Encore une histoire de crossover et de mélange des genres, et vous savez à quel point je suis friand de ces expériences…quand elles tournent bien et ne se transforment pas en créature de Frankenstein complétement tapée. La solution reste encore une question de dosage et d’homogénéité, pour ne pas élaborer une nouvelle entité avec une tête d’homme, un torse de chevreuil et des pattes de sanglier, non viable sur un plan biologique, mais terriblement amusante sur le papier. Je sais aussi par expérience que le public Metal n’est pas toujours ouvert à ce genre d’expérimentation un peu culotée, et que tout mélange électronique/électrique ne trouve pas grâce à ses yeux, comme en témoigne ce fameux album de KORN influencé Dubstep qui avait profondément choqué les masses avant de devenir culte. Mais depuis l’ouverture Synth-Pop et Metal via les exercices assez créatifs de CARPENTER BRUT, les hard-rockeurs de tout poil se sentent peut-être plus à l’aise avec la déformation de leur style préféré, et le terrain est donc plus balisé pour des projets de l’envergure de WINTERQUILT. Car WINTERQUILT, c’est un peu le blasphème ultime, la provocation tout sauf gratuite qui risque de se heurter à un mur de haine et d’incompréhension. Et pour cause, puisque l’artiste se cachant derrière ce nom énigmatique a tenté l’hybridation la plus improbable qui soit sur partition, en écrivant le Black Metal avant-gardiste sur des portées Vaporwave. Pour les néophytes, sachez que le Vaporwave est un courant assez particulier, dérivé du Seapunk, et utilisant de courts samples de musiques très précises comme le Lounge, la musique d’ascenseur, ou encore le smooth Jazz. Autrement dit, des styles n’ayant rien à voir avec l’extrême le plus sombre, et qui a-priori ont peu de chance de s’intégrer à un contexte bruitiste. Mais la musique de WINTERQUILT n’est pas bruitiste, bien au contraire, elle est extrêmement mélodique, et sonne comme l’union de Bach, de MASSIVE ATTACK, et DODECAHEDRON, ce qui donne une équation particulièrement intéressante.
Projet assez unique, qui a déjà donné à son public bien des os à ronger, WINTERQUILT abrite en son sein créatif un DJ anonyme de la scène underground anglaise, venant de Liverpool. Et sous un sublime artwork signé de l’artiste Fvckrender, se cache donc un album plus que surprenant, qui mélange les rythmes cassés du Dub, les mélodies jazzy du Vaporwave, et les structures plus rigides du Black Metal, pour un mariage contre-nature terriblement envoutant et attachant, mais qui restera pour le moins abscons à ceux n’ayant pas l’habitude des mélanges improbables. Piano, harmonies softs qu’on pourrait entendre lors d’un cocktail relevé, sons qui tournoient comme dans une boîte à la mode, chant éthéré, tournant soudainement fou pour adopter la gravité d’un timbre BM, longues digressions pour dancefloor de squat, tout respire ici la poésie personnelle, le Breakbeat donnant des crampes au cerveau, et la musique classique revue et corrigée par un maniaque des platines qui refuse la facilité. Si MYRKUR en son temps avait déclenché les passions et les ires, si CARPENTER BRUT continue de diviser, si Chelsea Wolfe ne fait toujours pas l’unanimité, il y a peu de chance que WINTERQUILT déclenche un consensus, surtout lorsque l’auditeur aura posé ses oreilles sur l’interminable « I'm Thinkin' of You (feat. Sage Hardware) », qui mélange tous les courants possibles, et qui oppose une ambiance à la CRADLE à un feeling de night-club londonien prisé par les jeunes branchés de gauche. C’est pour le moins osé, pour le moins déconstruit, et pourtant, ça fonctionne comme un voyage aux confins de la tolérance musicale, comme un test grandeur nature face à la BO impossible d’un jeu vidéo pas encore sorti sur le marché.
Mais ce qui est phénoménal, c’est que l’artiste responsable de ces constructions n’a pas bradé son travail pour faire le malin et passer la corde avant les autres. Certes, souvent, le Metal est caché sous d’épaisses couches de Vaporwave, au point d’en devenir indécelable et de provoquer le rejet. Mais lorsque les données sont équilibrées, le rendu est fascinant, un peu comme si Bach s’éclatait sur une machine du futur. A ce titre, « O’discordia (feat. Fire-Toolz) » évoque une sorte de musique inclassable, venant du futur après avoir fait un détour par le passé, triture ses sons pour les rendre méconnaissables, propose une rythmique folle s’approchant du Lolicore, des strates de chant guttural et agressif, pour mieux les noyer dans un torrent de bips et autres arrangement sous-marins. Beaucoup trouveront ça ridicule, et s’en moqueront à loisir, mais les plus perméables à l’ouverture reconnaîtront une nouvelle voie, certes encore un peu brouillonne, mais qui bien exploitée, pourra donner naissance à une œuvre plus ambitieuse, et moins rafistolée. Mais l’importance du piano, qui reste la tonalité dominante, les essais un peu gauches pour ajouter des nappes sur des nappes, ne cachent pas les passages les plus inspirés, ceux débarrassés des sons inopportuns qui offrent une musique Ambient tout à fait délicieuse.
Pour en arriver à une conclusion honnête il faut donc encaisser quatre pistes de dix minutes, dont toutes les minutes justement ne sont pas indispensables. J’ai plus particulièrement apprécié le final « The Pathos of All Things » qui ose parfois des parties programmées dignes de Stewart Copeland pour nous offrir un beat jumpy assez bizarroïde, mais bien souligné de lignes de basse synthétiques pleines de flair. Dansant autant qu’il n’est envoutant, difficile d’accès autant qu’il n’est immédiat, ce nouvel album de WINTERQUILT ne satisfera qu’une infime poignée de notre lectorat, et ne mérite certainement pas les gros titres, de par son côté encore un peu trop disparate. Mais c’est une tentative intéressante, qui mérite le respect, et une écoute attentive pour en saisir tous les détails. Nous sommes encore loin d’un achèvement majeur, mais l’essai pas totalement transformé méritait quand même quelques mots d’encouragement.
Titres de l’album:
01. His Cloven Hoof (feat. Necronautical)
02. I’m Thinkin’ of You (feat. Sage Hardware)
03. O’discordia (feat. Fire-Toolz)
04. The Pathos of All Things
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