Des pistes qui oscillent entre six et douze minutes, plusieurs choix possibles : Progressif, Post-Hardcore, ou Doom. C’est cette troisième option que nous proposent les américains de CHAINED TO THE BOTTOM OF THE OCEAN, de leur nom interminable. Enchaîné au fond de l’océan ? Voilà qui promet des moments de solitude rares, une asphyxie généralisée, et un petit détour par les tréfonds les plus sombres de l’âme humaine.
CHAINED TO THE BOTTOM OF THE OCEAN est tout sauf un orchestre sorti de nulle part, ou des bas-fonds de l’Atlantide. Depuis 2017, le combo de Springfield, Massachusetts, nous assomme de ses sorties en format long, court, live ou EP. Et après avoir acquis un cult following conséquent, le groupe revient sur le devant de la scène avec un effort pour le moins passionnant et intriguant. Et pour cause, puisqu’il s’autorise une embardée loin de l’heure de jeu, ce qui, même symptomatique du genre, n’en est pas moins une durée rédhibitoire.
Six ans après l’estimé Decay and Other Hopes Against Progress, nous sommes donc gratifiés d’un second chapitre, encore plus conséquent, mais aussi plus lourd, plus emphatique, plus macabre et sombre qu’une messe noire célébrée par les mecs de PENTAGRAM. Dans un registre de Doom/Sludge sale come les fonds de culotte du jeune Kirk Windstein, Obsession Destruction tente de mériter son titre à chaque impulsion, ce qu’il parvient à faire sans effort, ou presque. Maladif comme un cancéreux en phase terminale alité dans un hôpital décrépi, tendu comme un lance-pierre avant le choc frontal, ce second longue-durée est un modèle du genre, de ceux que les accros au style s’injecteront en intraveineuse avec une aiguille déjà trop fatiguée par des drogués.
Tout ou presque est dit et contenu dans l’entame homérique « The Altar ». Sans savoir à quoi a bien pu servir cet autel dont on nous parle, on l’imagine volontiers au fond d’une caverne aux parois suintantes et garnies de graffitis tous plus obscurs les uns que les autres. Le rythme est évidemment martial, la procession évolutive, et le motif développé unique, pendant dix minutes, comme l’exigent les canons sacrés. Mais le son, gigantesque, l’envie, énorme, et la progression, subtile, nous entrainent vers l’excellence, dans un créneau qui ne supporte que très peu les itérations stériles et gratuites.
Une fois les dix minutes passées, le système nerveux est habitué aux attaques et autres parasites, et l’écoute de « Summer Comes to Multiply » en est même facile. Du moins pour ceux rompus à l’exercice, qui se repaîtront de ces à-coups rythmiques d’intro et de cette atmosphère toujours aussi putride et confinée. Les CHAINED TO THE BOTTOM OF THE OCEAN ne sont pas là pour séduire avec des œillades faciles, ni pour nous emporter dans la beauté du grand bleu, mais bien pour nous faire souffrir le cul vissé dans les profondeurs d’un océan de tristesse et de chagrin. Alors, une fois la tête sous l’eau, n’espérez pas une main tendue en cas de panique : ces mecs-là n’ont aucune empathie et vous appuieront dessus pour vous faire couler plus vite.
En gros et même en détail si on le souhaite, Obsession Destruction pourrait ressembler à THOU joué par des admirateurs de NEUROSIS. Ou a du PRIMITIVE MAN plus sournois et malin, entre deux eaux, mais les intentions toutes aussi néfastes.
N’attendez pas non plus d’accalmie ou d’allégement du sujet. Même les inserts plus courts sont méchants, vilains, laids comme un lundi matin, quoi que subtilement plus actifs. Le centre de l’album leur est consacré, et si le timing stoppe à des limites plus raisonnables, l’ignominie ne cède pas un pouce de terrain. On subit donc cette énorme basse qui éclate les tympans, cette guitare monolithique et évasive obsédée par les riffs les plus létaux, cette batterie enclume qui claque encore plus fort qu’un père indigne son bambin, et ce chant éraillé qui éructe ses horreurs sans avoir peur de l’extinction de voix.
En refusant de marquer le pas, et en gardant le plus conséquent pour la fin de l’aventure, les américains jouent la meilleure carte qui soit. On évite le ventre mou, et on se raccroche aux branches, en espérant tenir jusqu’au bout. Pourtant, « The Chalice » nous pourrit la vie de con côté Thrash/Noise improbable, nous préparant avec sadisme aux deux décharges les plus longues du disque.
Et le parcours du combattant se poursuit avec le tribal et NEUROSIS « Ten Thousand Years of Unending Failure », célébration de l’échec et des erreurs en tout genre. Puis « Every Day a Weeping Curse » sort les mouchoirs pleins de sang pour qu’on s’éponge le front, tandis que le cœur bat la chamade en envisageant la porte de sortie qu’est « In the Feral Grace of Night, May the Last Breath Never Come ».
Cet épilogue est évidemment la conclusion idéale à un album maladif, qui tousse sans discontinuer et crache de gros glaviots à la face du bon goût. Aucune altération par hybridation, du Doom/Sludge de première catégorie, comme un trip ultime vers les cités oubliées et autres épaves des fonds marins, là où l’homme ne se rend que pour y trouver ultime demeure.
On charrie pas mal de saloperies avec ce gros filet, mais le triage en vaut la peine. Les corps s’amoncèlent au milieu des détritus métalliques, et les plaques d’immatriculation dégueulées par les requins proviennent toutes du Massachusetts. Coïncidence ? Je ne crois pas.
Titres de l’album:
01. The Altar
02. Summer Comes to Multiply
03. Hole in My Head
04. The Gates Have Closed and They Will Never Open
05. The Chalice
06. Ten Thousand Years of Unending Failure
07. Every Day a Weeping Curse
08. In the Feral Grace of Night, May the Last Breath Never Come
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