Si vous êtes un habitué de mes chroniques, vous savez que la méchanceté gratuite n'est pas mon fort. D'ailleurs, par principe, je me refuse à parler d'un album qui ne m'inspire que l'indifférence ou l'aversion, préférant consacrer mon temps à dire du bien d'artistes qui selon moi le méritent. C'est un point de vue qui n'est pas partagé par tout le monde, et qui n'est malheureusement pas adaptable aux journalistes œuvrant contre rémunération, qui eux doivent rédiger des pamphlets anti et pro à longueur d'année...Je les plains quelque part, ayant toujours eu du mal à trouver les mots pour descendre un groupe...C'est ainsi qu'une de mes dernières notule musicale négative date d'il y a maintenant quelques années, lorsque j'avais abordé le cas désespéré du Dark Passion Play des NIGHTWISH, auquel j'avais accordé un cruel 4/20...Face à la réaction des fans, j'avais alors définitivement compris qu'il était inutile de gaspiller du temps et de l'espace pour des disques ne m'attirant pas, préférant défendre des œuvres plus consensuelles ou au contraire plus risquées, histoire de faire découvrir à notre lectorat des travaux bien plus conséquents...Alors vous imaginez bien que la pause annoncée par les finlandais l'année dernière n'avait pas suscité une grande tristesse dans mon cœur de Thrasheur...Pourtant, j'avais suivi leur parcours depuis leurs débuts, trouvant même quelques qualités à Wishmaster, avant de définitivement jeter l'éponge suite à l'intégration d'Anette Olzon, et la tournée Imaginaerum qui m'avait semblé plus proche du barnum Folk à échelle symphonico-opérette que du réel concert de Metal...Pourquoi parler de NIGHTWISH me direz-vous très justement, alors que le combo avait décidé de se mettre en stand-by jusqu'au prochain retour que Floor Jensen avait annoncé à priori tonitruant ? Justement parce que Floor, la vocaliste a profité de cette pause forcée pour mettre la touche finale à un projet qui avait vu le jour en 2007, après une rencontre avec Jørn Viggo Lofstad au ProgPower américain. Les deux musiciens s'étaient retrouvés sur scène pour entonner quelques reprises de bon aloi, et trouvant chacun la collaboration viable, s'étaient engagés à enregistrer quelque chose ensemble, sans savoir que leur emploi du temps respectif allait les en empêcher pendant plus de dix ans...
Et donc, l'année dernière, disposant d'une réserve de temps conséquente, les deux musiciens se sont retrouvés, toujours partant pour finaliser cette collaboration plus qu'alléchante sur le papier, et finalement, terriblement viable musicalement. Et ceux qui espéraient une sorte de crossover entre NIGHTWISH et PAGAN’S MIND en seront méchamment pour leurs frais, puisque le premier album éponyme du projet NORTHWARD en est aussi éloigné qu'un featuring de Dave Grohl au sein des QOTSA de l'univers de NIRVANA. Point de symphonique ici, encore moins de Folk, pas de bijoux de pacotille pour une soirée à l'opéra qui brille, mais une grosse rasade de Hard Rock moderne, louchant sévèrement sur l'Alternatif des années 90, sans pour autant sonner passéiste. Il faut dire que le duo d'origine a enrôlé une sacrée équipe pour mener sa barque à terre, en engageant des noms connus de la scène Metal mondiale, à commencer par leur backing-band, aussi homogène que disparate. On retrouve donc outre Floor au chant et Jørn à la guitare, Morty Black de TNT à la basse, et un siège de batteur occupé conjointement par deux frappeurs de PAGAN’S MIND, Django Nilsen et Stian Kristoffersen, ainsi que quelques featurings fameux, dont celui de la sœur Jensen, Irene, venu pousser quelques vocalises sur le morceau « Drifting Islands ». Ajoutez à ça une production signée Jacob Hansen de VOLBEAT, et un artwork à quatre mains de Hannes Van Dahl et Chris Rörland, et vous obtenez la dernière surprise en date de l'écurie Nuclear Blast, qui peut se frotter les mains d'avoir soutenu cette sortie qui n'est rien de moins qu'un des meilleurs albums de 2018, sans prétention, mais avec quelques ambitions. Et osons le jugement à l'emporte-pièce, Northward est sans doute le travail le plus accompli de Floor, qui trouve ici un écrin formidable à sa voix versatile, et qui peut enfin se pencher du côté Rock où elle devrait tomber plus souvent, loin des frasques de son groupe d'adoption. Si l'ensemble est évidemment de facture très classique, à mi-chemin entre le Rock alternatif dopé aux amphétamines et le Hard Rock contemporain assez fier de sa modernité, l'album dégage une fraîcheur et une puissance qui font plaisir à entendre, et qui permettra au moins aux fans de NIGHTWISH de retrouver leur chanteuse favorite dans une robe un peu moins engoncée que d'ordinaire.
Car loin de se contenter de capitaliser sur leurs noms fameux, Floor et Jørn se sont décarcassés pour composer de véritables morceaux, à tel point que chaque entrée du projet à de faux airs de tube intemporel, unissant les années 90 et le nouveau siècle dans un élan mélodique imparable. En se basant sur des riffs et structures simples, Jørn a terriblement bien joué son coup, et nous enivre de morceaux à l'efficacité immédiate ne sombrant jamais dans la vulgarité putassière d'une musique cherchant à séduire les masses. Et le plaisir qu'ont dû retirer les deux musiciens de cette aventure est palpable pendant cinquante minutes, multipliant les références et les crises de déférence, et citant dans le texte des artistes aussi variés qu'Anouk, les FOO FIGHTERS, SKUNK ANANSIE, ALTER BRIDGE et autres habitués de la première division Modern Rock, sans abandonner leurs individualités en route. Et le partage des responsabilités a été fort bien divisé, puisque si la guitare du finlandais occupe les avant-postes avec un brio incroyable, la voix de Floor peut enfin s'exprimer dans un contexte moins figé, et nous éblouir de son talent varié. Le grain de la belle hollandaise se veut parfois rugueux, parfois séduisant, et la chanteuse se glisse dans le costume de diva Pop-Rock avec une aisance incroyable...Certes, le tout est calibré pour ne heurter personne, mais lorsque la tragédienne brune se lance dans des hurlements félins à la Rob Halford en final de «Timebomb », ses impulsions nous prennent aux tripes, et la révèle chanteuse la plus douée de sa génération. D'autant que le duo aime sauter du coq à l'âne et enchaîner avec une magnifique ballade hivernale avec « Bridle Passion », qui rappellera tout autant Tori Amos que Maggie Rogers...Vous l'aurez donc compris, la linéarité ne fut pas le maître mot de cette collaboration, qui s'éclate visiblement de sa pluralité, et qui joue sans arrière-pensée et surtout, sans réputation lourde à défendre pour une fois...
Cette liberté fait du bien, et dès l'entame survitaminée « While Love Died », on comprend vite que le Rock sera le vecteur principal de l'aventure. Riff ultra efficace, up tempo martelé, énergie décuplée, pour une adaptation des FOO FIGHTERS dans un vocable ALTER BRIDGE, le tout secoué de performances individuelles habitées. Tout ça surprend au regard du pedigree des parties impliquées, mais « Get What You Give » appuie un peu plus sur la corde sensible, et joue des syncopes pour permettre à Floor d'adapter et d'adopter un phrasé rappé, bien loin de ses arabesques habituelles, et autant dire que ce vent de folie lui fait un bien fou. D'autant plus que les morceaux ne sont pas de simples prétextes, mais bien de véritables chansons, pensées et jouées pour convaincre, ce qu'elles parviennent à faire sans aucun problème. Renforcé par une production qui évite les pièges de la datation 2K trop faciles, Northward enchante de son refus des barrières, qu'il mette en avant les liens familiaux sur fond de Hard Pop bubble-gum via « Drifting Islands », partagé entre Floor et Irène, ou qu'il préfère les volutes acoustiques plus intimes de « Paragon » nous ramenant au temps béni du Alone Together d'Anouk. Dans un registre crise d'adolescence Power-Pop tardive, « Let Me Out » reste un modèle du genre, et évoque même la scène Néo-Hard Rock espagnole, alors que le final épique et éponyme ouvre d'autres horizons, sinon progressifs, plus évolutifs, pour une conclusion à la hauteur d'un déroulé de gagneur. Et sans tomber dans la partialité et les aphorismes lapidaires, NORTHWARD nous démontre que le silence des uns fait l'expression des autres, et que la parenthèse de NIGHTWISH aura permis à Floor de rester sur le devant de la scène, pour d'autres qualités beaucoup plus évidentes à remarquer. Et surtout, une preuve que la simplicité et la fraîcheur sont souvent de biens meilleurs atouts que la complexité et la lourdeur, spécialement lorsque les bijoux commencent à trop peser autour du cou. Ici, la joaillerie est en strass, mais brille pourtant plus que tous les faux diadèmes que l'on aura pu faire porter à cette chanteuse hors-norme, enfin soutenue par la bonne bande-son.
Titres de l'album :
01. While Love Died
02. Get What You Give
03. Storm In A Glass
04. Drifting Islands
05. Paragon
06. Let Me Out
07. Big Boy
08. Timebomb
09. Bridle Passion
10. I Need
11. Northward
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