Parlez de Hard Rock et de Heavy Metal japonais à des potes, et il y a de grandes chances que la conversation commence et s’arrête une fois le nom de LOUDNESS prononcé par l’assemblée. A la rigueur, certains nostalgiques se rappelleront peut-être des miraculeux et fardés EZO, et les archéologues citeront éventuellement de mémoire X-JAPAN, à cause de leur look chamarré. Mais peu seront capables de mettre sur le tapis la carrière des fabuleux ACTION!, des inénarrables EARTHSHAKER, et si d’aventure, vous prononciez le nom d’ANTHEM, les regards risquent de se fixer dans le vide, et les doigts de marteler les tempes à la recherche d’un album à citer pour paraître moins perdu dans les limbes du temps. Et pourtant, s’il est un groupe dont il faut absolument se remémorer le nom, c’est bien d’eux, puisque leur carrière fut entamée à la même époque de celle de leurs homologues de LOUDNESS, sauf que contrairement à la bande d’Akira, ils n’ont jamais bénéficié d’une exposition maximale en Occident et en Amérique. Alors, Hard-Rock et Heavy japonais sont souvent résumés d’un lapidaire et définitif Thunder in the East, à la rigueur d’un Hurricane Eyes, moins souvent d’un E.Z.O ou d’un Midnight Flight, et encore plus épisodiquement d’un Bound To Break, albums qui n’avaient pourtant rien à envier au regard de la qualité parfois erratique des LOUDNESS dont les albums lâchés sur le marché occidental servaient plus de cartes postales de l’Orient que de postulats définitifs. Nous n’allons pas refaire l’histoire, aussi injuste soit-elle dans ses postulats, mais il serait de bon ton de se souvenir que les ANTHEM étaient là en même temps que tout le monde, et que leur carrière est exemplaire, avec pas moins de dix-sept longue-durée au tableau de chasse, et une présence constante sur les scènes nationales et mondiales. Le quatuor n’a jamais lâché l’affaire, et a continué sa route, sans se reposer sur ses classiques, les insurpassables Anthem, Tightrope ou Hunting Time, et ont traversé les décennies avec la même foi, cette foi qui a sans doute décidé Nuclear Blast à les signer pour la zone européenne, leur offrant enfin un deal digne de leur talent.
Dès lors, comment honorer un contrat destiné à coller le nom d’ANTHEM sur toutes les bouches de France, d’Allemagne, d’Angleterre, d’Italie, d’Espagne et de Hollande ? L’attrait de la nouveauté aurait exigé des japonais qu’ils prennent le temps d’enregistrer un nouvel LP pour offrir une suite au plutôt très bon Engraved, paru il y a deux ans. Mais une autre idée trotta dans leur tête, une façon de synthétiser leur histoire sans paraître capitaliser sur le passé pour temporiser. Un Best-Of sembla alors une idée tout à fait pertinente, mais connaissant la soif des japonais d’aller de l’avant, il ne fallait pas s’attendre à un Greatest Hits torché à la hâte, même double, qui se serait contenté de reprendre leurs formules les plus éprouvées sans rien y ajouter. Non, le quatuor a choisi un exercice plus gratifiant sur un plan personnel, optant alors pour un Best-Of déguisé de morceaux réenregistrés pour l’occasion. Une manière idéale de permettre aux fans européens de découvrir leur univers de fer et d’acier, sans les prendre pour des poches percées et leur refiler un produit facile et déjà manufacturé. Mais là encore, détournant cette méthode classique, les japonais ont opté pour des morceaux datant presque tous d’albums parus après leur reformation de 2001, à l’exception de « Venom Strike », qu’on trouvait sur Domestic Booty en 1992. Un pari audacieux qui occulte donc tous les classiques gravés sur leurs œuvres les plus fondamentales, laissant donc au placard les incunables d’Anthem, Tightrope, Bound to Break et Gypsy Ways. Mais sachant pertinemment que la qualité de leur musique n’est pas allé en déclinant avec les années, les quatre japonais ont donc préféré montrer un visage plus moderne et actuel de leur art, ce qui a le don de transformer ce Nucleus, première sortie sur leur nouveau label, en une presque nouveauté flamboyante nous permettant de redécouvrir des titres fabuleux, réenregistrés, réarrangés et chantés en anglais, conférant enfin au groupe une dimension internationale qu’ils méritent amplement.
Pour eux, aucun titre n’était plus approprié que Nucleus. Car leur line-up actuel représente vraiment le cœur du groupe depuis des années (malgré le retour tardif de Yukio Morikawa en 2014 et l’adjonction du percussionniste Isamu Tamaru en 2013), et la musique proposée semblant résumer à merveille presque vingt ans de retrouvailles et quarante de carrière globale. Sur ces quarante ans (avec un hiatus de huit), seul le bassiste Naoto Shibata peut s’enorgueillir d’en avoir connu l’intégralité, mais avec un soliste de la trempe de Akio Shimizu (depuis 2000), on oublie facilement d’anciens membres des années nationales glorieuses, tant l’impétueux guitariste s’en donne à cœur joie depuis près de vingt ans, jetant dans l’ombre le samouraï Akira Takasaki, qui fut pourtant pendant très longtemps désigné comme la plus fine lame du Japon. Ses interventions sont toujours aussi tranchantes et enflammées, ses riffs durs et teigneux et ses soli stratosphériques et légers, et autant dire que depuis deux décennies, le guitariste parvient à transcender la musique classique de ses petits camarades, jamais avare d’un bend incroyable ou d’un sextolet cramoisi. C’est encore lui qui se taille la part du lion sur cet album, spécialement sur les morceaux les plus incandescents, qui virent vite Power sous son impulsion, et « Venom Strike » (qu’il n’a pourtant pas composé à l’époque) de faire baver tous les fans de Metal endiablé et les indécrottables défenseurs de JUDAS PRIEST et PRIMAL FEAR. Le tout, bénéficiant d’un son absolument parfait et puissant comme un tremblement de terre, concocté par le vétéran Jens Bogren (sur son C.V ? OPETH, DIMMU BORGIR, SEPULTURA, ARCH ENEMY, KATATONIA, BABYMETAL, SOILWORK, James LABRIE, MOONSPELL, GOD FORBID, KREATOR, et j’en oublie certainement) se présente donc comme un véritable travail novateur, et pas une simple accumulation de moments de bravoure et d’honneur.
Les morceaux se voient offrir une patine plus contemporaine et un éclairage nouveau, encore plus brillant et puissant que l’ancien, et on se laisse bercer et headbanguer par ces décharges d’adrénaline pures, qui mélangent avec bonheur tradition Heavy Metal et mélodies fatales, pour un équilibre parfait entre les deux, et une mine de tubes à faire pleurer de rage et de jalousie les STRATOVARIUS, MAIDEN et MANOWAR de la création. Quelle que soit l’ambiance que vous recherchiez, chaude comme les flammes de l’enfer (« Immortal Bind »), véloce comme des roadsters cramant l’asphalte (« Stranger »), plus volontiers lyrique et emphatique (« Overload »), ou délicate, progressive et harmonieuse (« Ghost In The Flame », véritable petit chef d’œuvre de plus de sept minutes à redécouvrir), tout vous est servi sur un plateau de platine, et avec une telle compilation en poche, gageons que les japonais parviendront enfin à séduire le public européen et à graver leur nom sur tous les arbres environnant. Les treize morceaux, malgré une durée de plus d’une heure passent comme dans un rêve, et si le pendant live de cette collection vous sied, ne manquez pas de vous jeter sur le second CD qui présente le groupe dans son jus live, et qui fait encore monter la pression d‘un cran. Et avec l’arrivée de l’heure d’été, ce Nucleus va justement remettre les pendules à l’heure du Japon, et offrir aux occidentaux l’un des résumés les plus brillants d’une des carrières les plus remarquables du soleil levant. Ce qui ne serait que justice.
Titres de l'album :
1.Immortal Bind
2.Black Empire
3.Overload
4.Stranger
5.Linkage
6.Eternal Warrior
7.Ghost in the Flame
8.Venom Strike
9.Awake
10.Omega Man
11.Pain
12.Echoes in the Dark
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