Lorsqu’on s’adonne aux joies du Death Metal, et qu’on choisit le patronyme très connoté de LEPROSY, on s’expose évidemment à une attention particulière. Mais soyez tranquilles, puisque ces canadiens n’ont pas choisi ce nom pour répéter l’histoire déjà écrite par Chuck, ne versant pas dans le Death à tendance Gore de ce célèbre second LP qui aujourd’hui encore fait figure de référence. Non, à l’image de SADUS ou ATHEIST, LEPROSY surfe sur la vague séparant le Techno Thrash du Techno Death, et nous propose avec son premier LP un mélange fort intéressant, et en tout cas significatif d’un potentiel technique indéniable et d’une envie créative au-dessus de la moyenne. On retrouve cependant dans leur musique des traces patentes du DEATH des années 90, lorsque Chuck décidait de placer la technique au même niveau que la brutalité, mais pour autant, les originaires de Sherbrooke ne sont pas de simples imitateurs ou des suiveurs de bas étage. Leurs morceaux sont riches, plein d’idées, de plan efficaces et d’accélérations brutales, le tout sous couvert d’une approche sinon élitiste, du moins précieuse. Fondé en 2015, le quatuor a patiemment attendu son heure pour se révéler à la face du monde, osant un premier EP en 2017 (Mind Scan), avant de se replonger dans le travail pendant trois ans pour accoucher de ce futuriste Obnoxious Futuristic Vision. Archétype même de l’album terriblement bien pensé, ce premier effort s‘ancre de lui-même dans la mouvance nineties du Techno Death/Thrash, se rapprochant des premiers jets de MESHUGGAH, GORGUTS, sans en atteindre la violence. Et à dire vrai, en dehors de la voix très connotée du chanteur, l’instrumental évoque plus volontiers un Thrash très fin et élaboré, plus qu’un Death à la violence ouverte.
Débordant d’ambitions, le combo québécois fonce dans le tas dès l’ouverture de l’album, et met l’humilité de côté pour dévoiler sans gêne son potentiel. On sent dès « Metal Man » que les cousins maîtrisent leur sujet dans les moindres détails, et tout le potentiel d’Obnoxious Futuristic Vision est résumé en six minutes et quarante secondes. Riffs qui se succèdent à bonne vitesse, mélodie insérée au chausse-pied dans des plans rythmiquement imparables, tendance à faire appel au plus efficace du Thrash pour proposer des transitions fluides et accrocheuses, le cocktail est revigorant, et l’inspiration plurielle. On se prend donc au jeu dès les premières minutes, et LEPROSY trouve toujours les bons arguments pour nous convaincre de le suivre. Niveau production, le son paraît assez daté, semblant émaner de l’orée des années 90, avec cette batterie sonnant parfois un peu trop synthétique, mais les instruments bénéficient d’un mixage très aéré qui laisse une place conséquente à la basse, qui roule et n’amasse pas mousse en intro de « Cryonic ». La recette est connue, l’approche classique, mais tout fonctionne parfaitement, les rouages étant huilés avec précaution pour qu’aucun grain de sable ne vienne ralentir la machine. En optant pour des morceaux longs et développés, les québécois ont pris un risque assez dangereux, mais ils s’en sortent haut la main grâce à un talent de composition certain, qui leur permet de lier les plans avec facilité. « Back from the Dead » impose par exemple l’arythmie avant de se lâcher dans un accès de violence formalisé par des blasts fermes avant de repartir sur la voie d’un Techno-Death de première catégorie qui a très bien assimilé les enseignements d’un Thrash ambitieux.
Aussi intelligent qu’il n’est efficace, ce premier LP est un modèle du genre, combinant les aspirations du progressif et l’immédiateté d’un Metal sans compromission. Les soli, dissonants et modulés nous ramènent aux grandes heures de Fredrik Thordendal, les déviations jazzy en moins, tandis que le chant, sorte de talon d’Achille, reste sur un registre rauque et uniforme qui n’est pas sans rappeler les CEREBRAL FIX. Mais en quatre morceaux et vingt-cinq minutes de musique, le groupe plante son décor apocalyptique et dystopien, et nous entraîne dans ses histoires qui n’expirent pas l’espoir. Le spectre du PESTILENCE dominé par Patrick Mameli flotte aussi dans les couloirs de l’inspiration, même si les LEPROSY sont plus volontiers Thrash que Death, ce que « Mindscan » prouve de ses guitares plus posées et de son rythme plus régulier. En milieu d’album, le quatuor pose donc ses valises, temporise avec des titres plus concis, et offre une respiration bienvenue dans ce déluge de note et de plans rythmiques complexes. Ce qui ne signifie aucunement que la technique est remisée au placard, mais la puissance de « New Genetic Pattern » permet enfin de headbanguer plus de quelques secondes, avant que la machine ne se relance. Et elle se relance avec encore plus d’emphase via « Transplanting the Brain » qui ose enfin une exubérance plus marquée. Effets vocaux, thèmes plus imposants, ce morceau est parfait pour affronter la dernière partie d’une œuvre qui jusqu’à présent vise le sans-faute, avant que LEPROSY ne reprenne son schéma tactique avec plus de morgue.
Certains auront peut-être du mal avec ce côté clinique qui empêche certaines idées de vraiment nous transcender, mais tout le monde s’accordera du potentiel de musiciens qui n’ont pas privilégié le catéchisme au solfège. Et comme pour offrir à ce premier jet la conclusion qu’il mérite, les guitaristes se livrent alors à une joute en solo explosive sur « Virtual Life », passant en revue toutes les techniques de jeu pour nous dérouler un panorama d’anticipation digne d’un film sci-fi inventif. « Virtual Life » referme alors avec beaucoup d’énergie ce premier et surprenant LP, qui place les LEPROSY dans le peloton de tête des formations techniques old-school. Belle découverte donc, qui trouve un très juste équilibre entre le Death, le Thrash et le Heavy, le tout traité façon CORONER/ATHEIST/PESTILENCE, mais avec une touche personnelle indéniable.
Titres de l’album:
01. Metal Man
02. Cryonic
03. Back from the Dead
04. Born in Nuclear Waste
05. Mindscan
06. New Genetic Pattern
07. Transplanting the Brain
08. Travellers of the Time
09. Virtual Life
Il semblerait qu'ils aient modifié leur nom en "Leprosys".
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41