Le problème des gags, c’est que lorsqu’ils s’éternisent, ils finissent par ne plus être drôles. Sauf si les comiques en arrière-plan ont suffisamment de talent pour les transformer et leur faire passer l’épreuve du temps. Prenons le cas très précis de CANNABIS CORPSE. Dès le départ, ça sentait le coup foireux, le calembour gras, le jeu de mot facile et digne de tonton Marcel à la fin de la noce. Mais derrière ce projet rigolo se cachaient deux habitués de la scène extrême US, Philip Kyle Hall, guitariste d’IRON REAGAN et bassiste de MUNICIPAL WASTE et Josh Kyle Hall, frère jumeau et batteur infatigable à la frappe dantesque. Et de la part de ces deux-là, nous étions en droit d’attendre un peu plus qu’une simple parodie à la Saturday Night Live pour cannibales, ce qui fait qu’aujourd’hui, CANNABIS CORPSE a obtenu le statut qu’il mérite. Celui de groupe à part entière, qui accumule les albums solides, et qui représente l’une des forces de frappe Death les plus crédibles de la scène américaine. Car reprendre à son compte les concepts et titres de morceaux/d’albums des autres, c’est bien cocasse sur le papier, mais ça peut vite se transformer en partition vide de créativité, spécialement lorsqu’on taquine le sixième LP studio. Deux ans après Left Hand Pass et son subtil clin d’œil à la clique suédoise ENTOMBED, le trois barrés (avec en sus du duo fraternel Adam Guilliams à la guitare) s’en reviennent donc aujourd’hui avec un faux hommage à CRYPTOPSY, via un Nug so Vile à peine démarqué du None So Vile des vilains bourrins. Et les CANNABIS CORPSE eux, seraient plutôt de gentils détraqués Death, des mecs qui passent leur temps à fumer et sortir des blagues foireuses, mais à garder tout leur sérieux une fois en studio pour coucher sur bandes leurs pensées inavouables. Nous lâchant cette fois-ci un concept tout à fait solide et crédible (un homme abusant de la drogue qui fait rire et qui commence à entendre et voir des choses qui n’existent pas vraiment), le trio ne change nullement de cap, et se cantonne à ce qu’il sait faire de mieux. Un Death Metal barbare inspiré de sa propre expérience, mais aussi de ses influences.
On retrouve sur ce sixième chapitre des galéjades adressées à KRISIUN, NAPALM DEATH, IMMOLATION, CARCASS, mais surtout, beaucoup de riffs gras, de rythmiques surpuissantes, de breaks casseurs de cervicales, et de grognements pas contents. En gros, ce que le trio américain propose depuis ses débuts, même si en 2019 les hommages et parodies se limitent à l’emprunt des titres d’autres artistes, et non plus au pastiche de leur style. On laissera donc cet art difficile à nos petits génies d’ULTRA VOMIT, et nous permettrons aux américains de lâcher les watts sans se préoccuper du fond. Puisque leur approche marche toujours aussi bien, il serait presque inutile de continuer à coucher sur papier mes impressions, puisque ce Nug so Vile n’est rien de plus qu’un simple démarcage des œuvres antérieures, avec quelques digressions en plus. Si Left Hand Pass, Beneath Grow Lights Thou Shalt Rise ou Blunted at Birth vous avaient distrait de leur esprit potache et récréatif, il y a de grandes chances que ce sixième effort produise le même effet. Dommage en effet que le groupe n’ait pas continué sur la voie de l’appropriation, puisque ce sixième LP, tout comme le cinquième, se contente d’un Death générique, brutal, efficace certes, mais un peu anonyme dans le fond. On apprécie toujours autant la charge des américains qui ne prennent pas de gants pour nous éviscérer, mais on aurait aimé qu’ils collent plus aux artistes dont ils relisent l’histoire pour que l’affaire garde son côté ludique. Et même si quelques intros traînent pour rappeler l’œuvre originale (« Cheeba Jigsore Quandary », de qui-vous-savez), le reste n’est qu’un Brutal Death fort bien joué, mais terriblement prévisible. Alors le seul moyen d’apprécier pleinement les CANNABIS CORPSE est justement d’oublier les groupes originaux, et d’accepter le fait que le trio n’est plus qu’un excellent groupe de Death parmi tant d’autres, des musiciens capables qui connaissent le boucan, et qui le restituent plein d’allant.
Dès lors, Nug so Vile passe crème, et nous abreuve les tympans de concassages rythmiques, de riffs traditionnels, de parties de chant bien velues, et d’une énergie globale incontestable. Toujours aussi bien produit, l’album est en effet recommandable, et symptomatique d’une approche US qui privilégie la brutalité à la finesse. Toutefois, et au regard des capacités des musiciens impliqués, cette finesse n’est pas totalement absente, bien que souvent planquée dans des plans imperceptibles que seuls les esthètes dénicheront de leur persévérance. S’abandonnant parfois au plaisir du lourd qui pue le gras, les trois compères nous offrent des tranches de barbaque bien épaisses et saignantes, à l’image de l’intro de « Dawn of Weed Possession », qu’IMMOLATION n’aurait pas reniée. Et si tout ou presque est dit, expliqué, démontré et exposé dès « Conquerors of Chronageddon », on se laisse emporter par cette folie pas si douce, et on s’en roule un pour encore mieux apprécier les effets brutaux d’un Death sans concession, joué comme dans les nineties, mais avec un son très contemporain. Les boucles vocales qui s’entremêlent évoquent avec acuité la pensée trouble d’un pauvre quidam complètement défoncé qui voit des renards dans le placard et des chats dans le frigo qui ne le laisseront jamais passer, tandis que le barouf ambiant mode apocalypse nous rappelle que la drogue c’est mal mais que ses effets sont parfois assez rigolos. Soli bien torchés, parties précises, acuité de bestialité, Nug so Vile est un non-changement dans la continuité, et poursuit le travail de sape entamé en 2006, sans apporter du sang neuf au moulin broyeur d’os, mais en faisant preuve d’un panache bravache, tout en se montrant un peu trop pusillanime. Peut-on encore avoir du culot après plus de dix ans de carrière, telle est la question. Mais tant que CANNABIS CORPSE nous aplatira la tronche façon « Nug So Vile » ou « Edibles Autopsy », on évitera de s’en poser trop.
Un album à apprécier entre amis, avec une bonne herbe, de bonnes feuilles, et deux ou trois blagues dans le larfeuille.
Titres de l’album :
01. Conquerors of Chronageddon
02. Nug So Vile
03. Blunt Force Domain
04. Cylinders of Madness
05. Blasphemy Made Hash
06. Cheeba Jigsore Quandary
07. Edibles Autopsy
08. Dawn of Weed Possession
09. The Cone is Red (Long Live the Cone)
10. The Ultimate Indica-ntation
11. From Enslavement to Hydrobliteration
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