Oui, on peut faire du Grind, du Death, du Gore, être éveillé socialement et concerné, mais aussi tout simplement faire de la musique brutale et paillarde pour s’amuser, sans pour autant prendre l’auditeur pour un con et l’enfermer dans une boite à pets histoire de faire marrer ses quelques potes.
Le Gore Grind, le Brutal Death, pas ma came. La plupart du temps, c’est à peine digne d’un calembour carambar, ça tourne en rond, le chanteur se prend pour un cochon, et les mecs derrière bastonnent un instrumental en bois qui se contente d’énumérer les riffs les plus dégueulés histoire de taper la compétition avec les cadors crado du genre.
Sauf que certains, à l’humour plus fin que la moyenne se basent sur leurs capacités d’interprétation et de composition pour faire avancer les choses et proposer un album un peu plus fascinant qu’un simple amalgame de sons semblant émaner d’une soue dans laquelle des gorets enjoués multiplient les facéties embouées.
J’en connais, je ne parle pas par hasard, et je vais me faire un plaisir de vous les introduire de suite.
Les KAASSCHAAF (Râpe à Fromage en VF) sont donc originaires d’Arnhem, se sont formés en 2007, et ont déjà proposé deux démos, un split en compagnie des SICKENING ENTERTAINMENT, un EP, et finalement, ce premier LP en forme de surprise absolue qui les confirme dans le rôle de nouveaux trublions attachants de la scène Grind.
Pourquoi ?
Parce qu’ils ont complètement saisi le concept de bruit absolu, et qu’ils vont beaucoup plus loin qu’une simple accumulation de blasts et de cris insupportables, et qu’ils ne se contentent pas de torcher dix morceaux de quelques secondes pour remplir leur dixième sortie de l’année.
Non, ces mecs (Evan Poelman – basse, Cas Kruse – Guitare, Sjors Rothuizen et Maarten Vermeulen – chant et Bas Leenders – batterie) sont de véritables musiciens dont le seul but est de jouer une musique brutale et ludique, et surtout, entêtante et stimulant les zygomatiques.
En optant pour une forme de Grind très second degré qu’ils qualifient eux même de « Party Grind », les Hollandais ont pris le parti de nous amuser de rythmiques groovy et de riffs pas vraiment polis, sans tomber dans le gras potache qui ne fait rire qu’une poignée de secondes (la plupart du temps en lisant les titres des morceaux d’ailleurs).
Non, nous parlons ici de musique extrême, aussi Death qu’elle n’est groove Metal, aussi Gore Grind qu’elle n’est Hardcore fatal, et proposée par de véritables instrumentistes qui de plus peuvent s’appuyer sur une belle production analogique parfaitement équilibrée. Alors oui, la blague est drôle parce qu’elle est élaborée et pertinente. Et à l’écoute de cet Obesitatas à la pochette saugrenue et ventrue, on se surprend en plus d’une occasion à dodeliner de la tête et à taper du pied, ce qui est plutôt rare dans ce créneau souvent faisandé.
Deux vocalistes qui se partagent les évolutions vocales, l’un vociférant comme un gros porc parqué dans son enclos, l’autre devisant d’une voix sarcastique, pas mal de samples disséminés de çà et là, mais surtout, une emphase rythmique appuyée, profitant de riffs vraiment conséquents pour marteler un tempo lourd ou élastique et bondissant, selon les besoins.
Du coasse joué avec le plus grand sérieux, ce qui est toujours gage d’une combinaison fatale, renvoyant la plupart des groupes du cru le cul par terre, estomaqués de tant de probité instrumentale sans prétention aucune.
Un son qui évite le piège de la démo trop crue, un batteur qui ne se prive pas de quelques fantaisies bien senties, et surtout, un guitariste qui lâche des thèmes forts et malléables, pour éviter le piège du poncif Grind qui consiste à mouliner les graves pour titiller une distorsion d’occase un peu fatiguée par l’âge.
De là, les morceaux s’enchaînent, varient, dévient, mas ne lassent jamais. C’est rapide, grossier, graveleux, mais percutant, et ça swingue, ça court, mais ça prend son temps sans être à la bourre. Un genre d’adaptation du Folklore local à des standards de brutalité excessive, mais parfaitement maîtrisée. Un hit, une découverte, et une grosse vingtaine de minutes de plaisir à cheval entre le Brutal Death de bac à sable et le Gore Grind de fin de table.
Il est certain qu’on se fout un peu que tout ça soit chanté en néerlandais natal, puisque de toute façon les paroles sont inintelligibles, mais le phrasé conjoint des deux hurleurs rend tout ça encore plus efficace, même si quelques interventions frisent le non-sens des SUBLIME CADAVERIC DECOMPOSITION.
Mais une simple écoute à l’entame de « Delletje Open Rug » vous suffira à piger que ces mecs sont largement plus finauds que le reste du monde Gore, et si vous ne trépignez pas avec insistance à l’écoute du hit improbable « De Kuttenklapper » à la basse slappée et la rythmique Funky chaloupée et déchainée, alors il ne reste pas grand-chose pour vous sauver du marasme dans lequel vous avez déjà plongé.
Hardcore impitoyable, à la cosaque (« Tony De Toper », ce batteur est décidément très attachant), Grind Death grave, gras et en plein fracas (« Cock And Shoulders »), délire épidermique comme une conne de mouche qui vous pique (« Ezeltje Prik », overdose de plans, de cris, de grognements, de rythmiques épuisantes et de riffs surpuissants, avec encore une fois quelques interludes Funky chic à la CinC), en gros, en détail, en substance, le type même d’album intelligent qui manie le calembour comme Freud l’analyse sexuelle un peu balourde.
Non sans déconner, je ne sais pas si vous allez manger des pâtes à midi, mais si c’est le cas, utilisez donc cette KAASSCHAAF, et n’hésitez pas à gratter la croûte pour devenir Obesitatas.
Pas forcément esthétique, mais nourrissant, et beaucoup plus digeste qu’il n’y paraît.
Oui, on peut jouer du Death barbare et servir un steak Grind tartare et être un minimum doué et éduqué. La preuve.
La Hollande. L’autre pays du gromelage.
Titres de l'album:
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