Je ne suis pas certain d’avoir été fasciné par un album de Black symphonique depuis les chefs d’œuvre intemporels d’EMPEROR. J’ai été fasciné dans les années 90 par In The Nightside Eclipse et Anthems To The Welkin At Dusk, par cette technique incroyable soulignée d’aspirations de grandiloquence, mais le mélange d’arrangements synthétiques, de violence outrancière a vite montré ses limites. Non que je me contente d’efforts plus bruts, plus underground et réclamant une connaissance approfondie des bases, mais j’avoue me pencher plus facilement sur les efforts avant-gardistes et expérimentaux qui selon moi apportent bien plus à la cause qu’une énième digression mystique et cosmique se contentant de répéter les recettes déjà utilisées, de façon plus ou moins pertinente. Mais, puisqu’il y en a un, je ne refuse pas les ambiances étranges, les errances occultes, si tant est qu’elles s’accompagnent d’une musique créative et fertile, ce qui m’amène au sujet du jour, GREVE. Fondé par deux habitués et figures bien connues de la scène suédoise, ce projet qui pourrait être annexe propose aujourd’hui son premier longue-durée, faisant suite eu EP Nidingsdad Utav det Uraldriga, publié plus tôt dans l’année. Après avoir lâché deux titres en carte de visite, le groupe se fend donc d’un véritable premier album, qui ne fait que confirmer un potentiel déjà largement entrevu précédemment. Mais rien d’étonnant à cela lorsqu’on constate qui forme l’ossature du combo. Duo donc, composé de l’omnipotent Swartadaubuz au chant, à la guitare, basse et claviers, accessoirement pilier du label Ancient Records avec ses nombreux projets (AZELISASSATH, BEKËTH NEXËHMU, DIDERDÖGEN, GNIPAHALAN, MUSMAHHU, MYSTIK, TROLLDOM, DAUDADAGR), et de Lik au chant (BEKËTH, NEXËHMÜ, HELGEDOM), GREVE est donc l’association de deux hommes se connaissant parfaitement, et se complétant de la même façon.
Leur unique but avoué : jouer du Black scandinave de seconde génération. Et sous cet aspect-là, Nordarikets Strid est plus qu’un premier album, il est une assertion. Une déclaration d’amour passionnée à un style, une absence totale de compromission, mais aussi un plongeon dans le temps, aux alentours de 1996, pour retrouver l’essence des pionniers qui à l’époque, avaient compris que le Black Metal n’était pas qu’un simple exutoire de violence mais bien une forme artistique musicale aboutie. Inutile donc de vous attendre à un énième ersatz underground d’une bestialité infondée et cacophonique, ces huit morceaux (dont une intro et une outro) cherchent donc le point de convergence parfait entre la brutalité et la musicalité, en confrontant les mélodies aux rythmiques puissantes, tout en cherchant constamment le petit détail qui fera la différence. Détail ou arrangement, puisqu’on sent que Swartadaubuz ne s’est pas contenté de répéter ad nauseam des philosophies déjà exploitées dans ses projets autres. Ainsi, un morceau aussi monstrueux (dans tous les sens du terme) que « I Svarta Solens Magi » définit à merveille les aspirations de son auteur. Batterie qui blaste à tout va, nappes de synthé qui se superposent en des strates solides, chant en arrière-plan, soudainement réduit à l’état d’incantations en gargouillis, pour une plongée dans des abysses personnels dont nul ne sort indemne. Sorte de version très condensée et simplifié d’ARCTURUS et EMPEROR, GREVE rappelle aussi les missions d’OPHTALMIA, avec cette propension à conférer à sa musique une patine mystique sur une trame très concrète. Nous retrouvons donc les fameux riffs concentriques qui ont fait la trademark du genre, mais aussi la volonté de s’extirper d’un contexte trop rigide.
Musicalement, GREVE ne révolutionnera pas grand-chose, mais tel n’est pas son but. Le sien est plutôt de s’inscrire dans un formalisme traditionnel et de redonner ses lettres de noblesse au Black symphonique humble, par l’entremise de morceaux misant sur la cohésion et non la dispersion. Les néophytes auront parfois du mal à faire la différence entre les chapitres, mais c’est cette homogénéité qui permet au projet de se montrer plus hypnotique que répétitif, même si les lignes mélodiques ont tendance à répéter les mêmes mantras. On aime par-dessus tout ce chant classique, geignard, légèrement enterré dans le mix qui laisse soudainement place à des hurlements bestiaux, cette batterie en programmation qui reproduit les figures du tentaculaire Hellhammer, et ces évolutions pas forcément très marquées sur l’instant, mais qui au long cours finissent pas imposer des accélérations, des changements d’humeur, et des cassures Heavy du plus bel effet. Avec une production claire qui ne cède pourtant pas à l’envie de devenir abordable (même la basse est discernable, ce qui en dit long), Nordarikets Strid est donc une tranche de vie suédoise qui nous ramène des années en arrière. On pourra regretter le systématisme des harmonies, qui ont tendance à se répéter sans varier d’un pouce, mais on soulignera le côté majestueux et emphatique du groupe lorsqu’il se laisse aller à la lenteur et la mélancolie (« Ur Nordiskt Vrede » avec son travail à la guitare qui empile les couches claires et saturées avec flair). « Offerbål till Gudarna » en final offre le déferlement que l’on est en droit d’attendre d’un tel projet, avec cette rythmique en mid qui rappelle IMMORTAL, et au bout de trente-huit minutes, Nordarikets Strid a atteint son but sans forcer, à savoir nous ramener à la source et nous abreuver de sonorités passées, mais pas passéistes pour autant.
Souhaitons juste que le concept prenne plus d’ampleur et ne se limite pas à une autocitation permanente, et que le prochain album se débarrasse de quelques réflexes encore un peu encombrants.
Titres de l’album :
01. Intro
02. Vid Dödens Tröskel
03. Nordarikets Strid
04. I Svarta Solens Magi
05. Det Gamla Rikets Ruin
06. Ur Nordiskt Vrede
07. Offerbål till Gudarna
08. Outro
Franchement la musique est bonne et je rejoins la chronique, mais la voix est juste insupportable, je comprends pas trop le chant. On dirait un ado qui les couilles coincé dans sa braguette.
Mais comme Deogen c'est sympa à écouter.
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