Ils viennent d’Australie et….
…c’est tout.
Voilà tout ce que je peux vous dire sur TERMINATED, qui n’a pas jugé bon de se faire une page Facebook ou un Bandcamp, et qui entretient le mystère sur sa date de formation, ses influences, ses origines et ses projets. Tout au plus au niveau factuel, nous savons que leur premier longue-durée est aujourd’hui disponible en autoproduction, et qu’il propose une sacrée dose de violence sèche à l’australienne. Aucun line-up, le groupe pourrait donc n’être qu’un one-man-band de plus à la GASLARM, mais pour autant, ne craignez pas une énième exaction misanthropique en mode lo-fi Black, puisqu’Obliterator s’épanouirait plus volontiers dans une sorte de Proto-Death/Thrash, mais toutefois, certains accents plus âpres permettent quand même de le relier au monde des ténèbres, notamment au niveau des voix, qui empruntent parfois le chemin des encapuchonnés les plus fidèles au malin.
Et sous cette pochette gentiment racoleuse se cache donc un premier effort encore un peu gauche, plein de bonnes intentions, mais n’ayant pas toujours les moyens de ses ambitions. On remarque immédiatement la boîte à rythmes, on note également une certaine routine au niveau des riffs saccadés, des mélodies en filigrane, et si les syncopes sont bien maîtrisées, le tout dégage un parfum de naïveté qui pourra séduire les nostalgiques des démos des années 2000.
Quelques samples viennent égayer le tout, quelques accélérations apportent de la densité et de la bestialité, et certains titres se détachent clairement du lot. Ainsi, l’aplatissant et vociférant « Dirty Mole » joue avec toutes les limites possibles pour proposer un éclair d’électricité qui parcourt l’échine, et montre un visage beaucoup plus séduisant, comme l’union improbable sous la lune entre le Death, le Thrash et le Black, prêts à danser une gigue un peu folle dans la forêt.
Le musicien caché derrière ce projet en a donc un peu sous le coude, et sait quand il le faut moduler son discours pour le rendre moins consensuel et plus sauvage. On est rassuré quant aux capacités, et si la production maison montre vite ses limites en grésillant à tout va en mode compilation de démos (« Cancel Culture »), les thèmes de société abordés et quelques soli inspirés excusent ces quelques faiblesses. Sympathique donc en tant qu’ensemble, avec des segments notables, Obliterator se veut donc témoignage des possibilités et envies d’un musicien austral, qui dans son coin prépare sa tambouille en prenant grand soin de varier les épices en fin de métrage.
Ainsi, la doublette « Suicidal Freedom (The Bloody End) » / « Blackened » et son quasi quart d’heure ininterrompu nous offre quelques digressions plus et moins personnelles, et surtout, des constructions plus évolutives qui témoignent d’une envie plus manifeste. Car malgré son titre passe-partout qui pourrait évoquer une composition personnelle, « Blackened » est bien LE morceau qui ouvrait le …And Justice For All de METALLICA, dans une version beaucoup plus brute qui trouve ici une seconde jeunesse bestiale, avec une gravité de ton de circonstance, et une fidélité à l’originale a peine déformée par un chant raclé et démoniaque.
L’album, émaillé de quelques samples joyeux s’écoute donc sans déplaisir, et offre un épilogue très en phase avec son époque, « Calamity Covid », hymne ludique qu’on imagine bien illustré d’images de cette superbe créature de pochette armée d’une winchester, et prête à en découdre avec la pandémie d’un coup de gun et d’une frappe de seins.
TERMINATED titille la curiosité, reste encore un peu sous la moyenne en terme de professionnalisme, mais se montre décidément très sympathique, et abordable.
Titres de l’album:
01. Introduction to Destruction
02. Obliterator
03. The Butcher of Belanglo
04. Barrels of Bodies
05. Dirty Mole
06. Cancel Culture
07. Suicidal Freedom (The Bloody End)
08. Blackened
09. A Taste of Your Own Medicine
10. Calamity Covid
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