissent leur affaire.
Après un premier EP sorti sur F*ck Art, Let’s Dance Records, micro structure bricolée pour l’occasion, ils se sont transformés en larrons et ont balancé en ouverture un single sui tue (appellation très contrôlée depuis le « Satisfaction » des STONES et le « Black Betty » des RAM JAM), « Gimme Shock », qu’on retrouve bien évidemment ici, avec ses faux airs de leftover de Dressed To Kill des KISS ou du Payin’ The Dues des COPTERS. Refrain qu’on imagine frappé d’une moue lippue, grattes qui restent bloquées sur une succession d’accords classiques, mais qui sortent quand même un break atypique, pour un mélange de RAMONES et de leur « Gimme Gimme Shock Treatment » et des CHEAP TRICK de la meilleure époque (celle ou Tom Petersson usait plus de laque que d’autres substances).
Et ce « Hey Boy, Hey Girl », plus spontané qu’un fix de Richards au début des années 70 sur la côte d’azur, qui se souvient aussi de l’art des BACKYARD BABIES pour mélanger le Rock, le Punk, le Glam et la Pop, c’est un truc à manger dans la seconde, l’écume aux lèvres et le réservoir plein, non ? En tout cas, ça tourne comme une horloge pas encore animée de rêves de devenir une montre suisse, et ça place un refrain que même des BLUR sous acides n’auraient pas pu délirer…
Mais tout est comme ça chez eux, comme cette grosse caisse martelée comme un cœur de rockeur sur le leitmotiv éternel « Rock N’Roll War ». Car oui, le VRAI Rock est toujours une guerre, menée contre des arrangements envahissants, des refrains pré mâchés, et des productions standardisées. Celle de No Talkin' All Action est juste parfaite avec ses graves qui font trembler le thorax et sa distorsion sale à la SEX SNOBS. Un chant goguenard mais des chœurs en traquenard, qui traquent la petite gironde qui va passer avec son assiette de frites qu’on fera tomber pour mieux la reluquer…
Et ça enchaîne, sans aucune respiration, parce que l’apnée, c’est aussi ça qui résout toutes les questions. « 2016 » et son testament en contretemps qui appuie un chant à la Iggy et des chœurs à la KISS, « Listen To T.Rex » et son boogie survitaminé qui rend enfin hommage au roi du Glam pailleté, « Dance Of Death » qui garde le même tempo pour confronter le fantôme de Joey R et celui de Lemmy, « C’Mon C’Mon », qui n’a oublié ni Cochran ni les MISFITS de « Attitude », « Fille de Joie » et son aveu implicite de paradis pas si perdus que ça de samedi soir en bonne compagnie, sur fond de tranchant mélodique, « Gotta Make Noise », qui résonne comme une fiesta colorée et encombrée de pique-assiettes qu’on fait déguerpir à grands coups de déliés et de chœurs fédérateurs à la DAMNED, et puis « Shimmy Shake », qui résume cinquante ans de Rock à la sueur d’un dernier brulot qui se déhanche, qui transpire la science d’un corps que l’on tort dans tous les sens, juste pour exprimer une révolte contre la bienséance…
Et puis, à quoi bon continuer une chronique à laquelle vous avez tout compris depuis le début ? A rien, parce que le Rock, on ne le dissèque pas sur papier, on l’écoute, on danse et on prend son pied.
Avec les DEAD FURIES d’Estonie, c’est comme ça que ça marche, honey…Pas de grandes déclarations, pas d’intellectualisation, juste une bonne grosse dose d’électricité volée dans les accus d’une maison abandonnée.
Une fête permanente les cheveux raides, et puis…de la danse…
C’est comme ça. Mais tant que des ados attardés continueront d’y croire, les héros ne seront jamais vraiment morts…
Juste enterrés, avec le majeur bien dressé. Rebelle un jour, rebelle toujours, qu’on vienne de L.A, de Londres, de Stockholm ou de Tallinn…
...baby.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30