Après trois EP’s, les romains de RAKE-OFF se décident enfin à faire un effort, et nous offrent en 2022 leur premier longue-durée…qui ne passe pas la barre de la demi-heure. Mais considérant leur choix de Crossover, cette brièveté est justement une qualité, et permet de garder la violence dans un état de fraicheur notable, pas comme ces pizzas décongelées servies aux touristes un peu crédules. Formé en 2016, ce quintet s’est donc montré plutôt productif entre sa naissance et 2019, empilant trois formats moyens, avec In Twenty Sixteen, Feeding the Fake et Goin’ Mental parus à trois ans d’intervalle. Il a donc fallu deux ans aux italiens pour accoucher de leur première grande œuvre, et autant dire que cet Observing Madness méritait amplement d’être bichonné.
Enregistré à Rome, mixé et masterisé par Fabio Banfio et flanqué d’un superbe artwork signé Zeero, Observing Madness est l’archétype même de Crossover qui refuse le côté rigolard de l’affaire, et qui se montre aussi sérieux qu’un champion à une compète de skate. Ici, les figures imposées sont respectées, mais l’ambiance est académique, le ton grave, et la violence omniprésente, même si fluidifiée pour ne pas se rapprocher d’un Thrashcore trop vilain.
Valerio (basse), Mirko (batterie), Frank & Stefano (guitares), et Fabio « Banfio » (chant) se proposent donc de revisiter l’art du mélange Thrash/Hardcore des années 80 avec une vision très précise, celle de l’assombrissement des thèmes si chers à cette fusion née du côté de New-York et de la Californie. Et pour une fois qui n’est jamais coutume, ces italiens féroces montrent un visage plus fermé qu’à l’habitude pour se rapprocher des miraculeux EXCEL et LEEWAY, sans toutefois s’approcher de trop près du radicalisme des ENFORCED, mais en tournant le dos à l’esprit goguenard des GAMA BOMB. Ici, pas de galéjades, mais des hymnes Core qu’on reprend en chœur, et qui galvanisés par le chant sentencieux et le phrasé précis de Fabio prennent des allures de menaces jetées tout sauf en l’air.
Alors, évidemment, les morceaux sont courts, frappent fort, mais entre cette rythmique coulée et ces riffs heurtés, l’ambiance est surchauffée, et on prend ses distances avec le classicisme que certains respectent encore un peu trop. Vitesse modérée mais assise Metal augmentée, pour un passage en revue des années 90, lorsque le genre comprenait que ses tics Mosh le desservaient plus qu’autre chose. Alors, les RAKE-OFF restent sérieux comme des papes pendant leur discours d’intronisation, et nous proposent un menu de choix, à base de linéarité de surface mais de réelle profondeur de ton.
« The Glowing Descent » situe définitivement le contexte, et le reste n’a plus qu’à dérouler ses arguments sans faiblir. Beaucoup de breaks, de cassures, qui toutefois ne ralentissent pas la machine, et une vraie épaisseur lors de mid tempi assurés et fermement frappés, un professionnalisme acquis avec les années, et une belle confiance, qui permet aux musiciens d’afficher une morgue remarquable sur les titres les plus sombres, à l’image de ce « Evil From the Depths » qui rappelle clairement les options prises par les ENFORCED sur leur album éponyme que j’ai tant écouté. Une fois la méthode assimilée, pas de surprise, ni bonne ni mauvaise, si ce ne sont quelques détails notables, comme ce catchy « Trapped » au coulé en nœud coulant qui vous attache à la poutre du plafond, ou ce « Modern Slavery », Punk en diable, au riff plus joyeux et à l’ambiance Hardcore surchauffée.
Et comme les romains ne sont pas des ingrats, ils paient leur hommage aux rois incontestés du genre, nos bien-aimés ANTHRAX, via une reprise de leur early hit « Deathrider », jouée avec fougue et passion, et largement à la hauteur de l’original. Une sacrée bonne surprise donc que ce premier album, pour une affaire italienne qui pourrait avoir été fomentée à San Francisco, Venice ou NYC.
Titres de l’album:
01. The Glowing Descent
02. To Live in Fear
03. Killing Machine
04. Evil From the Depths
05. Living Paradox
06. Push Me Down
07. Eternal Curse
08. Trapped
09. Modern Slavery
10. Deathrider
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