Lorsque j’ai chroniqué Silent Chamber, Noisy Heart il y a huit ans, il est peu dire que le nom de SYLVAINE ne signifiait pas grand-chose, et pour cause. L’album était autoproduit, et la musicienne norvégienne presque totalement inconnue du public Metal. Aujourd’hui, la sortie de Nova fait grand bruit, ce qui signifie deux choses : que l’artiste accède enfin au statut qu’elle mérite, et que je ne m’étais pas trompé sur la qualité de son travail. Et c’est donc très logiquement que je reprends pour clavier pour la quatrième fois, à l’occasion de ce nouvel album, qui pourrait bien incarner quelque part, l’épitomé de son art.
Les pages Facebook de mes contacts sont remplis de ses clips, affichent la pochette de son vinyle, et se répandent en dithyrambes qui me satisfont pleinement. Tant mieux, continuez, et si vous le pouvez, achetez sa discographie complète, car elle mérite une attention particulière. Si Silent Chamber, Noisy Heart était déjà un petit miracle en soi, il n’était alors qu’une ébauche, la petite porte d’un jardin, un reflet dans un miroir, et chaque chapitre de la légende nous faisait avancer de plus en plus loin dans le monde de SYLVAINE. Au point où aujourd’hui, la musicienne met son âme à nu, convoque les Dieux de la violence et les muses de la délicatesse aux agapes d’un Post-Metal de plus en plus riche, mais aussi de plus en plus ornementé.
Kathrine Shepard se cache donc encore une fois derrière son personnage, pour parler d’elle en ne dévoilant que le strict minimum : ce qu’elle a à dire. Enregistré en France, au Drudenhaus Studio, produit et mixé par Benoît Roux, masterisé par Karl Daniel, Nova est une fois encore une histoire simple d’équilibre entre la force et la fragilité, et l’assertion la plus définitive qui soit : la vie est ainsi faite, nous avons tous nos craintes et nos faiblesses, mais il convient de s’en servir comme d’une force. D’où cette dualité ambiante entre des plages contemplatives, presque méditatives, et des instants de sauvagerie primale digne d’un cri de nouveau-né.
Totalement sous contrôle solitaire, Nova souligne encore une fois l’omnipotence de l’artiste qui s’est emparée de tous les instruments pour peindre des textures pleines et profondes. On soulignera pour le détail la participation de Dorian Mansiaux à la batterie, en soutien, mais le cœur de cette nouvelle peinture magnifiquement illustrée par Andy Julia et Daria Endresen reste SYLVAINE, pleine de pudeur dans sa nudité physique et artistique absolue.
De sa discographie, elle n’a rien renié, au contraire. On retrouve tout ce qui nous enivrait sur Atoms Aligned, Coming Undone, tout ce qui nous avait séduit sur Silent Chamber, Noisy Heart, et tout ce qui nous avait envouté sur Wistful. A l‘image de sa consœur MYRKUR, Kathrine refuse le cloisonnement, n’utilise le Black Metal que comme composante d’une palette de couleurs, utilise les mélodies héritées du Progressif pour les insérer dans un labyrinthe Post-Metal, et finalement, rejette toutes les étiquettes sans avoir à le faire. Et le résultat est aussi sauvage que délicat comme du cristal.
« Nova » nous cueille d’ailleurs a cappella, avec son entremêlement de voix sublime. Ce premier morceau, l’un des plus chéris par l’interprète, est sans doute la plus belle façon d’entrer une fois encore dans cet univers onirique, aux teintes bleutées, aux reflets irisés. Kathrine est d’ailleurs très attaché à cette entame, qu’elle décrit en ces mots :
Un morceau très complexe à enregistrer, quelque chose que j’ai fait complètement seule en parallèle au reste de l’album. Ce titre comprend chaque émotion qui a traversé l’enregistrement de l’album, sans en dire un traitre mot. Il est difficile pour moi de dire ce que représente cette chanson, et l’état dans lequel elle me met à chaque écoute. J’y ai mis mon âme encore plus à nu que d’habitude.
En l’écoutant, on pense à DEAD CAN DANCE évidemment, mais aussi à MIRANDA SEX GARDEN, et on voyage peut-être en astral, sur un autre plan de perception. Mais la beauté reste la plus concrète possible, la pureté aussi, et rien ne nous prépare au choc énorme de « Mono No Aware », massacre Post Black aussi intense qu’un démon libéré de sa prison.
En deux morceaux, SYLVAINE joue le contraste absolu, et nous prouve s’il en était besoin qu’elle ne sera jamais apprivoisée. Cette liberté artistique naturelle indique un caractère fort, une ouverture d’esprit certaine, et une envie d’utiliser tous les styles pour parvenir à ses fins : traduire des sentiments en chansons, et se décrire sans vraiment se découvrir.
Tissé comme un canevas en fil de soie, mais solide comme une plaque de fonte, Nova est une étoile qui traverse les cieux de la galaxie Metal comme un objet non identifié. On pense en l’écoutant à MONO, THE OCEAN, Enya, THE GATHERING, mais on pense surtout que la musique est la plus fondamentale des philosophies humanistes qui soit. Parler un langage universel, partager avec le monde entier sans avoir besoin de traduction ou de moyen de transport, Enivrer sans alcool, faire rêver sans dormir, marcher sans bouger, et encaisser la brutalité la plus viscérale tout en touchant du doigt le divin qui est en chacun de nous (« Fortapt », les onze minutes progressives les plus envoutantes qui soient, entre opéra maudit et confession brisée).
Comme le dit l’artiste elle-même, « I Close My Eyes so I Can See ». Fermer ses yeux pour ouvrir son âme et son cœur, ne pas se préoccuper de son ancrage, et ne jamais faire de prosélytisme putassier. Mais SYLVAINE dit aussi que « Everything Must Come to an End », ce qui signifie que comme à chaque fois, les adieux seront déchirants. Ils se font au son d’une mélodie de guitare en son clair, épurée et très abrupte, et de volutes vocales qui s’évanouissent dans le ciel.
Et puis, dans un dernier réflexe, la musicienne nous adresse un dernier geste, plus Rock, et assez proche des postures d’Anneke. Mais c’est fini, cette fois, bien fini.
Il est loin le temps où je pouvais garder le secret de SYLVAINE pour moi seul. Mais le partager avec le monde entier est un autre plaisir. Tout aussi intense, comme sa musique, unique.
Titres de l’album :
01. Nova
02. Mono No Aware
03. Nowhere, Still Somewhere
04. Fortapt
05. I Close My Eyes so I Can See
06. Everything Must Come to an End
07. Dissolution (Bonus)
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